Echanges de seringues : le CNS vise la prison

Publié par jfl-seronet le 16.09.2009
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programme d’échange de seringuematériel d’injectionhépatite C
Le Conseil national du sida (CNS) a le sens du timing. En effet, il profite du fait que le projet de loi pénitentiaire débarque pour examen à l'Assemblée nationale (le 15 septembre) pour demander, une nouvelle fois, "l'expérimentation des programmes d'échange de seringues au sein des établissements pénitentiaires".
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Comme le rappelle le CNS, dans un communiqué de presse (11 septembre), depuis 1994, la loi indique clairement que "la qualité, la permanence et la continuité des soins sont garanties aux personnes détenues dans des conditions équivalentes à celles dispensées à l'ensemble des personnes accueillies dans les établissements de santé publics ou privés". Comme les programmes d'échange de seringues sont légaux en milieu ouvert, on doit pouvoir en faire en milieu fermé (les prisons) or ce n'est pas le cas. L'administration pénitentiaire s'y refuse. Le CNS constate donc que les personnes usagères de drogues injectables incarcérées "ne bénéficient d’aucun accès au matériel stérile d’injection et les programmes d’échange de seringues sont absents de tous les établissements pénitentiaires français."

"L’absence de ces programmes dans les établissements pénitentiaires est extrêmement dommageable, souligne le CNS. Des substances psychoactives injectables (….) circulent au sein des lieux de détention. L’usage de ces produits, par voie intraveineuse, demeure une pratique dangereuse, notamment au regard du risque de transmission des maladies infectieuses au sein d’une population carcérale dont la prévalence du VIH est deux à quatre fois supérieure à celle de la population générale et la prévalence du VHC cinq à huit fois supérieure."

Pourtant face à cette situation d'urgence (largement reconnue à l'étranger),  les pouvoirs publics jouent la montre. "Les pouvoirs publics se refusent aujourd'hui à toute décision relative aux programmes d’échange de seringues dans l’attente de la publication de chiffres sur la prévalence des maladies infectieuses dans les lieux de détention (enquête PREVACAR), dénonce le Conseil national du sida. Or, les résultats de cette enquête ne seront pas connus avant 2011 et les données seront partielles, l’enquête ne permettant pas d’appréhender la proportion d’usagers de drogues en prison ni les cas avérés de transmission par l’échange de seringues. " Du coup, le CNS souhaite que des programmes d’échange de seringues soient mis en œuvre dès aujourd’hui et de façon progressive. "Les impératifs légitimes de sécurité au sein des établissements pénitentiaires et la pénalisation de l'usage des produits stupéfiants ne doivent pas constituer des obstacles à l’expérimentation des outils les plus efficaces de la réduction des risques. La peine d’emprisonnement demeure une peine de privation de liberté, non pas de privation de soins et de prévention. En milieu carcéral, la réduction des risques doit être pleinement mise en œuvre conformément au Code de la santé publique."
Plus d'infos sur http://www.cns.sante.fr/

Photo : Nicolas Ducret