Nouveaux arrivants : au Canada le sida fait tracas !

Publié par jfl-seronet le 06.02.2012
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Au Canada, une loi sur l'accès à l'information permet d’obtenir des documents sensibles et de les rendre publics. Une note adressée au ministre canadien de l'Immigration, Jason Kenney, soutient que les nouveaux arrivants atteints du VIH "posent bel et bien des risques pour la santé publique canadienne" et "sont susceptibles de représenter un fardeau excessif sur le système de santé". Polémique en vue.
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"VIH chez les nouveaux arrivants : Un risque pour la santé publique". C’est le titre de l’article de "La Presse", journal de Québec, le 26 janvier. Dans cet article, le journal explique que Citoyenneté et Immigration Canada, service officiel en charge de l’immigration, s'inquiète dans une note d’information pour le gouvernement "du fait que des personnes porteuses du VIH puissent immigrer au Canada. Comme le rappelle "La Presse", aujourd’hui, "la majorité des personnes atteintes du VIH qui demandent à immigrer au Canada sont admises : de 2006 à 2009, seulement 10% des 4 280 personnes testées positives au VIH ont vu leur demande rejetée. Mais tous les immigrants ne subissent pas un test de dépistage".


En effet, comme l’explique le quotidien, depuis 2002, Citoyenneté et Immigration Canada "ne le demande qu'aux éventuels résidents permanents et à certains résidents temporaires".
L’objectif avancé est celui de la santé publique puisqu’il s’agirait de déterminer si ces personnes "représentent un risque pour la santé ou la sécurité de la population canadienne et si elles risquent d'entraîner un fardeau excessif pour le système de santé". C’est la position officielle présentée par un porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada.
Que dit la note adressée au ministre ? Selon "La Presse", elle précise que le risque que les immigrants soient porteurs du VIH est 10 fois plus élevé que dans la population canadienne. "Les nouveaux arrivants représentent de 15% à 20% des nouveaux cas de VIH recensés annuellement au pays", avance la note. Evidement, ce n’est un mystère pour personne (pas même pour Citoyenneté et Immigration Canada) mais de nombreux candidats à l’immigration sont originaires de pays à revenus limités où généralement l’accès aux soins est, lui-même, très restreint. La note avance donc que ces personnes risquent donc plus de "présenter un stade avancé de la maladie" ou même "de ne pas savoir qu'ils sont atteints".  Par ailleurs, la note explique que certains immigrants séropositifs au VIH sont souvent placés devant "des barrières culturelles et linguistiques qui peuvent retarder leur accès à des soins" au Canada et "faciliter la transmission de la maladie". Ces arguments font débat depuis longtemps, notamment ceux qui sont d’ordre économiques. La note évoque d’ailleurs des coûts financiers supérieurs à la limite admissible fixée à 5 935 dollars canadiens par année et par personne. Comme le rappelle le site d’information de la COCQ-Sida : "le critère du fardeau excessif" s’applique. "C’est ce dernier critère qui est utilisé par les services de l’immigration pour refuser la résidence à une personne vivant avec le VIH pour des raisons médicales, note la COCQ-Sida. Concrètement, ce critère signifie que le Canada ne souhaite pas engager, pour les demandeurs de résidence permanente, des dépenses de santé et de services sociaux supérieures à celles engagées en moyenne pour les résidents du Canada", c’est évidemment valable pour le Québec.


Mais c’est un autre argument qui pose encore plus problème. En effet, selon la note, les nouveaux arrivants représentent aussi une menace pour la sécurité du pays. Et le document officiel de citer deux exemples de ressortissants étrangers ayant fait l’objet d'accusations criminelles pour ne pas avoir fait état de leur séropositivité à des partenaires sexuels. Selon "La Presse", il s’agit d’une ressortissante d'origine thaïlandaise reconnue coupable d'agression sexuelle grave et renvoyée dans son pays en 2010 et d’un réfugié ougandais devenu canadien reconnu coupable de meurtre prémédité, en 2009, après avoir infecté 11 personnes, dont deux sont décédées. Des cas très rares, mais qu’importe.


Alors à quoi sert cette note ? "La Presse" a posé la question au porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada. Pas de réponse. Mais un détail surprend le journal. "La conclusion de la note, presque entièrement censurée, ne permet pas non plus de connaître les intentions du gouvernement canadien".
Le site de la COCQ-Sida propose une fiche très complète qui répond à la question suivante : "Une personne vivant avec le VIH peut-elle immigrer au Canada ?"