L’OMS appelle à utiliser des seringues "intelligentes"

Publié par jfl-seronet le 16.03.2015
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Thérapeutiqueseringue intelligente

"Partout dans le monde, l’utilisation de la même seringue ou de la même aiguille pour faire des injections à plusieurs personnes contribue à la propagation d’un certain nombre de maladies infectieuses meurtrières", indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué (février). L’OMS lance une nouvelle campagne sur ce sujet.

Pour l’OMS : "Des millions de personnes pourraient être protégées contre les infections transmises par des injections à risque si tous les programmes de soins de santé utilisaient des seringues à usage unique" d’où le lancement de cette nouvelle politique de sécurité des injections dans le but d’aider tous les pays à parer au problème universel des injections à risque.

Des chiffres qui posent le problème !

D’après une étude réalisée en 2014 avec le parrainage de l’OMS sur les toutes dernières données disponibles, on estime que jusqu’à 1,7 million de personnes a été contaminé par le virus de l’hépatite B, jusqu’à 315 000 par le virus de l’hépatite C et pas moins de 33 800 par le VIH à la suite d’une injection à risque. Dans les nouvelles lignes directrices et la nouvelle politique de sécurité des injections qu’elle a publiées, fin février, l’OMS fait des recommandations détaillées et insiste sur l’utilité des dispositifs de sécurité des seringues, y compris ceux qui protègent les agents de santé contre les piqûres d’aiguille accidentelles et, partant, contre le risque d’infection. Chaque année, 16 milliards d’injections sont effectuées. Environ 5 % de ces injections sont destinées à vacciner les enfants et les adultes et 5 % servent à d’autres actes comme la transfusion sanguine. Les 90 % restants des injections sont pratiquées dans le muscle (voie intramusculaire) ou dans la peau (voie sous-cutanée ou intradermique) pour administrer des médicaments. Dans bien des cas, elles ne sont pas nécessaires et pourraient être remplacées par l’administration par voie orale. La transmission d’infections à l’occasion d’une injection à risque s’observe partout dans le monde. On a ainsi établi qu’une flambée d’hépatite C en 2007 dans l’Etat du Nevada (Etats-Unis d’Amérique), résultait des pratiques d’un seul médecin qui avait injecté un anesthésiant à un patient atteint d’hépatite C. Ce médecin a ensuite utilisé la même seringue pour prélever des doses supplémentaires d’anesthésiant dans le même flacon, dès lors contaminé par le virus de l’hépatite C, et pour faire des injections à plusieurs autres patients. Au Cambodge, un groupe de plus de 200 enfants et adultes vivant près de Battambang, la deuxième ville du pays, s'est révélé positif au VIH en décembre 2014. Depuis, la flambée a été imputée à des pratiques d’injection à risque.

Protéger contre les hépatites et le VIH

"Il est absolument indispensable d’adopter des seringues sécurisées pour protéger les gens partout dans le monde contre le VIH, l’hépatite et d’autre maladies. Ce changement doit être une priorité urgente pour tous les pays", a expliqué le docteur Gottfried Hirnschall, directeur du département VIH/sida de l’OMS. Les nouvelles seringues dites "intelligentes" recommandées par l’OMS pour les injections dans le muscle ou la peau sont pourvues de dispositifs qui empêchent leur réutilisation. Sur certains modèles, le piston présente une partie frangible qui se casse si l’on essaie de tirer sur le piston après l’injection. D’autres ont un clip métallique qui bloque le piston une fois qu’il est enfoncé, et sur d’autres modèles encore, l’aiguille se rétracte dans le corps de la seringue à la fin de l’injection. Les seringues sont aussi équipées de dispositifs qui protègent les agents de santé contre les piqûres d’aiguille à l’origine d’infections. L’OMS exhorte les pays à passer, d’ici 2020, à l’usage exclusif de ces nouvelles seringues "intelligentes", sauf dans les rares circonstances où une seringue autobloquante empêcherait d’effectuer un acte médical. L’Organisation incite aussi à adopter des politiques et des normes en matière d’achat, d’utilisation et d’élimination sans risque des seringues réutilisables pour les cas où leur usage reste nécessaire, y compris pour les programmes d’échange de seringues destinées aux personnes qui s’injectent des drogues.