La PMA pour toutes : cheval de bataille de la 40e Marche des fiertés

Publié par Thomas Legrand le 28.06.2017
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InitiativePMAMarche des fiertés 2017

Ce 24 juin 2017 a eu lieu la 40e Marche des fiertés parisienne. Quatre décennies à défendre des valeurs d’égalité, de respect et de tolérance. Quatre décennies à lutter pour obtenir des droits. Quatre décennies à tenter de rendre visible une cause, celle de la lutte pour les droits des LGBTI. Un anniversaire largement fêté dans la capitale. Seronet s’y est rendu et s’est intéressé aux revendications d’accès à la PMA (procréation médicale assistée) pour toutes, notamment auprès des militants de la République en marche, présents dans le cortège.

Crédit photo : Amandine Sanchez

En 1977, la manifestation, on parlait alors de Gay Pride, se battait pour dépénaliser l’homosexualité qui, considérée comme une maladie mentale, était encore passible d’emprisonnement. En 2017, les couples de même sexe peuvent se marier depuis quatre ans. Quarante ans d’avancées sociales pour l’égalité et pour la diversité. Aujourd’hui, le mouvement continue, année après année, à revendiquer et défendre ces avancées en matière de droits des LGBTI. Notamment la PMA pour toutes. Le slogan de cette 40e édition : "PMA pour toutes, sans conditions et sans restrictions". L’inter-LGBT l’explique : "Il y a urgence à légiférer. En refusant ce droit aux couples lesbiens et aux femmes célibataires, la France les condamne à poursuivre ce parcours dans la clandestinité, ce qui n’est pas sans conséquence : stress, suivi médical plus compliqué, précarité sanitaire et juridique".

"La pipette, j’ai pas kiffé : PMA pour toutes !"

Lisa, militante, présente à la Marche, porte une pancarte au message clair : "La pipette, j’ai pas kiffé : PMA pour toutes !" Agée de 31 ans, elle explique avoir eu recours à une "insémination artisanale", car elle n’avait pas les moyens d’avoir recours à une PMA à l’étranger. "Le coût financier d’une PMA à l’étranger est incroyablement élevé. Mais avec ma femme, nous voulions vraiment un enfant. C’est mon plus proche ami, homo lui aussi, qui nous a permis de fonder notre famille. J’ai donc eu recours à une insémination artisanale, dans ma salle de bain. Cela a été compliqué psychologiquement à accepter, car la démarche me faisait me sentir comme une clandestine, ou comme une voleuse, devant se cacher pour réaliser son rêve. Aujourd’hui, ma fille a quatre ans, elle parle tout le temps et sourit toute la journée ! Elle a deux mamans, et un papa !"

Si Emmanuel Macron s’est engagé, lors de sa campagne présidentielle, à ouvrir la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires, force est de constater que certains ministres du gouvernement et certains député-e-s affiliés au mouvement En Marche ne sont pas tous sensibles aux revendications LGBTI.

Présent dans le cortège, le mouvement, a été représenté notamment par les secrétaires d’Etat Marlène Schiappa (égalité entre les femmes et les hommes) et Mounir Mahjoubi (numérique). Seronet a tenté de savoir ce que les militant-e-s de la République en marche présents lors de la Marche des fiertés parisienne pensaient de ce sujet : comment concilier à la fois militantisme en faveur de la République en marche et défense des droits LGBTI ? Qu’attendent-ils du gouvernement actuel en matière de lutte contre les discriminations ? Aucun manifestant interrogé n’a accepté de répondre.

Seul Théo, militant d’une vingtaine d’années a expliqué sa présence sous les couleurs du mouvement politique du président, à l’issue de la Marche : "Je comprends que, compte tenu, des avis de différents ministres et députés au sujet du mariage pour tous notamment, la présence d’En Marche à la Marche des fiertés puisse susciter la curiosité. Moi, j’ai défendu Emmanuel Macron durant sa campagne, et j’ai vécu son élection comme une réelle victoire. Je suis jeune et gay, et j’attends pour moi et les communautés LGBTI des avancées en matière de droits. C’est pour ça que je marche aujourd’hui. J’ai donc choisi de défiler à la fois en tant que gay, mais également en tant que sympathisant d’Emmanuel Macron".

"Je suis fier de marcher chaque année pour défendre ses droits et ceux de sa communauté"

Pascal, 51 ans, défilant avec son épouse Marie non loin du cortège En Marche, explique participer chaque année depuis huit ans. "Ma fille est lesbienne, j’ai eu du mal à l’accepter au début. Aujourd’hui, je n’ai plus aucun problème avec ça, et je suis fier de marcher chaque année pour défendre ses droits et ceux de sa communauté. Aujourd’hui, on demande l’accès à la PMA pour toutes. Il faut que la loi l’autorise. Je veux être grand-père !" Au sujet de la présence du cortège En Marche, il avoue ne pas comprendre sa présence. "Trois ou quatre ministres s’étaient opposés au Mariage pour tous. Que font-ils dans ce gouvernement censé être proche des LGBTI ?"

PMA : le CCNE s’engage pour

Justement, ce mardi 27 juin, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), après plus de quatre ans de travail, vient de donner son feu vert à l’ouverture de la PMA pour les couples lesbiens et les femmes célibataires. Un grand pas en avant, qui ne garantit pas pour autant son ouverture effective et immédiate. L’avis du CCNE n’est que consultatif, et constituera surtout une référence lors de la décision du président Macron de tenir ou non sa promesse de campagne, permettant l’instauration de la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires. Dans un courrier adressé aux associations LGBT le 16 avril dernier, le candidat Macron avait expliqué qu’il attendrait "que le comité consultatif national d’éthique ait rendu son avis" pour "pouvoir construire un consensus le plus large possible". En théorie, donc, la PMA arrive.

Côté réjouissances, la Marche, qui a débuté à 14 heures, place de la Concorde, a traversé le "Paris historique" : rue de Rivoli, boulevard de Sébastopol, Châtelet, et s’est terminée sur la place de République où un grand podium avait été dressé pour l’occasion. Une soirée concert animée par la comédienne Océane Rosemarie et l’humoriste Shirley Souagnon, où se sont enchaînés nombre d’artistes engagé-e-s en faveur de la lutte pour l’égalité, a conclu cette journée.