L’homophobie rafle tous les suffrages au Cameroun

Publié par Mathieu Brancourt le 27.09.2011
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homophobie
Le Cameroun s’en prend à des présumés gays, arrêtés arbitrairement depuis juillet. Des militants d’association de lutte contre le sida, lors d’actions de terrain, en ont également fait les frais. Face à une législation répressive vis-à-vis de l’homosexualité et la recrudescence de ces événements, le collectif Africagay (1) lance un appel à l’Etat camerounais, pour que stoppent ces arrestations, aux effets délétères dans la lutte contre le VIH.
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On le sait. La répression que peuvent subir les communautés homosexuelles dans certains pays d’Afrique les rend particulièrement vulnérables face à l’épidémie de VIH. Des études récentes montrent que les homosexuels sont jusqu’à vingt-cinq fois plus exposés que la population générale au VIH. Aussi, la quasi-totalité des pays siégeant à l’ONU ont reconnu, en juin dernier, qu’une lutte efficace contre l’épidémie dans le monde, passait par la reconnaissance des droits des minorités sexuelles et un changement dans les législations stigmatisant l’orientation sexuelle.
Pourtant, le Cameroun est le théâtre d’arrestations visant des personnes considérées (ou présumées !) comme gay, mais aussi des militants de la lutte contre le sida, accusés de "promouvoir" l’homosexualité. Sans surprise, la législation camerounaise sanctionne pénalement les relations homosexuelles, passibles de six mois à cinq ans d’emprisonnement. Pire, le gouvernement prévoit de renforcer cette loi homophobe, participant ainsi à un climat de haine vis-à-vis des gays. Récemment, l’Ouganda a été également pris en flagrant délit d’homophobie d’Etat. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santé exhorte, depuis une directive de juin dernier, les pays à "établir des lois antidiscriminatoires et protectrices, afin d’éliminer la violence vis-à-vis des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes transgenre et réduire leur vulnérabilité  à l’infection VIH".
Comble du cynisme, après s’être engagé dans la lutte contre les discriminations auprès des populations vulnérables, l’Etat camerounais a reçu de gros financements de la part du Fonds mondial de lutte contre le sida. Pourtant, depuis juillet, une dizaine de personnes a été arrêtée, dont six d’entres elles se trouvent encore dans les prisons camerounaises. Dans leur communiqué de presse du 13 septembre, le collectif Africagay contre le sida s’insurge devant cette situation et demande le respect des traités internationaux concernant les droits humains fondamentaux. Pour que l’intolérance ne vienne pas nuire à l’objectif de la santé et du développement sur le continent africain.
(1) : Africagay est un collectif d’associations luttant contre les discriminations et l’épidémie de VIH/sida