Le "Drug store" à Paris et la Droguerie à Cergy

Publié par jfl-seronet le 26.06.2017
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Produitsdrogues

Lundi 26 juin, AIDES organise à Paris (au Spot) et en Ile-de-France (préfecture de Cergy) deux événements dans le cadre de la journée Support don’t punish pour défendre une autre politique des drogues. Explications.

Le 26 juin est le jour que les Nations Unies ont dédié, chaque année, à la célébration de la guerre livrée aux personnes consommatrices de drogues partout dans le monde... Depuis cinq ans, un mouvement "Support don’t punish" profite de cette même date pour dénoncer l’injustice, l’inefficacité et l’hypocrisie de cette politique et surtout pour en défendre une alternative. A Paris, au Spot (51 boulevard Beaumarchais) trois associations de personnes consommatrices de substances psychoactives se sont associées pour inaugurer, le temps d’une journée, le "Drug store", une boutique conçue pour dénoncer la politique des drogues conduite par la France depuis les années 1970. Le "Drug store" a été conçu comme un "lieu idéal" qui permet d’informer sur différentes modalités de consommation de drogues, comme une plongée dans l’après-légalisation afin de démontrer tous les avantages qu’il y aurait à ne pas pénaliser ni l’usage, ni la vente de stupéfiants. Ce 26 juin, de 14 heures à 18 heures, plusieurs activités de consommation seront donc présentées, mise en scène afin de démontrer leur intérêt du point de vue de la santé publique et du mieux vivre ensemble.

Toutes ces activités sont aujourd’hui considérées comme incompatibles avec le cadre réglementaire alors qu’elles participent d’une véritable régulation du phénomène "drogue". Le "Drug store" entend démontrer que la maitrise des techniques de consommation, la fiabilité de l’offre de produits et la dédiabolisation de l’information sur les substances illicites constituent le seul chemin réaliste pour aboutir à une réelle paix sociale en matière de drogues. Pour l’association, il s’agit aussi, à cette occasion, de rappeler qu’elle demande l’abrogation de la loi du 31 décembre 1970, la légalisation de l’ensemble des substances aujourd’hui considérées comme illicites et leur accessibilité selon les modalités différenciées en fonction des produits.

Autre initiative : celle de la Droguerie qui est organisée par AIDES à la préfecture de Cergy, en Ile-de-France. Cette manifestation s’inscrit aussi dans la perspective de changer la politique des drogues. "Imaginons une politique respectueuse des personnes qui apporte des vraies solutions", annonce même l’association. Cette manifestation se déroule lundi 26 juin jusqu’à 16 heures, devant la préfecture. Il s’agit d’expliquer quel est le constat aujourd’hui : celui d’un échec de la politique de la "guerre aux drogues". Cette "guerre" n’endigue pas la consommation. Par exemple, la France demeure le premier pays consommateur de cannabis et le troisième pour la cocaïne. Cette "guerre" exacerbe les violences, les inégalités et participe à "construire une société répressive". Ainsi, les condamnations pour usage seul ont progressé de 570 % entre 1989 et 2013 passant de 3 811 à 25 527. Enfin, rappellent les militantes et militants qui organisent cette action, le coût de cette guerre grève les dépenses publiques. Ainsi, le coût des drogues illicites pour les finances publiques est de 2,3 milliards d’euros chaque année. Par la tenue d’une "droguerie", lundi 26 juin, à l’occasion de la Journée Support don’t punish, les militantes et militants de AIDES veulent "dénoncer l’inefficacité et le caractère contre-productif des politiques répressives en matière d’usage de drogues" et "plaider pour un vrai changement politique en matière de réduction des risques.

A l’occasion de la campagne présidentielle, AIDES avait mis en avant ses revendications en matière de politique des drogues. L’association défend l’abrogation de la loi de 1970 et la légalisation de l’ensemble des drogues, la mise en place d’une politique ambitieuse de santé publique, d’un plan de conversion de l’économie souterraine et d’un référentiel de qualité des produits. Autres revendications : le développement des espaces de consommation de drogues à moindre risque, un accès facilité aux produits de substitution (dont l’héroïne médicalisée), la généralisation de l’accompagnement à l’injection pour réduire les risques de transmission du VIH et des hépatites virales, un accès facilité à l’usage du cannabis thérapeutique. Autres demandes encore : l’accès partout et pour tous et toutes aux programmes d’échanges de seringues et à l’ensemble du matériel stérile… ce qui signifie aussi dans les prisons ; le développement d’outils de prise en charge globale des addictions, alternatifs au sevrage médicalisé (démarches communautaires, lieux refuges, soutien par les pairs…) ; un accès facilité aux produits de substitution, enfin, un engagement de la France au niveau mondial pour mettre fin à la "guerre aux drogues".