Les infos clefs des conférences sur le VHC

Publié par Rédacteur-seronet le 21.12.2014
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Conférencesvhchépatite C

Voici une sélection d’infos sur les traitements anti-VHC présentés lors des dernières conférences internationales de 2014.

VHC : les personnes en substitution en "3D"

Le même schéma "3D" avec de la ribavirine a été testé 3 mois sur 38 personnes mono infectées par le VHC de génotype 1, sous traitement de substitution stable aux opiacés avec soit de la méthadone, soit de la buprénorphine (Subutex), avec ou sans naloxone (Suboxone). Parmi elles, 68 % avaient le sous-type du VHC 1a, le plus difficile à traiter. Un tiers avait la variante favorable CC du gène IL28B. La plupart (95 %) n'avaient jamais été traitées pour l'hépatite C, et avaient une fibrose de stades léger à modéré (F0 à F2). A 6 mois après la fin du traitement, 97,4 % d’entre elles ont eu une réponse virologique soutenue. Aucun des participants n’a eu besoin d’ajustement de ses doses de méthadone, de subutex ou de suboxone pendant le traitement à l’hépatite C, ce qui a confirmé les résultats des études d'interactions médicamenteuses qui avaient montré que les médicaments "3D" n'avaient pas d’effets notables sur la concentration de la méthadone ou du subutex, donc sur leur efficacité. Les effets indésirables les plus fréquents étaient la nausée (50 %), la fatigue (47 %), les céphalées (32 %), l’insomnie (18 %) et les éruptions cutanées (16 %), d’intensité légère à modérée. Cette petite étude a également montré que ces participants sous traitement de substitution avaient une très bonne observance au traitement du VHC, ce qui est très important, car cela cloue le bec à ceux qui préjugent d’emblée de la mauvaise observance possible des usagers de drogue.

VHC : éradication ou élimination ?

A Melbourne, un spécialiste australien des hépatites, Gregory Dore (Kirby Insitute), a expliqué que même si les armes dont nous disposions aujourd’hui contre le VHC s’amélioraient beaucoup, elles ne permettaient pas, hélas, l’éradication totale (c’est-à-dire que la maladie n’existerait plus chez l’humain). Pour cela, il faudrait un vaccin. En revanche, l’élimination du VHC (c’est-à-dire que la maladie existe, mais quasiment plus personne n’est atteint) est réaliste à la condition que les traitements soient largement accessibles et notamment dans les groupes les plus exposés (personnes consommatrices de drogues par injection, personnes en détention, personnes migrantes). Une proposition large de traitements permettrait d’avoir un impact rapide sur le risque de transmission, donc sur le long terme d’éliminer la maladie. Cela a notamment été démontré dans un groupe de personnes consommatrices de drogues à Edimbourg, a rappelé Gregory Dore. Autre rappel du spécialiste : aucune chance de succès d’éliminer le VHC si les plans de lutte contre la maladie ne comportent pas des programmes de substitution aux opiacés. Actuellement, seulement 35 % des pays confrontés à une épidémie de VHC chez les personnes injectrices de drogues disposent de tels programmes.

VHC : tous les coûts sont permis !

Les médias ont largement salué la décision de Gilead d’autoriser la fabrication et la diffusion de génériques du sofosbuvir, son médicament phare contre le VHC dans certains pays. Cette autorisation ne concerne cependant que les pays à faibles ressources, pas ceux à ressources intermédiaires. A Melbourne, une représentante de Médecins sans Frontières (MSF), le docteur Isabelle Meyer-Andrieux, a expliqué que 70 % des personnes vivant avec le VHC dans le monde vivaient justement dans ces pays-là (Maroc, Algérie, Malaisie, Tunisie, etc.) Des pays pour lesquels les laboratoires pharmaceutiques font peu d’efforts en matière de baisse des prix. Si on regarde les personnes co-infectées (VIH/VHC), même constat : la grande majorité vit dans des pays à ressources très limitées ou intermédiaires. Pour MSF, c’est là aussi qu’il faut mettre le paquet en matière de prise en charge et d’accès aux traitements. Et c’est là que cela coince. MSF a ainsi expliqué qu’en matière de dépistage (du fait d’un manque d’argent) le dilemme était de tester moins de personnes mais avec des tests performants ou d’en tester beaucoup avec des tests de moindre sensibilité. Autre exemple : celui du prix. Un traitement du VHC de douze semaines par sofosbuvir + ribavirine devrait coûter environ 1 126 dollars. C’est le prix négocié aujourd’hui pour l’Egypte, pays à ressource intermédiaire. Dans d’autres pays de la même catégorie, le même traitement de même durée coûte de 10 à 30 fois plus. Pour les experts, il y là des freins majeurs à la lutte contre le VHC.