La bataille contre l'hépatite B peut être gagnée d'ici 10 à 20 ans

Publié par jfl-seronet le 30.03.2015
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La bataille contre l'hépatite B, qui tue 650 000 personnes par an dans le monde, peut être gagnée d'ici 10 à 20 ans, a affirmé (12 mars) l'Organisation mondiale de la santé (OMS)  qui recommande d'accroître le dépistage et l'accès aux traitements. Explications.

"Il faudra 10 à 20 ans pour que nous puissions espérer éliminer l'hépatite B", a déclaré le Dr Gottfried Hirnschall, directeur du département VIH/sida à l’OMS, à l’occasion de la publication des premières lignes directrices sur le traitement de l’hépatite B. 240 millions de personnes vivent avec une infection chronique de l'hépatite B. Le VHB touche surtout les personnes dans les pays à revenus faibles et moyens, notamment en Afrique de l'Ouest (prévalence de plus de 8 %) et en Asie de l'Est (prévalence entre 5 à 8 %), où elle se transmet généralement à la naissance. Dans les pays plus riches (la prévalence est inférieure à 2 %), la transmission sexuelle et l'utilisation d'aiguilles contaminées sont les principales voies de contamination. Un vaccin jugé très efficace contre cette maladie est disponible et il existe plusieurs traitements pour faire baisser la charge virale et éviter la progression de la fibrose vers la cirrhose voire le cancer du foie.

Pour autant, 650 000 personnes meurent encore chaque année des suites de l’hépatite B chronique. Beaucoup des personnes infectées ignorent qu’elles vivent avec le VHB. Lors de cette présentation, le chef du Programme mondial contre l'hépatite à l'OMS, Stefan Wiktor a pointé le nombre insuffisants de laboratoires capables de faire les tests de dépistages ou encore les difficultés d'accès aux traitements. "Nous disposons des instruments (...). Nous avons juste besoin d'agir", a-t-il dit.

Les 4 principales recommandations

- L’utilisation de quelques tests simples, non invasifs, pour évaluer le stade de l’affection hépatique afin d’aider à identifier ceux qui ont besoin d’être traités

- La priorité du traitement pour ceux qui ont une cirrhose, le stade le plus avancé de l’affection hépatique

- L’utilisation de deux médicaments sûrs et très efficaces, le ténofovir ou l’entécavir, pour le traitement de l’hépatite B chronique

- Le contrôle régulier par des tests simples pour le dépistage précoce du cancer du foie, pour évaluer si le traitement marche et s’il peut être arrêté

Les besoins spécifiques de certains groupes, comme les sujets co-infectés avec le VIH, les enfants et les adolescents, les femmes enceintes, doivent également être pris en compte.

Des traitements accessibles

L'OMS recommande donc l'utilisation de deux médicaments sûrs et très efficaces, le ténofovir (Viread) ou l'entécavir (Baraclude), pour le traitement de la maladie. Ces deux médicaments, qui doivent être souvent pris toute la vie, sont déjà disponibles dans de nombreux pays sous forme de médicaments génériques et ils sont relativement peu coûteux, parfois pas plus de 5 dollars par personne et par mois, selon l'OMS. L’organisme international précise d’ailleurs que le ténofovir et l’entécavir sont les médicaments recommandés de préférence dans les lignes directrices car ils s’accompagnent d’un risque très faible de développement de résistances, sont faciles à prendre, sous la forme d’un comprimé par jour, et ont peu d’effets indésirables. Tous deux sont disponibles sous forme de médicaments génériques et le ténofovir est également utilisé dans le traitement du VIH.

L'Organisation mondiale de la Santé recommande aussi un contrôle régulier des personnes vivant avec une hépatite B chronique active pour évaluer si le traitement marche et pour le dépistage précoce du cancer du foie. Les experts appellent aussi à traiter en priorité les personnes qui sont à un stade de cirrhose. L'OMS souligne aussi l'importance de la prévention et recommande de vacciner tous les enfants contre l'hépatite B, en administrant la première dose à la naissance. Moins de 50 % des nouveaux nés bénéficient de cette première dose actuellement, alors qu’elle prévient l’infection.