Marisol Touraine promet de boucher le "trou de la Sécu"

La ministre des Affaires sociales peut se targuer d’un redressement net des comptes de la Sécurité sociale, au mieux depuis 2002, en dépit d’un déficit prévu de plus de quatre milliards d’euros. Le gouvernement vise un déficit du régime général (maladie, retraites, famille, accident du travail) ramené à 400 millions d’euros contre 3,4 milliards en 2016. Reste que parallèlement, il persistera un déficit de 3,8 milliards d’euros pour le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), autre composante de la Sécu, qui verse les cotisations retraites des chômeurs et le minimum vieillesse. De son côté, la ministre communique sur le mode : "L’histoire du quinquennat, c’est la fin des déficits sociaux". Le redressement est notable, souligne l’AFP : le déficit cumulé du régime général et du FSV devrait passer de 10,8 milliards l’année dernière à 7,1 milliards d’euros, son niveau le plus bas depuis 2002 (-4,8 milliards d’euros). Pour la Cour des comptes, le bilan de la ministre est embelli par l’intégration "discutable" d’un produit exceptionnel de 700 millions d’euros. Si la ministre joue le triomphalisme, il n’en demeure pas moins que le déficit de l’Assurance maladie s’établira toujours à 2,6 milliards d’euros en 2017. Eternel point noir de la Sécu, elle devra réaliser quatre milliards d’euros d’économies, tout en honorant les revalorisations de revenus prévues dans la fonction publique hospitalière (à hauteur de 700 millions d’euros) et chez les médecins libéraux (400 millions). C’est dans ce cadre que s’inscrivent les premières annonces concernant le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2017. Il y a déjà une augmentation du prix du tabac à rouler et la création d'"une taxe sur le chiffre d’affaires des distributeurs" de tabac qui "rapportera 130 millions par an" à destination du "nouveau fonds de lutte contre le tabagisme", selon la ministre Touraine. Autre mesure, la création d’un "fonds pour l’innovation médicale", doté de 800 millions d’euros, sera également créé pour "financer dans la durée les traitements innovants", "dont 200 millions dépensés dès 2017 pour absorber le choc de l’arrivée des immunothérapies contre le cancer". Par ailleurs, les mécanismes existant de régulation des prix du médicament seront reconduits. Des économies de gestion des caisses ou des mesures de lutte contre la fraude doivent au total permettre d’engranger 1,5 milliard d’euros supplémentaires pour les régimes sociaux, a annoncé la ministre.

Dans son interview aux "Echos", Marisol Touraine épingle les candidats à la primaire de droite, qui, selon elle, "jouent sur les peurs, en niant les résultats" pour "justifier des politiques de régression sociale" avec des déremboursements en santé, le report de l’âge de départ à la retraite, etc.