Nicolas Sarkozy : "La sérophobie est un sujet qui mérite d'être étudié"

Publié par jfl-seronet le 16.04.2012
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UMPprésidentielles 2012Nicolas Sarkozy
Président de la République depuis 2007, Nicolas Sarkozy se présente pour un second mandat. Dans le cadre de sa campagne, il a, jusqu’à présent, très peu traité des enjeux de la lutte contre le VIH/sida, les hépatites… Pour Seronet, il présente ses propositions dans le domaine de la santé et fait part de ses choix sur des sujets comme la réduction des risques, la sérophobie, l’usage de drogues, le travail du sexe et la santé. Interview exclusive sur Seronet.
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Crédit photo : tous droits réservés par Nicolas Sarkozy

Différentes mesures législatives ont été prises concernant les personnes étrangères malades, qu’elles soient ou non en situation irrégulière. L’Aide Médicale d’État (AME) a ainsi été restreinte et le droit au séjour pour soins remis en cause selon des médecins, des sociétés savantes et des organismes officiels, des associations de lutte contre le sida, de défense des droits des étrangers, etc. Envisagez-vous une nouvelle fois de réformer le droit au séjour pour soins ?
Notre système de santé, en plus d’être sans doute l’un des plus performants, est aussi parmi les plus généreux du monde. Lorsqu’un individu sur le territoire national a besoin de soins, il peut se faire soigner, il en va de l’honneur de la République. C’est une question de modèle de civilisation. Concernant votre question, nous n’avons pas restreint l’AME, nous avons demandé une contribution de 30 euros par an pour les bénéficiaires. Est-ce scandaleux qu’une personne en situation irrégulière sur le territoire ait à payer 30 euros par an pour avoir accès à l’ensemble du plateau technique de nos hôpitaux ? A l’ensemble des professionnels de santé ? En étant prise en charge à 100%, sans avoir à payer de franchises ou le parcours de soins ? Je rappelle que la santé est financée par la solidarité nationale, c'est-à-dire par chacun d’entre nous. Il est légitime que chacun contribue. Concernant le droit au séjour pour soins, une évaluation est faite pour savoir si le patient peut être soigné dans son pays d’origine. Il y a une expertise médicale. Si ce n’est pas le cas, le patient pourra être pris en charge en France. Sur ces questions graves, il faut faire preuve de responsabilité, nous le devons à nos concitoyens qui financent le système de santé et aux générations futures qui ne peuvent supporter le poids de nos déficits.

Plus précisément sur l’AME, vous indiquez (mesures présentées en octobre 2011) que vous comptez poursuivre cette réforme dans le "sens d’une meilleure régulation du droit d’accès, d’une stricte délimitation du panier de soins et d’une lutte sévère contre les abus et les fraudes". A l’issue d’une convention de l’UMP sur le contrôle des flux migratoires, votre parti a préconisé de "recentrer ce dispositif sur les situations d’urgence sanitaire et sur les risques épidémiques". Comptez-vous réformer une nouvelle fois ce dispositif, comptez-vous le faire dans ce sens et si oui pourquoi ?
Il faut effectivement lutter contre les abus et les fraudes, mais cela ne concerne pas exclusivement les titulaires de l’AME. Cela concerne tous les assurés sociaux. C’est pourquoi je souhaite la mise en place de la carte vitale biométrique. L’AME honore la France. Nous soignons ceux qui en ont besoin. Nous ne les laissons pas mourir sur les trottoirs. Je ne changerai pas cette politique.

Les choix du gouvernement en matière de compte sociaux ont eu des conséquences importantes sur la vie des personnes malades et tout spécialement celles qui sont atteintes d’affections de longue durée comme les personnes atteintes d’une hépatite ou du VIH ? La mise en place des franchises médicales, la multiplication des déremboursements de médicaments, la hausse du prix des consultations, des forfaits hospitaliers… ont eu pour conséquence d’augmenter le reste à charge pour les personnes malades et surtout de renforcer une logique individuelle contre la solidarité collective. Pourquoi ce choix a-t-il été privilégié par rapport à d’autres, par exemple une augmentation de la CSG ?
Je souhaite nuancer le pessimisme de vos propos. Globalement ces cinq dernières années, la part de financement de la Sécurité sociale est restée pratiquement stable à 75% environ du total des dépenses. Ainsi, la France est l’un des pays dans lequel les dépenses de santé qui restent à la charge des ménages sont les plus faibles au monde, et ce reste à charge a baissé ces dernières années (9,7% en 2008, 9,4% en 2010). Le gouvernement a également beaucoup fait pour renforcer l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS). Elle a ainsi été doublée pour les personnes âgées de plus de 60 ans et pour les 16-25 ans. Le plafond de ressources qui lui est applicable a été progressivement relevé en 2011 et 2012. Au total, 514 000 personnes supplémentaires pourront bénéficier de l’ACS à terme contre 560 000 aujourd’hui. Toutes ces réformes ont été réalisées en tenant l’objectif national de dépenses d’assurance maladie [ONDAM], ce qu’aucun gouvernement n’avait réussi auparavant.

Dans le projet de l’UMP pour 2012, vous proposez un nouveau contrat de santé aux professionnels et aux patients. Ce contrat viserait à renforcer l’accessibilité géographique et financière des soins. Concrètement comment cela se décline-t-il ?

Il faut garantir à chaque citoyen un accès de proximité à des soins de qualité, avec une prise en charge financière. C’est un engagement que je prends. Pour cela, il faut d’abord lutter contre les dépassements d’honoraires pratiqués par un petit nombre de professionnels en ville ou à l’hôpital, quelque fois l’hôpital public, qui sont largement au-delà du "tact et de la mesure". Pour ceux-là, il faut faire le nécessaire. Nos compatriotes ne peuvent pas comprendre que l’argent soit une barrière à l’accès aux soins, qu’on obtienne un rendez-vous plus vite si on paye plus. Il faut donc que l’assurance-maladie signale les abus aux Conseils départementaux de l’Ordre des médecins, qui devront les sanctionner pour non-respect du "tact et de la mesure" c'est-à-dire pour manquement à la déontologie médicale.

Je souhaite également la mise en place rapide du secteur optionnel. Quelle est l’idée ? C’est de garantir aux patients, sur certaines spécialités techniques, une partie des actes au tarif opposable et une autre partie pour lesquels les dépassements pratiqués seraient plafonnés à 50%. Ces dépassements seraient pris en charge par les complémentaires dans le cadre des contrats responsables. Les médecins sont d’accord, les mutuelles moins. Là aussi, nous avons pris nos responsabilités en sortant les textes nécessaires à la mise en place du secteur optionnel. Sur l’accès géographique, je le dis clairement : je ne crois pas, comme le proposent certains, aux méthodes contraignantes consistant à imposer l’installation des médecins dans les zones déficitaires. Plus exactement, j’entends certaines personnes dire "qu’elles sont pour la liberté d’installation à l’exception de…". Cette position n’est ni claire, ni honnête. Elle conduirait à tarir les vocations et pousserait les médecins vers d’autres métiers ou modes d’exercice. Ce serait considérer que toutes les situations, que tous les territoires sont identiques. Le système de santé  se construit avec les professionnels de santé, pas contre eux.

Pour l’installation des médecins, nous avons augmenté le numerus clausus, mis en place les contrats d’engagement de service public qui permettent aux internes de recevoir une bourse pendant leurs études contre l’installation pendant quelques années dans des zones déficitaires. Nous avons ouvert des stages pour la médecine générale dans des zones déficitaires. Cette politique commence à porter ses fruits et je souhaite en amplifier ses effets. Il y a eu l’année dernière, plus d’installations de médecins en milieu rural, qu’il n’y a eu de départs. Sur l’année scolaire 2010-2011, 146 étudiants se sont engagés à exercer dans une zone déficitaire. Avec le cumul emploi-retraite, en 2011, ce sont plus de 5 100 médecins qui sont demeurés en activité, contre 3 800 en 2010 et 1 500 en 2008. Nous avons créé les maisons de santé pluridisciplinaires pour encourager les professionnels qui ne souhaitent plus travailler seuls à se rapprocher les uns des autres ; ces maisons, demain, pourront accueillir des internes. C’est dans le cahier des charges des ARS [agences régionales de santé, ndlr]. Nous avons développé 230 maisons de santé pluridisciplinaires en 2011, et nous en avons plus de 450 en projet. Je souhaite porter ce nombre à 1 500 d’ici à 2017.

Toujours dans le projet 2012 de l’UMP, il est question du "juste soin". Pouvez-vous définir cette notion et comment la traduisez-vous en mesures opérationnelles ?
Les sociétés savantes produisent des recommandations de bonne pratique. Je souhaite que chaque professionnel s’approprie ces bonnes pratiques pour effectuer le bon acte, la bonne prescription. C’est pour cela que nous avons encouragé la mise en place du développement professionnel continu.

Le projet 2012 entend "revoir en profondeur la loi de santé publique de 2004 notamment en adoptant un projet de loi de santé publique quinquennale. Vous y proposez, entre autres mesures, un plan national sur les maladies infectieuses. Quels en seront les axes et les principales dispositions ?
Avec le plan national de lutte contre le VIH-sida et les IST 2010-2014, nous avons mis 953 millions d’euros sur la table. C’est un financement exceptionnel en période de crise. Je souhaite continuer les plans de santé publique notamment le cancer, Alzheimer, mais aussi mettre en œuvre un plan dédié aux addictions chez les jeunes et la prévention du suicide des jeunes. Ces plans sont toujours élaborés avec les acteurs. J’attache beaucoup d’importance au suivi des objectifs de ces plans.  

En matière de santé, le gouvernement actuel a misé sur la contribution des malades, les taxes sur les labos et les mutuelles et un programme contraignant d’économies pour les hôpitaux. Cette politique a d’ores et déjà des conséquences sur l’organisation des soins et la qualité de la prise en charge des personnes malades, notamment celles atteintes d’une affection de longue durée. On peut le mesurer avec ce qui se passe avec l’AP-HP en Ile-de-France. Quelles sont, selon vous, les limites cette politique et que proposez-vous pour la suite ?
Je ne peux pas laisser dire que les réformes qui ont été engagées se sont faites au détriment des patients. Elles ont eu pour but de réduire le déficit de l’assurance-maladie, qui avait fortement augmenté sous l’effet de la crise. En deux ans, nous avons divisé ce déficit par deux et réduit de 65% le déficit des hôpitaux. C’est indispensable, car tous les pays qui ont retardé ces réformes sont aujourd’hui conduits à des décisions drastiques, et là, au détriment du patient, à l’image des fermetures de blocs en Espagne. Ces réformes ont-elles augmenté le reste à charge des patients ? Non, il a baissé. Ont-elles remis en cause le système fondamental des ALD ? Non, il a été maintenu. Ont-elles conduit à réduit le nombre de personnels médicaux à l’hôpital ? Non, il a augmenté de 6% depuis 2007. D’infirmières ? Non, il a augmenté de 15% sur la même période. Savez-vous que, chaque année, nous avons mis 4 milliards d’euros de plus dans notre système de santé depuis 2007 ? Comment peut-on dire que l’on dépense moins pour l’assurance-maladie qu’avant ? La politique qui a une vraie limite, et qui frappera tous les patients, en particulier ceux qui sont en ALD, c’est la facilité. Celle qui consiste à dire qu’il faut revenir sur toutes les réformes, qu’il ne faut surtout pas parler d’économies, que rien ne doit changer à l’hôpital. Au bout de cette logique, il y aura l’effondrement financier de notre système de santé et une prise en charge de nos malades, en particulier ceux qui souffrent de pathologies chroniques, de moindre qualité. Aucun système de santé n’a d’avenir dans l’immobilisme, tout simplement parce que les besoins des Français dans ce domaine évoluent.

Le projet 2012 de l’UMP indique que vous souhaitez renforcer la démocratie sanitaire. Avec quelles mesures, comptez-vous la faire vivre ? Par exemple, êtes-vous favorables à la participation de représentants d’usagers de la santé dans toutes les instances de santé consultatives comme décisionnaires ?
Nous avons fait beaucoup pour la démocratie sanitaire au cours de ces cinq dernières années. Les patients sont dans les conseils de surveillance des hôpitaux, les patients sont dans les conférences régionales de santé et de l’autonomie, parfois ils président même ces structures. Les conférences de territoires ont des représentants de patients en leur sein. Les Agences Régionales de Santé ont toutes des directions de la démocratie sanitaire. Sur la dépendance, nous avons fait un débat où systématiquement les patients étaient représentés. Notre politique a repositionné le patient au cœur du système. Je souhaite continuer dans cette direction.

Vous vous étiez engagé lors de votre première campagne présidentielle à augmenter de 25 % sur la mandature le montant de l’allocation aux adultes handicapés (ALD). Malgré cette augmentation, les personnes qui en sont bénéficiaires vivent toujours sous le seuil de pauvreté. De nombreuses associations et structures syndicales ou politiques, réunies au sein de Ni pauvre, Ni soumis, demandent à ce que cette allocation soit remplacée par un revenu d’existence aligné sur le SMIC. Etes-vous favorable à cette mesure ? Cela est-il, selon vous, finançable et si oui dans quel système ?
Vous avez raison, nous avons augmenté de 25% l’AAH. Nous avons aussi augmenté le minimum vieillesse de 25%. Depuis le début du quinquennat, nous avons également renforcé l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé : l’ACS a ainsi été doublée pour les personnes âgées de plus de 60 ans et pour les 16-25 ans. Le plafond de ressources qui lui est applicable a été progressivement relevé : le seuil, jusqu’ici situé à plus 25% au-delà du plafond de la CMU complémentaire, a été progressivement porté, jusqu’en 2012, à +30% au-delà de ce même plafond, cette mesure ayant notamment pour objectif social de continuer à inclure dans le champ de l’ACS les bénéficiaires de l’AAH et du minimum vieillesse malgré la revalorisation forte de ces allocations au cours du quinquennat. Une nouvelle revalorisation forte de l’ACS a été opérée en 2012. Au total, les différentes revalorisations permettront à 514 000 personnes supplémentaires de bénéficier de l’ACS (contre 560 000 aujourd’hui). Nous avons pris ces décisions dans un environnement économique sous contraintes, c’était de notre responsabilité.

Le projet Santé de votre parti fait référence à la reconduite des plans nationaux comme celui contre le cancer (reconduit en 2009), celui contre la maladie d’Alzheimer. Que comptez-vous faire sur la question des hépatites (l’actuel plan prend fin en 2012) ? C’est un enjeu de santé publique majeur (environ 500 000 personnes sont atteintes et on compte 4 000 décès par an) notoirement sous financé.
C’est un sujet qu’il faudra regarder avec les professionnels et les associations.

En matière de lutte contre les hépatites et le VIH/sida, des experts, des organisations non gouvernementales réclament la mise en place de mesures qui ont fait leur preuve à l’étranger dont les programmes d’échanges de seringues en prison, les créations de salles de consommation supervisée, l’accompagnement à l’injection, l’auto-prélèvement chez les personnes usagères de drogues (ce qui favorise l’accès aux services de santé). Etes-vous favorable à leur mise en place voire à leur expérimentation ?
En matière de stupéfiants, nous avons trois principes : la prévention, le soin et l’application de la loi. Je rappelle que l’usage de produits stupéfiants est illicite. Le procureur de la République peut engager des poursuites, les peines et sanctions prononcées s’appuient sur le Code pénal. Ces poursuites conduisent souvent à l’injonction thérapeutique ou l’obligation de soins. Notre politique vise également à réduire les risques. Il existe 130 centres chargés de l’accompagnement, de l’aide et de la réduction des risques (Caarud), et 500 centres ambulatoires spécialisés (Csapa) qui travaillent à la réduction des risques. Je rappelle également qu’en France, il y a environ 130 000 patients substitués et 15 millions de seringues stériles distribuées.

Vous proposez aussi dans le cadre du projet de loi sur la santé publique quinquennale un plan national sur les toxicomanies. Pouvez-vous en donner les axes et les principales mesures ?
Il ne s’agit pas d’un plan sur la toxicomanie, mais plus globalement d’un plan sur les addictions chez les jeunes. Les axes seront définis avec les professionnels et les associations. Je prends l’engagement d’y mettre des moyens comme je l’ai fait pour le cancer et pour Alzheimer.

Ces derniers mois, le débat a été particulièrement intense sur la question de la légalisation de la consommation des drogues. Il y a eu des initiatives politiques, des revendications associatives… Selon vous, doit-on revenir sur la loi de 70 et si oui de quelle façon ? Etes-vous favorable à la légalisation et si oui de quoi ? La dépénalisation est-elle, selon vous, une décision de santé publique et quelles limites y mettez-vous ?

Je suis hostile à la dépénalisation de la drogue, en particulier du cannabis.
Concernant l’usage thérapeutique de certaines drogues, notamment le cannabis, aujourd'hui certains pays admettent son utilisation thérapeutique, le plus souvent sous forme de médicament, en complément d'un traitement médical classique, pour ses propriétés anti-douleurs au bénéfice de certains patients qui ne supportent pas les prescriptions habituelles (par exemple anti-vomitifs dans les traitements des cancers et du VIH, glaucome, etc.) Des évaluations sont en cours sur ce point en Europe. L'usage thérapeutique du cannabis, comme celui des autres stupéfiants, ne peut être pratiqué que sous un strict contrôle médical. On ne peut pas, parce qu'un produit est prescrit à certains malades graves, en déduire qu'il n'est pas nocif pour les personnes en bonne santé.

Ces dernières années, les avancées scientifiques en matière de VIH/sida ont été majeures. Paradoxalement, les avancées sociales (meilleure acceptation sociale du VIH, lutte contre les discriminations liées à l’état de santé…) ont été quasi inexistantes. Une récente affaire (celle de Dax, il y a quelques mois) a montré les limites de la loi pénale actuelle en matière de sanction des agressions sérophobes. Etes-vous favorable à ce que la sérophobie soit, comme c’est par exemple le cas pour l’homophobie, sanctionnée par la loi et reconnue comme une circonstance aggravante ?
C’est un sujet qui mérite d’être étudié.

De très nombreux pays ont modifié leur législation concernant la pénalisation de la transmission du VIH. Certains l’ont renforcée (en Afrique…), d’autres l’ont assouplie (Suisse par exemple) notamment avec les avancées scientifiques sur le rôle du traitement en matière de transmission du VIH. On assiste, par ailleurs, à une multiplication des plaintes en France. Ce phénomène vous alarme t-il et si oui comment y répondre ? Cela passe-t-il par une modification de la législation actuelle, d’autres solutions ?
Pour éviter les contaminations, il faut plus de prévention. Néanmoins, lorsque la contamination est utilisée sciemment et compte tenu des conséquences pour la personne contaminée, il faut que la justice puisse faire son travail.

Une nouvelle disposition de la loi LOPPSI 2 instaure le dépistage sous contrainte de personnes présumées séropositives lorsqu’elles ont été en contact avec des dépositaires de l’autorité publique (forces de l’ordre, huissiers…). Cette mesure a été adoptée malgré les mises en garde de la Société française de lutte contre le sida et un avis du Conseil national du sida qui pointent une atteinte aux droits de l’Homme et les effets contreproductifs en matière dépistage alors même que le gouvernement développe un programme d’incitation au dépistage. Doit-elle être conservée ?
Oui je pense qu’il faut conserver cette disposition. La liberté est une chose, le risque de contamination en est une autre. Il faut aussi pouvoir rassurer un dépositaire de l’autorité publique.

Le débat sur la prostitution est animé entre les partisans de l’abolition et ceux qui y sont opposés. Des associations de personnes travailleuses du sexe, de lutte contre le sida et un organisme officiel tel que le Conseil national du sida mettent en avant qu’une abolition de la prostitution voire une pénalisation des clients auraient un impact négatif sur l’accès aux droits et aux soins des personnes qui exercent cette activité et des conséquences en matière de santé publique : obstacles supplémentaires dans l’accès aux structures de soins, de prévention du VIH et des IST, d'accès au dépistage. Etes-vous favorable à cette abolition ? Si oui, pour quelles raisons et si non comment comptez-vous renforcer les droits des personnes concernées, notamment sur les enjeux de santé les concernant ?
La prostitution n’est pas interdite en France, le racolage passif l’est. La loi prévoit de punir sévèrement le proxénétisme. Les clients de prostitués mineurs sont pénalement sanctionnés. J’estime que notre système de santé permet aux prostitués d’avoir accès aux soins et à la prévention. Nous avons également développé l’hébergement d’urgence notamment pour les femmes. Il faut lutter contre le proxénétisme et permettre à celles et ceux qui sont exploités notamment les mineurs de sortir de ce système criminel.


Des organisations non gouvernementales réclament la création d’une taxe sur les transactions financières dite aussi "taxe Robin des Bois" dont le produit permettrait de financer la santé et le développement, la lutte contre la pauvreté et le changement climatique à l’échelle mondiale. Elle n’aurait pas vocation à combler les déficits publics. Etes-vous favorable à cette taxe ? Si oui, comment doit-elle être mise en œuvre ?
La solidarité avec les pays pauvres doit s’exercer. Je vous rappelle que le France joue un rôle important à l’international : la France est le 2ème donateur pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose, derrière les Etats-Unis (Avec 360 millions d’euros par an pour la période 2011-2013). Je suis favorable à l’instauration de cette taxe. Nous la mettrons en œuvre en France et j’ai convaincu nos partenaires européens d’en faire autant.


Cette année, l’épidémie de sida a 30 ans. Concernant cette maladie, qu’est ce qui vous frappe aujourd’hui ?
C’est qu’en trente ans, cette maladie mortelle est devenue une maladie chronique.

AIDES parle souvent à propos de ses militants et de ceux qui luttent contre le VIH/sida de personnes séro-concernées, qui se sentent concernées à des titres divers, de façon plus ou moins directe par le sida. Comme homme, citoyen, militant, candidat à l’élection présidentielle, vous sentez-vous séro-concerné ?
Je pense que chaque Français doit se sentir séro-concerné. C’est une malade très grave. Même si elle est devenue chronique, les traitements sont très lourds. Cette maladie a bouleversé toute une génération. Elle nous a tous beaucoup changés.  

Propos recueillis par Jean-François Laforgerie.

Commentaires

Portrait de frabro

Content de tout ce qu'il a fait, ne répondant pas aux questions directes comme sur la RDR en prison ou l'AAH sous le seuil de pauvreté, , mentant sur la taxe Robin, évitant de répondre sur la prostitution ou la dépénalisation de l'usage de drogue... Pouvons nous nous contenter d'être des sujets qui méritent d'être étudiés ? Nous verrons dimanche soir ce qu'en pensent les français.
Portrait de brw40

C'est la panique à bord ?? Il daigne répondres à un site traitant de minoritées à une semaine du premier tour ??? on récupére le max de voix ??....... Apres 5 ans a jouer le Concordia en prenant l'eau de partout ce coup ci c'est bon il joue le Titanic il cooooooooooule !!
Portrait de jean-rene

A quand Sarko va-t-il prendre sa carte du PS ?