Inégalités de santé : l’Ile-de-France creuse les écarts

Publié par jfl-seronet le 26.01.2011
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On entend souvent parler des inégalités de santé, une récente étude de l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France nous démontre qu’elles existent bel et bien, hélas. Mortalité infantile, décès dus au cancer du poumon, maladies cardio-vasculaires, VIH/sida et hépatite C, taux de suicides, etc. Tout est passé au crible. Constat alarmant, ces dernières s'accentuent en Ile-de-France. Explications.
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Le 21 janvier dernier, le journal Le Parisien titre : "En Ile-de-France, les inégalités en matière de santé se creusent". Le quotidien a eu en mains une étude de l'Agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS) sur l'espérance de vie et l'accès aux services de soins dans la région. L’étude ne mâche pas ses mots : espérance de vie et accès aux soins sont "de plus en plus inégalitaires." "Vous résidez dans les Hauts de Seine ? Vous avez toutes les chances de vivre deux ans de plus que vos voisins franciliens de Seine-Saint-Denis. Ces derniers subissent un taux de mortalité infantile (enfants décédés avant l’âge de 1 an) dramatiquement élevé. Dans l’Essonne, on compte cinq fois plus de suicides que dans le Val-de Marne", explique le journal.
D'après ce document, "de profondes inégalités entre le nord et le sud d'une ligne virtuelle tracée entre le nord-ouest et le sud-est" de l'Ile-de-France existent, même si "globalement les 11 millions de Franciliens sont en bonne santé", indique Le Parisien. Pour faire simple, disons qu’au sud de cette ligne, l'accès aux services de santé est satisfaisant, au nord, la situation est préoccupante. Interviewé par Le Parisien, le directeur général de l’ARS, Claude Evin explique : "Nous sommes d'autant plus inquiets que certaines inégalités de santé, directement liées au niveau social, ont progressé (…) Le  niveau de revenu, les conditions de logement, la scolarisation influent directement sur la santé."

En matière d’espérance de vie, l’étude de l’ARS indique que la Seine-et-Marne est la lanterne rouge des départements de la région Ile-de-France dans ce domaine… pour les hommes. Elle est de 77,4 ans contre près de 80 ans (79,9 ans) dans les Hauts-de-Seine, qui est en tête du peloton. Autre département où l'espérance de vie est en dessous de la moyenne régionale (78 ans) : la Seine-Saint-Denis avec 77,9 ans. Le Val-d'Oise (78,4 ans), le Val-de-Marne (78,9), l'Essonne (79,1), Paris (79,6) et les Yvelines (79,7) se situent au-dessus de la moyenne régionale, d'après l'étude. Concernant la mortalité par maladies cardio-vasculaires chez les hommes, la Seine-et-Marne se place en tête avec 173,4 cas pour 100 000 personnes, devant l'Essonne (149,3 pour 100 000) et les Yvelines (147,1). Comme l’avance Claude Evin, un lien peut être fait entre inégalités de santé et inégalités sociales, ainsi, note Le Parisien : "La santé sociale s’est "nettement dégradée" en dix ans, du fait de l’envolée des bénéficiaires de minima sociaux, des décisions d’expulsion ou du bond des surendettés. En Seine-Saint-Denis, un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Le revenu minimum des 10% les plus riches, lui, est désormais sept fois supérieur au revenu maximum des 10% les plus démunis."

L’étude de l’ARS a aussi essayé de comprendre quelles étaient les inégalités face au VIH/sida et à l’hépatite C. "L’Ile-de-France concentre près de la moitié des nouveaux diagnostics de séropositivité VIH enregistrés chaque année en métropole. Le nombre annuel de découvertes de séropositivité rapporté à la population y est 2,6 fois supérieur à celui observé sur la métropole (en 2009, 26,3 pour 100 000 habitants contre 10,3), note l’étude. Au sein de la région, les départements franciliens présentent, en grande majorité, des taux de découvertes de séropositivité supérieurs à la moyenne nationale, mais l’épidémie les touche de façon inégale : le nombre de nouveaux diagnostics de séropositivité pour 100 000 habitants varie, en 2008, entre 8,0 dans les Yvelines et 58,8 à Paris. La Seine-Saint-Denis est le deuxième département le plus affecté (35,3). "Les homosexuels sont particulièrement touchés avec un nombre de découvertes de séropositivité qui est resté quasiment stable. Leur part dans l’ensemble des nouveaux cas de VIH a augmenté, passant de 22 % en 2003 à 34 % en 2006. Chez les personnes consommatrices de drogues par injection, la politique de réduction des risques a eu un effet concernant le VIH (nette baisse des contaminations), mais elle n’a pas permis de freiner l’épidémie d’hépatite C. "Le partage encore fréquent du petit matériel servant à l’injection et la réutilisation des seringues dans des pratiques de consommation en groupe sont les causes d’une prévalence régionale du VHC encore extrêmement élevée chez les usagers injecteurs, qui atteignait 76 % en 2004. Cette problématique est particulièrement sensible parmi les personnes emprisonnées en Ile-de-France."

Autre critère de développement des inégalités de santé : le fait d’être étranger. Une enquête (INSEE de 2002/2003) indiquait que les personnes d’origine étrangère vivant en France se déclarent en moins bon état de santé que les Français nés en France. "Au-delà de l’état de santé perçu, on retrouve une concentration de certaines pathologies chez les personnes étrangères. Ainsi par exemple, même si elle a diminué ces dernières années, la proportion de migrants parmi les découvertes de séropositivité au VIH atteignait 48 % en 2008. En Ile-de-France, ce sont essentiellement les migrants originaires d’Afrique subsaharienne qui sont concernés, représentant 50 % des découvertes de séropositivité VIH, dont près de 60 % de femmes. De même, l’Ile-de-France est la région de France métropolitaine la plus touchée par la tuberculose et le phénomène concerne principalement des étrangers originaires de pays à forte prévalence (d’Afrique subsaharienne notamment) et des personnes vivant dans des lieux surpeuplés et/ou insalubres. Le nombre de nouveaux cas déclarés en 2006 était de 1 970, soit une incidence deux fois supérieure à la moyenne métropolitaine (17,1 pour 100 000 habitants contre 8,5)." "Au-delà des expositions particulières qui leur sont liées, la pauvreté et la précarité ont également un impact sur l’accès aux soins, note l’étude de l’ARS. Cette réalité s’illustre notamment autour de l’accès aux soins des personnes bénéficiaires de l’Aide médicale d’état, dont 75 % résident en Ile-de-France.


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