Agressions homophobes : le rassemblement du 10 avril

Agressés à Paris, dans le 19e arrondissement, Wilfred et Olivier ont porté plainte contre X. Les plaintes ont été déposées lundi 8 avril. La présidente de SOS Homophobie Elisabeth Ronzier assure que le caractère homophobe de l'agression est évident. L’association a d’ailleurs fait une liste des actes homophobes les plus récents. "Après la semaine Sainte, la semaine des violences homophobes", indique l’association qui cite :

- Mercredi 3 avril, des visuels du GUD font la promotion des violences physiques à l’encontre des personnes LGBT (lesbiennes, gay, bi et trans) ;
- Jeudi 4 avril, la sénatrice Chantal Jouanno est chahutée à son propre domicile.
- Vendredi, un débat auquel devait participer le député Erwann Binet est annulé en raison des menaces pesant sur sa sécurité ;
- Samedi, le véhicule de la sénatrice Esther Benbassa est dégradé ;
- Samedi, un couple de gays est physiquement et violemment agressé dans les rues de Paris ;
- Dimanche, l’espace des Blancs-manteaux à Paris où se tient le Printemps des associations organisé par l’Inter-LGBT est vandalisé, recouvert d’affiches du collectif "Manif pour tous" ;
- Lundi, un débat auquel devait participer le député Erwann Binet est également annulé pour les mêmes raisons.

SOS Homophobie s’alarme

"Et il ne s’agit ici, que d’une liste des événements médiatisés. Combien de victimes anonymes ont pu être la cible de violences homophobes toute cette semaine ? Beaucoup trop. Plus de 60 témoignages reçus par SOS homophobie cette dernière semaine, ce qui laisse présager un nombre bien plus important d’actes homophobes pratiqués", explique l’association. "Alors que depuis des mois les opposant-e-s au projet de loi invoquent une absence fantasmée de débats, voilà qu’ils sont empêchés. Alors que depuis des mois les opposant-e-s au projet de loi se déchargent de toute homophobie, voilà que des visuels fleurissent invitant aux agressions physiques à l’encontre des personnes LGBT. Alors que depuis des mois les opposant-e-s au projet de loi se déchargent de toute violence, voilà que plusieurs agressions physiques très violentes ont lieu en plein cœur de Paris et certainement ailleurs.  Alors que les opposant-e-s au projet de loi n’hésitent pas à outrepasser les règles qui leur sont posées comme à tout-e citoyen-ne (…) on est en droit de se demander quel ordre sociétal est ici revendiqué ? Un ordre qui permet de s’affranchir de toute règle selon son bon vouloir ? Un ordre qui autorise les violences et le bâillonnement du débat ?"

Communiqué de Bertrand Delanoë

"J’apprends avec colère et tristesse la brutale agression à caractère homophobe dont ont été victimes deux Parisiens dans la nuit de samedi à dimanche. Le déchaînement de violence qu’a subi ce couple au seul motif qu’il se tenait par la main est profondément inquiétant et parfaitement inqualifiable", indique le maire de Paris dans un communiqué (8 avril). "Je souhaite que toute la lumière soit faite sur cet acte lâche et barbare, et que les auteurs soient rapidement interpellés et condamnés. Après les dégradations perpétrées à l’Espace des Blancs Manteaux à l’occasion de la 14ème édition du Printemps des associations LGBT, cette agression signe une montée inquiétante de la violence contre les homosexuels. Je déplore le contexte d’homophobie latente qui s’exprime à Paris et en France en marge des débats sur le Mariage pour tous. En condamnant avec la plus grande fermeté tous les témoignages de haine et de violence adressés ces derniers jours aux homosexuels, je forme le vœu que le débat sur le mariage pour tous s’inscrive dans le respect le plus absolu de la dignité et de l’intégrité de chacun".

D’autres réactions

Maire (PS) du 19ème arrondissement, François Dagnaud a également réagi. "Je condamne avec force l’agression homophobe dont ont été victimes deux jeunes Parisiens avenue Jean Jaurès dans la nuit de samedi à dimanche. La police procède actuellement à une enquête qui permettra d’établir précisément les faits et d’identifier, je l’espère, les coupables. Mais l’indignation ne suffit pas. Cette agression s’inscrit dans un contexte marqué par une violence homophobe de moins en moins dissimulée dans la radicalisation des initiatives et prises de paroles des opposants au mariage pour tous et de leurs soutiens. C’est pourquoi je demande que, en lien avec les associations engagées, la Préfecture de Police redouble de vigilance et rende public de manière régulière le nombre d’actes homophobes commis sur notre territoire, afin que nous disposions d’un "Observatoire public des actes homophobes", permettant d’évaluer l’ampleur du phénomène et ses évolutions". Adjoint au maire de Paris (propreté), Mao Péninou avance que cette "insupportable agression homophobe (…) s'inscrit dans un climat de guerre aux homos conforté par une droite irresponsable. Ce week-end a été terrible : Erwan Binet, Chantal Jouano, Esther Benbassa et l'inter LGBT en ont été victimes. Mais à coté combien d'insultes, d’agressions physiques et morales dans les collèges, les lycées, les entreprises, les quartiers ? Maintenant ça suffit ! Les responsables de la Droite Républicaine doivent mettre fin à cette libération de l'homophobie dont ils sont les premiers responsables. Et vite !"