Le mariage homosexuel, sujet à réaction(naires)
Le rejet de la proposition, mardi dernier, ne faisait plus aucun doute, mais la déception est grande. Le texte avait été débattu la semaine dernière, lors d’une séance d’initiative parlementaire, réservée aux députés socialistes et apparentés et la droite s’était alors positionnée contre cette proposition de loi. "La quasi-totalité des députés UMP votera contre le mariage homosexuel, même s’il y a liberté de vote sur ce sujet", avait prévenu Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée. Mais le parti majoritaire "proposera un groupe de travail qui se penchera sur les questions liées aux droits des homosexuels". Le Nouveau centre estime lui aussi que le mariage homo n’est pas nécessaire, et juge que le PaCS (Pacte civil de solidarité) est déjà "une bonne réponse" au droit de vivre sa différence. Au final, la majorité a réussi à balayer le mariage homosexuel en un après-midi.
Durant les débats, les opposants au texte ont soigneusement évité tout débordement, en réaffirmant même leur volonté de lutter contre l’homophobie. Après la polémique sur les propos de Brigitte Barèges ("Et pourquoi pas le mariage pour les animaux ?"), l’UMP se devait d’élever (un peu) le débat. Le camp de la droite s’est finalement retranché derrière la notion de famille et l’enjeu "impérieux" de l’intérêt de l’enfant. "Il ne faut pas aller dans le sens du vent ou céder à un effet de mode (…), ou altérer l’image et la fonction du mariage, institution chargée de la protection du plus faible, à commencer par la femme", a ainsi déclaré le député Michel Diefenbacher (UMP). Dès lors, pourquoi ne pas défendre le mariage pour deux "faibles" femmes ? Patrick Bloche, député PS auteur de la proposition, avait pourtant exhorté ses collègues à faire "tomber une discrimination". Il invitait également les parlementaires à ne pas mélanger "homo-conjugalité et homo-parentalité". Seuls quelques élus radicaux, dont Jean-Louis Borloo, et une infime partie de l’UMP l’ont entendu en votant pour cette proposition. Dans les couloirs de l’Assemblée, le discours était moins diplomate et les opposants historiques du PaCS se sont rappelés à nos mauvais souvenirs. Christian Vanneste, célèbre pourfendeur de la cause homosexuelle, a parlé du mariage entre personnes de même sexe comme d’une "aberration anthropologique", nuisible à la "pérennité de la société". Ce dernier accuse même la presse de relayer "des lobbies possédant manifestement beaucoup de pouvoir". Les déclarations sont certes violentes, mais elles n’étonnent plus de la part du député du Nord. La position du MoDem (Mouvement Démocrate) de François Bayrou est plus surprenante. Le parti centriste se déclare pour l’égalité totale des droits entre homo et hétérosexuel, mais en même temps se prononce en faveur d’une "union" pour les personnes de même sexe, plutôt que pour le "mariage". La sémantique comme paravent, on aura vraiment tout vu…
Par l’intermédiaire de leur porte-parole, Bruno Le Roux, les députés PS ont réagi, affirmant que le mariage pour les personnes de même sexe fera partie du "paquet" de réformes si la gauche arrivait au pouvoir en 2012. "Cet acte vaut engagement, demain, de gouvernement" a-t-il ajouté. Déplorant une droite "réactionnaire", ce dernier s’est cependant réjoui des quelques députés de la majorité (Franck Riester, Henriette Martinez ou encore Yves Jégo) ayant rejoint la gauche sur cette proposition. La réaction des acteurs associatifs ne s’est pas non plus fait attendre. SOS Homophobie s’est dit "révoltée et indignée" par ce rejet, rejointe par l’Association des familles homoparentales (ADFH). Dans un communiqué, l’association a déploré qu’en 2011, "les lesbiennes et gays français soient encore considérés comme des sous-citoyens". Homosexualité et Socialisme (HES) dénonce aussi "le retard injustifiable" que prend la France sur ces questions. Même GayLib, l’association LGBT des militants UMP, déclare "regretter qu’une majorité de ses députés refuse toujours l’égalité des droits pour les familles homosexuelles".
Il faut cependant s’interroger sur le contexte de la proposition. La Marche annuelle des fiertés approche et rend les enjeux LGBT plus visibles qu’a l’accoutumée. C’est également un appel du pied du parti socialiste à une communauté sensible à l’égalité des droits. Mais tout aussi symbolique que soit la proposition, le dépôt par la gauche de cette dernière à cette période du calendrier électoral, a offert un "excellent" argument à la droite, qui a taxé le mariage homosexuel, durant toutes les discussions, de sujet "électoraliste", en vue des échéances présidentielles. L’opposition, presque par principe, de tout ce qui peut provenir du camp adverse a certainement nui à la proposition. Exceptés certains ultra conservateurs, les députés de droite ont-ils voté contre le texte "en leur âme et conscience" ou simplement parce que la proposition émanait de la gauche ? Sur un sujet aussi clivant, le duel entre une gauche progressiste et une droite conservatrice était inévitable, permettant ainsi au PS de "ringardiser" une droite qui sait qu’elle devra évoluer sur ce point. La mise en place à l’UMP d’un groupe de travail, sur les questions LGBT, en atteste. Deux membres du gouvernement se sont même déclarés en faveur du mariage homosexuel, reflétant une évolution de la société. Un sondage Sofres de janvier dernier montre ainsi que 58% des Français sont favorables au mariage gay. Un tel débat de société aurait certainement nécessité (et mérité) plus de hauteur intellectuelle pour ne pas tomber dans une simple opposition partisane. Car la véritable perdante n’est pas la gauche, mais belle est bien la communauté LGBT.
- 6955 lectures
- Envoyer par mail
Commentaires
Pente fatale ?
Ce n'est pas sûr... Ne sont-ce pas plutôt nos élus et la démocratie qui sont les véritables perdants ? En effet, après ce débat, le sentiment qui sort à nouveau renforcé dans la société, c'est que la représentation nationale semble vivre dans un autre monde que le monde réel. Et ce refus d'une évolution s'ajoute à toute une série de comportements, de déclarations, d'incidents... de la représentation nationale que l'opinion a condamnés moralement ces derniers mois. Le fossé se creuse... Espérons qu'il ne nous conduira pas sur la pente fatale du populisme de droite.
des droits renforcés oui un mariage non .
Ah bon ?
Franchement...
il faudra bien le faire
finalement, le mariage POUR les gays, je m'en
Des droits égaux
Un droit ne s'use que...
si on peut s'en servir...
Aussi même si pour soi, on n'est pas intéressé par le mariage, pour autrui, c'est le seul moyen d'aboutir à une vrai égalité entre nous, LGBT, et les hétéros, le droit matrimonial étant un fondement de notre République. Les hétéros préfèrent au pacs le mariage parce qu'ils savent que le moment venu, ils pourront aussi se marier. Les LGBT ont délaissé le Pacs parce qu'l n'est qu'un pis-aller qui ne répond pas à leur aspiration à être reconnus comme des citoyens à part entière.
Le combat pour le mariage entre personnes de même sexe est donc in fine le combat pour l'égalité entre tous les citoyens.
C'est aussi sur le sentiment qu'il ne saurait y avoir de citoyens de seconde zone que se construit l'efficacité de la lutte contre l'épidémie à vih qui est l'objet de ce site. Alors que cette épidémie se nourrit toujours et encore des inégalités et des discriminations.
Plus de droits = plus d'égalité = moins de vih
Mariage et VIH
tu rigoles jean rené
De la provoc ?
D'accord avec toi ALSACO
PARCE QUE POUR
Toi les hétéros ne baisent pas ? ou ne vont pas voir ailleurs?
tu n'es pas du tout dans la réalité,
le mariage , le concubinage ou le pacs sont des choix qui doivent etre proposés à tous les couples et c est tout , on obligera personne à se marier , mais chaque individu doit disposer des memes droits....
touche pas a mon pote
c est la meme chose
Fidélité affective et fidélité sexuelle
Bel humour
Ha Ha Ha !
Franchement, vous êtes très drôle !
Gap26
Egalité des droits et lutte contre l'épidémie vih
Je n'ai pas écrit que je pensais que le mariage et la fidélité censée l'accompagner constituent un obstacle à l'épidémie.
J'ai écrit que l'égalité des droits et la lutte contre toutes les discriminations favorisent l'estime de soi de ceux qui ne bénéficient pas de ces droits ou qui sont victimas de ces discriminations. La légalisation du mariage entre personnes de même sexe est une étape incontournable pour nous permettre de quitter le statut de sous-citoyen dans lequel nous sommes encore cantonnés même si fondamentalement une majorité d'entre nous ne souhaite pas ensuite recourir à ce droit. Or l'estime de soi est une donnée essentielle, à mon avis, d'un engagement dans une démarche de protection de soi et des autres et donc de lutte contre l'épidémie à vih.