CROI 2013 : quels axes forts pour la recherche VIH et hépatites ?

Publié par Renaud Persiaux le 01.03.2013
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ConférencesCroi 2013

Comme chaque année, nos envoyés spéciaux couvriront la CROI (conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes), la plus importante conférence scientifique et médicale sur le VIH, qui a lieu à Atlanta du 3 au 6 mars 2013. Cette année, Emmanuel Trenado, secrétaire général de Coalition PLUS, Bruno Spire, chercheur en sciences sociales (Inserm) et  président de AIDES, Marie Suzan, chercheuse en santé publique (Inserm) et administratrice de AIDES, et Renaud Persiaux, chargé du plaidoyer santé à AIDES, couvriront cet événement scientifique.

Premier axe fort, les hépatites virales

Parmi les résultats très attendus, ceux des essais Télaprévih et Boceprévih, deux essais importants de l’Agence française de lutte contre le sida et les hépatites (ANRS) qui ont évalué l’efficacité et les effets indésirables de ces nouveaux traitements anti-VHC, chez des personnes co-infectées par le VIH qui n’avaient pas répondu à la bithérapie (interféron + ribavirine). Seront présentés de nombreux autres résultats de médicaments anti-VHC expérimentaux, dont le siméprévir et le ABT-450, ainsi que des données d’interactions du faldaprévir avec des médicaments anti-VIH . Et les résultats prometteurs, chez des personnes uniquement infectées par le VHC, de la prometteuse combinaison : sofosbuvir + ledipasvir (ce dernier étant jusqu’alors connu sous le code GS-5885), associée à la ribavirine dans cet essai. Combinaison que la firme fabricante développe sous forme d’un comprimé "deux-en-un", mais qui n’est pour l’heure pas évaluée chez les personnes co-infectées par le VIH et le VHC.

Les recherches sur la guérison du VIH

Deuxième axe fort, les recherches sur la guérison du VIH. Sont attendues de nouvelles données sur un médicament anticancéreux, le vorinostat, qui avait créé l’événement à la CROI 2012, en se révélant capable d’activer les réservoirs du VIH, principaux obstacles à la guérison. On aura les résultats de l’effet de doses multiples. Egalement au programme beaucoup de recherches sur les vaccins thérapeutiques ainsi que sur la thérapie génique. Du côté des molécules anti-VIH plus classiques, sont notamment attendus les résultats sur une nouvelle version du ténofovir, qui serait aussi efficace à des doses dix fois plus faibles, et donc beaucoup moins toxiques, sur le TAF (ténofovir alafénamide) ainsi que sur le cénicriviroc, un médicament anti-VIH expérimental ciblant les co-récepteurs CCR5, ainsi que les co-récepteurs CCR2, ce qui pourrait lui conférer un rôle anti-inflammatoire.

Prep : les résultats de VOICE

Troisième axe fort, la Prep, ou prise d’ARV par des séronégatifs dans un but préventif. On attend les résultats de l’important essai VOICE, qui a évalué l’efficacité préventive du ténofovir seul, de Truvada, et d’un gel de ténofovir, chez 5000 femmes en Ouganda, en Afrique du Sud et au Zimbabwe. On aura aussi les premiers résultats du suivi de l’essai Iprex, le premier essai de Prep, publié en novembre 2010, qui avait évalué l’efficacité de la prise quotidienne de Truvada chez 2500 hommes ayant des rapports avec d’autres hommes. D’autres résultats bien plus préliminaires - chez le singe - sont attendus, avec des formulations de longue durée (un mois) d’antirétroviraux injectables et un anneau diffusant des médicaments anti-VIH qui se place dans le vagin.

Viellissement et troubles associés à l'infection à VIH

Enfin, des résultats d’essais sont attendus sur les troubles associés à l’infection à VIH, les troubles neuro-cognitifs (concentration, mémoire…), les troubles cardio-vasculaires et le rôle des statines chez les personnes vivant avec le VIH, et de manière plus général le vieillissement. Et aussi un symposium sur l’influence de notre flore intestinale (les bactéries du tube digestif) sur la santé. On aura notamment un état des recherches sur des essais de restauration de la barrière intestinale endommagée par le VIH pour empêcher le passage de fragments bactériens dans la circulation sanguine qui contribuerait à l’épuisement du système immunitaire, et pourrait jouer un rôle dans l’absence de remontée des CD4 chez environ la moitié des personnes vivant avec le VIH pourtant traitées efficacement.

Un programme riche à suivre la semaine prochaine sur Seronet.

Le programme de la conférence est téléchargeable ici.