Hépatite E : c’est confirmé, la ribavirine est un traitement efficace

Publié par Renaud Persiaux le 03.04.2014
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ThérapeutiqueVHEHépatite E

Jusqu’à présent, aucun traitement n’était établi contre l’hépatite E chronique. Généralement considérée comme une maladie des pays du Sud, l’hépatite E est une maladie émergente en France, avec plusieurs cas notifiés chaque année. Dans une étude française, la ribavirine, utilisée seule pendant 3 mois, a permis de guérir la majorité (77 %) des personnes.

Le virus de l’hépatite E (VHE) est la première cause d’hépatite virale dans le monde et on estime que le tiers de la population mondiale est à risque de s’infecter. Si la majorité des cas survient dans les pays en développement, le nombre de cas rapportés en France et dans les autres pays industrialisés augmente.

Généralement, on s’infecte en consommant des aliments contaminés insuffisamment cuits (des cas ont été rapportés avec le figatellu corse, une saucisse fraîche ou sèche de viande et foie de porc), mais aussi par la proximité avec des animaux hôtes du virus (cochons de compagnie par exemple). La transmission sanguine est également possible.

Dans sa forme aiguë, l’hépatite E peut être mortelle chez les personnes âgées, les femmes enceintes et chez les personnes malades du foie. Généralement, l’hépatite E ne devient pas chronique, sauf chez les personnes immunodéprimées chez qui elle peut évoluer vers une hépatite chronique et entraîner une cirrhose. Il s’agit notamment des personnes vivant avec le VIH, des personnes greffées prenant des immunosuppresseurs pour éviter le rejet du greffon, des personnes sous chimiothérapie.

La ribavirine est utilisée depuis longtemps dans le traitement de l’hépatite C – c’est contre cette maladie qu’elle a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) –, mais son efficacité contre l’hépatite E n’est pas établie.

Elle avait cependant précédemment été "fortement suggérée" chez 8 personnes immunodéprimées par des études de Vincent Mallet (CHU Cochin, Paris) et Nassim Kamar (CHU Rangueil, Toulouse).

Déjà une cinquantaine de personnes guéries

Cette nouvelle étude, publiée le 20 mars dans une prestigieuse revue médicale, "The New England Journal of Medicine", par une équipe française dirigée par Vincent Mallet et Stanislas Pol (CHU Cochin), porte sur 59 personnes greffées suivies dans 13 centres de transplantation. La dose utilisée était en médiane de 600 mg/jour, mais pouvait aller jusqu’à 1 200 mg/jour, pendant une durée de 3 mois.

Quels sont les résultats ? Chez 77 % des personnes traitées (46 personne sur 59), le VHE est resté indétectable 6 mois après l’arrêt du traitement — ce qu’on considère, dans l’hépatite C, comme une guérison. Cependant, les médecins-chercheurs pensent qu’une durée plus longue de traitement serait préférable chez deux catégories des personnes : les patients fortement immunodéprimés et les personnes dont le virus restait détectable dans le sang après un mois de traitement. "Les patients rechuteurs [personnes dont le virus est réapparu après l’arrêt du traitement] ont été retraités 6 mois et certains ont répondu", précise Vincent Mallet.

Le seul effet indésirable identifié et prévisible de la ribavirine était l’anémie, "qui a été gérée sans difficulté chez la plupart des patients", selon les médecins-chercheurs. Rappelons que dans le cadre de l’hépatite C, c’est surtout cumulée avec l’interféron et plus encore avec les antiprotéases de première génération (Victrelis, Incivo) que l’anémie devient très sévère.

Vincent Mallet espère que ces résultats "ouvriront une porte vers d’autres études prospectives dessinées pour évaluer l’efficacité de la ribavirine dans le cas de formes graves d’infection par le virus de l’hépatite E, notamment dans les pays du Sud".

Lire le communiqué de presse de l’INSERM.
Accéder à l’étude en anglais.