L'OMS appelle les homosexuels à prendre la PrEP

Publié par jfl-seronet le 31.07.2014
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SexualitéPrEP

C’est par un communiqué assez détaillé que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle les hommes ayant des relations sexuelles entre eux à prendre à titre préventif des antirétroviraux. Cette communication est la suite d’un rapport de l’OMS qui souligne d’une part que les infections par le VIH augmentent parmi les homosexuels et d’autre part que la prévention actuelle ne fonctionne pas. L’OMS estime qu’il faut changer de braquet et s’engager fortement vers la prise à titre préventif des antirétroviraux. 

"Nous constatons une explosion de l'épidémie" pour ce groupe à risque, a indiqué aux journalistes Gottfried Hirnschall, qui dirige le département VIH de l'OMS, cité par l’AFP. 33 ans après l'émergence de la maladie et alors qu'il est aujourd'hui possible de vivre (et longtemps) avec le VIH, Gottfried Hirnschall attribue cette évolution au fait qu'il y a "un relâchement dans la prévention et de l'inquiétude". Aujourd'hui, ce groupe a 19 fois plus que la population moyenne le risque d'être contaminé par le virus. A Bangkok, par exemple, le sida affecte 5,7 % des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes contre 1 % de la population en général. Dans ses nouvelles recommandations publiées vendredi 11 juillet, l'OMS "recommande fortement aux hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes de considérer la prise des antirétroviraux comme une méthode supplémentaire de prévention face au VIH".

Populations clefs

En mai 2014, les autorités sanitaires américaines avaient recommandé l'utilisation d'antirétroviraux de façon préventive contre le VIH pour tous les groupes à risque, notamment les homosexuels, dans l'espoir de réduire le nombre des nouvelles contaminations, inchangé depuis vingt ans. Prendre une pilule quotidienne combinant deux antirétroviraux, en plus de l'usage des préservatifs, pourrait diminuer les risques de 20 à 25 %, soit éviter "un million de nouvelles infections au sein de ce groupe en 10 ans", selon l'OMS. Les recommandations se focalisent sur les populations à risque, comme les trans, les personnes détenues, les usagers de drogues, les travailleuses et travailleurs du sexe, qui représentent environ la moitié des nouvelles contaminations annuelles.

Une bataille permanente

Grâce aux différentes actions, le nombre de ces nouveaux cas a cependant diminué de plus d'un tiers entre 2001 et 2012. Fin 2013, quelque 13 millions de personnes avec le VIH bénéficiaient du traitement par antirétroviraux. Mais pour Gottfried Hirnschall, la bataille est permanente. Les gouvernements ont tendance à privilégier la prévention pour la population en général et à négliger ceux qui présentent le plus de risques. "Mais personne ne vit dans l'isolement", souligne-t-il. C'est particulièrement le cas dans l'Afrique subsaharienne, où se concentrent 71 % des 35,3 millions de personnes vivant dans le monde avec le VIH, a indiqué cet expert de l'OMS.

AIDES réagit… et interpelle Marisol Touraine
"Cette prise de position de l'OMS, en amont de l'ouverture de la Conférence Internationale sur le sida de Melbourne, n'a rien d'anodin. Elle confirme une nouvelle fois la validité des nouveaux paradigmes de prévention et le rôle crucial des antirétroviraux pour réduire de façon significative la transmission du virus", note AIDES. "C'est un pas de plus vers la généralisation de la prévention combinée, à savoir l'utilisation complémentaire du dépistage, du préservatif et des traitements préventifs et thérapeutiques pour endiguer l'épidémie". AIDES se "félicite de cette décision qui vient conforter son plaidoyer pour la mise à disposition immédiate des antirétroviraux à titre préventif pour les groupes les plus exposés au VIH. Face à une épidémie particulièrement active en France parmi les homosexuels masculins, nous rappelons, études à l’appui, que ce nouvel outil permettrait d'éviter de nombreuses contaminations. Forts de cette nouvelle recommandation de l'OMS, nous appelons une nouvelle fois la Ministre de la Santé à sortir de l’immobilisme. Il est urgent d’ouvrir, dans le cadre d'une recommandation temporaire d'utilisation (RTU), l'accès au traitement préventif pour un public qui, rappelons-le, a déjà payé le plus lourd tribut à l'épidémie de VIH".

Commentaires

Portrait de Kio

ah bon ? parce que les hétéros ne le chopent pas peut être ? Ils auraient pu changer le mot "homosexuels" par "personnes ayant des relations à risques".  Mais en même temps qui dira qu'il l'a cherché à l'avoir ? Personne.

Portrait de microdav

Bonjour Kio.

Je suis un des participants à l etude Ipergay, qui vise à prendre de la PreP, pour en tester son efficacité dans un mode de prise entourant les rapports (à risque ou pas...).

Ta question est interessante au sujet de ce qu il en est au niveau des hetero. Bien sur, que Homo, et Hetero, ce st le meme combat. Cependant, dans les etudes precedentes, il a été demontré que la Prep, est principalement presente au niveau des muqueuses anales... alors effectivement certaines femmes se font sodomiser. Cependant encore une fois là où le plus d infection aux VIH sont constatés chaque année c est principalement le milieu gay. Prendre une prep ce n est peut etre pas sans risque (surement diront certains meme). et Justement, autant atteindre les personnes les plus favorables aux prochaines contaminations.

Bien entendu, le meilleur moyen de ne pas choper le virus, c est la capote ! (ou ne pas baiser....) cependant parfois on fait des conneries.... alors si on peut avoir une aide supplementaire, c est toujours ça... surtout pour les generations à venir. (Attention je rappelle qu Ipergay est un essai - Truvada vs Placebo).

Portrait de Kio

et comment ont-ils l'intention de s'y prendre ? prescripiton via médecin je suppose ? et quel en sera le coût surtout.  Si c'est pour émettre ce genre d'idée et que le médoc n'est pas pas accessible de par son prix erxorbitant je vois pas l'intérêt.

Portrait de bernardescudier

Après l'appel de l'OMS qui appelle les homosexuels à prendre la Prep ( Truvada ), le Pr Pialoux ( coinvestigateur de l'essai ANRS- Ipergay) a expliqué au Nouvels Observateur ses propres appels à la modération.

Il insiste sur l'importance du préservatif par rapport à la Prep et sur le constat surprenant de la banalisation du VIh chez les nouveaux contaminés homosexuels qu'il reçoit à l'hôpital.


Voici un article du Nouvel Observateur du 24 Juillet 2014 - N° 2594,

intitulé : Sida. “ Les antirétroviraux ne sont qu’un aspect de la prévention ”.

Ce sont des propos recueillis par Bérénice Rocfort-Giovanni.

   Le sujet : les homosexuels doivent-ils prendre à titre préventif ces médicaments, comme le suggère l’OMS ? L’avis de Gilles Pialoux, vice-président de la Société française de Lutte contre le Sida.



Le Nouvel Observateur  Que pensez-vous de la préconisation de l’OMS, qui

recommande la prise d’antirétroviraux pour prévenir l’infection par le VIH ?

Gilles Pialoux : L'OMS est dans son role en donnant une recommandation, qui

n’est en rien une injonction. Mais je ne comprends pas bien son timing.

Aucune donnée nouvelle ne semble justifier une telle annonce. La dernière

étude sur le traitement préventif du sida par des antirétroviraux date de

2010 : l’essai américain Iprex a alors démontré que le Truvada, un

médicamentcombinant deux antirétroviraux, faisait chuter de 44% le taux

d’infection par le VIH chez les hommes homosexuels. Depuis, plus rien.

L’étude française Anrs Ipergay (1) , dont je suis coinvestigateur en double aveugle du Truvada

chez des hommes homosexuels à risque, NDLR], elle, est en cours. En juillet

2012, on pouvait déjà s’étonner que les autorités sanitaires américaines

autorisent la mise sur le marché du Truvada sur la foi de cette seule étude.

Bio

    

Gilles Pialoux est chef du service des maladies infectieuses et tropicales à

l’hôpital Tenon à Paris. Il est le coauteur en 2009 du rapport Lert-Pialoux sur

les nouvelles méthodes de prévention du VIH.Tous les hommes

homosexuels doivent-ils prendre des antirétroviraux ? Quid du préservatif ?

Non, pas du tout. Tout dépend de leurs pratiques, et il y a d’autres moyens de

prévention. En fait, le message de l’OMS est ambigu. Il s’adresse à toute la

population homosexuelle masculine, sans faire de cas par cas. L’OMS veut

dire que, lorsqu’on utilise mal ou pas du tout le préservatif, on pourrait

prendre des antirétroviraux. Ces médicaments ne sont qu’un aspect de la

prévention combinée, qui doit s’accompagner d’un dépistage régulier du

VIH et des autres infections sexuellement transmissibles. Ce que je redoute,

c’est qu’en promouvant uniquement de nouveaux outils de prévention

l’OMS n’aide pas à donner une image moins « ringarde » du préservatif.

Certains pays administrent-ils déjà des antirétroviraux à titre préventif ?

Seuls les Etats-Unis autorisent, depuis deux ans, la prise de Truvada par des

sujets sains, mais on n’a pas assez de recul pour évaluer cette pratique.

Il y a quelques jours, les Nations unies estimaient que la pandémie de sida

pourrait prendre fin dans quinze ans. Les recommandations de l’OMS ne

sont-elles pas surprenantes, dans ce contexte ? Non. Car même si l’épidémie

a reculé dans plusieurs pays, il est nécessaire de faire remonter le niveau de

protection chez les populations à haut risque, comme certains gays ou les

travailleurs du sexe. Les chiffres sont alarmants. En 2009, une étude menée

dans des établissements gays parisiens a ainsi révélé que 18% des

homosexuels testés étaient séropositifs. Pourquoi les contaminations

continuent-elles chez les hommes homosexuels ? Parce qu’ils ont un plus

grand nombre de partenaires et des pratiques à risque. Le barebacking

( rapports sexuels non protégés ) existe toujours. Sur les sites de rencontres

gays, certains assument totalement de ne pas mettre de préservatif. A cela

s’ajoutent de nouveaux comportements dangereux apparus il y a peu avec la

consommation de drogues de synthèse. Et puis, dans la communauté gay,

beaucoup banalisent la maladie. On le voit à l’hôpital : lorsqu’on annonce à

certains homosexuels qu’ils sont contaminés, cette nouvelle ne les

ébranle pas forcément. Où en est la recherche sur un vaccin, dont on parle

depuis quinze ans ? Un vaccin testé lors du dernier essai de grande ampleur

en 2009 en Thaïlande montrait une diminution de 31% du risque d’être

infecté. Dans le cadre d’une prévention combinée, cet outil, même imparfait,

pourrait être utile chez les personnes très exposées.


(1) ANRS-Ipergay.

 

NB = Les comprimés de Truvada. Aux Etats-Unis, ils sont autorisés chez les sujets sains depuis deux ans

damien meyer:afp - kerr y sheri dan /afp

INFORMATIONS

Si vous voulez des informations supplémentaires sur le Truvada et la

Prep consultez le site de la radio en ligne du comité des familles qui est

partenaire de Aides.

 Un débat a été organisé sur ce theme avec des interventions différentes :

d'un infectiologue, de membres d'association partenaires du projet Ipergay et

des auditeurs sous la houlette d'une journaliste Sandra Jean-Pierre.

Vous pouvez Podcastez l'émission du 10 juin 2014 en suivant ce lien :

http://comitedesfamilles.net/nos-emissions-de-radio/emission-de-radio-du-mardi-10-juin/article/bernard-escudier-derriere-l-essai