PrEP : le Québec dit oui à son tour !

Publié par jfl-seronet le 20.08.2013
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SexualitéPrEP

"Le ministère de la santé et des services sociaux du Québec vient de rendre son Avis [positif] intérimaire sur la prophylaxie pré-exposition au virus de l’immunodéficience humaine, nommée PPrE de ce côté francophone de l’Atlantique [et connue sous le nom de PreP en France, ndlr]", explique Warning Montréal dans un communiqué (22 juillet).

"Même si cette prophylaxie fondée sur un médicament et visant à protéger de l’infection VIH est déjà prescrite par certains médecins dans certaines cliniques québécoises, le présent avis a pour but d’outiller les médecins québécois qui veulent prescrire la PPrE au VIH ou qui sont sollicités pour le faire. Cela peut être le cas lorsque des personnes non infectées mais pour qui le risque d’acquérir le VIH est élevé ne veulent ou ne peuvent pas toujours utiliser les stratégies préventives dont l’efficacité a été démontrée, comme l’utilisation du condom", indique le communiqué de Warning Montréal. L’avis indique que "la prophylaxie préexposition au VIH n’est pas généralement recommandée. Seuls, les médecins ayant une expertise dans l’utilisation des thérapies antirétrovirales devraient envisager, de manière exceptionnelle, l’utilisation de la PPrE chez des clientèles très à risque d’acquisition du VIH". Ainsi, "l’utilisation exceptionnelle de la PPrE pourrait être acceptable lorsque les patients appartiennent à des groupes dans lesquels s’observent des prévalences élevées du VIH et pour lesquels des études ont démontré certains bénéfices", poursuit l’association. Elle précise alors que l’avis destine la PPrE pour les HARSAH [Hommes ayant des relations sexuelles et affectives avec des hommes. On dit HSH en France - Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, ndlr] ayant des relations anales non protégées avec des partenaires VIH positifs ou dont le statut est inconnu ; et les couples sérodiscordants [en France, on parle plutôt de couples séro-différents, ndlr] dont le partenaire VIH positif présente une charge virale détectable".

"Ici, le ministère québécois reconnait implicitement l’efficacité et l’utilité du traitement comme prévention (TasP) dans un couple séro-différent où le partenaire séropositif est traité", se félicite l’association qui note qu’aucun "avis québécois officiel n’a été émis à propos du TasP depuis le Swiss Statement de 2007. En France, c’est le contraire : trois rapports (Conseil national du sida, Rapport d’experts Yeni, rapport Lert/Pialoux) en six ans. Seule convergence de nos deux pays, pas de campagne d’information d’envergure sur le TASP", attaque l’association. "On préfère cultiver le stigmate et la criminalisation du VIH. Maudit TasP ! En tout cas, l’avis PPrE québécois est accueilli favorablement par Warning : toute diversification efficace de la prévention est bonne à prendre PPrE" , indique l’association.

Commentaires

Portrait de Did94

Un Médicament qui vous "Bousille" les Reins à plus ou moins long Terme: il faut arrêter les CONNERIES!!!

1 Seropo qui a pris TRUVADA pendant des Années, dans le cadre de Sa Trithérapie ( Donc pas à Titre PREVENTIF!) et  qui sait de quoi il parle!!!

Le Vécu: il n' y a que ça de VRAI!!!

Donc Truvada: NON, un peu de Sérieux!!!!!

Solidairement.

Portrait de jean-rene

Prendre le risque de se bousiller les reins pour ne pas avoir à prendre de capote, il faut être malade.

Encore une victoire du lobby des barebackers financièrement soutenu par le labo GILEAD.

Portrait de Sophie-seronet

Bonsoir,

Que de jugements hâtifs !

Je dirais que c'est une possibilité de choix qu'on n'a plus quand on est séropositif.

Personne n'est obligé, c'est juste une proposition DE PLUS, quand elle est ACCESSIBLE, et c'est tout.

Aucune opposition au préservatif. Quel rapport d'ailleurs ?

Bises. Sophie

Ps : c'est qui les barebackeurs aujourd'hui ? Les séropos sous traitement avec une charge virale indétectable et maitrisée ou ceux qui ignorent leur sérologie ?

Portrait de jean-rene

Ben si, Sophie. Si un homme met le préservatif, il n'a pas besoin de prendre du TRUVADA. Et c'est pas bon pour le chiffre d'affaire de GILEAD ça.

D'autre part, la PreP s'adresse aux séronegs, c'est à dire à l'immense majorité de la population, et leur propose d'engraisser GILEAD en prenant le risque de se bousiller les reins plutôt que d'utiliser le préservatif.

Les séropos, eux, sont déjà sous traitement et on sait maintenant que, s'ils sont suffisamment observants pour maintenir leur charge virale en dessous de 50 copies, ils peuvent se dispenser d'utiliser le préservatif.

Portrait de skyline

Je sais bien que les laboratoires pharmaceutiques ont en général une vision mércantile et capitaliste des médicaments qu'ils produisent, mais :

1. Savez-vous qu'aux Etats-Unis, où la PrEP est autorisée depuis l'été 2012, Gilead fourni à moindre coût voire gratuitement le Truvada en PrEP à celles et ceux qui en ont besoin (couple sérodifférents dont le partenaire séropo n'est pas traité, car là-bas seulement 1/3 des séropos le sont) et qui n'ont pas les ressources (salaire et/ou assurance santé) pour se le payer : travailleuses et travailleurs du sexe, usagers de drogues à injection, homosexuels pauvres, etc... Et cela dans le cadre d'essai d'implementation en vie réelle ou à travers des organismes de santé communautaire.

2. Les Etats et les associations peuvent faire pression sur Gilead pour qu'il réduise le coût du Truvada (un peu comme il le fait pour les pays pauvres). Et puis, fournir une PrEP en bithérapie comme Truvada à un séroneg pendant une partie de sa vie (on ne prend pas des risques tout le temps tout au long de sa vie) est de toute manière moins coûteux à long terme que de fournir une trithérapie à un séropo toute sa vie (croisons les doigts pour qu'un vaccin thérapeutique arrive un jour).

3. L'usage du préservatif diminue régulièrement (et notamment chez les jeunes gais) pour pleins de raisons (peur du VIH qui diminue, usage de drogue, inconfort physiologique avec la capote, etc) et pour certaines personnes, le leur repprocher ou même les accompagner n'a pas, ou peu d'effet, ou en tout cas pas à long terme. Il est plus facile pour elles de prendre une pilule à tous les jours (comme la pilule contraceptive ou des médicaments contre le diabète) que d'utiliser des préservatifs systématiquement. Que doit-on faire, les priver d'une alternative efficace au préservatif sous des prétextes moraux ? Une santé publique responsable ne doit pas être dans le jugement ou l'injonction, c'est inefficace, ou en tout cas limité. L'exemple de l'échec du tout-préservatif (capote tout le temps en toute criconstance pour tout le monde) nous le prouve. Alors laissons le choix aux personnes qui de toute manière n'utilisent pas ou peu le préservatif ou vivent une forte pression à ne pas le faire (travaileusses du sexe).

4. Les études comme iPrEx sur l'usage du Truvada en PrEP montre que les effets secondaires et notamment sur les reins sont assez limités. Mais comme ils sont possibles, il n'est pas question de vendre du Truvada en PrEP au magasin du coin, mais bien de le faire dans le cadre d'un accompagnement médical (ce que préconise l'avis québécois) où justement les reins vont être surveillés à la loupe.

5. J'ai deux amis séronegs ici à Montréal qui prennent Truvada en PrEP à tous les jours. Le premier depuis plus d'un an car son partenaire est devenu séropositif et le médecin lui a prescrit Truvada le temps que son copain ait besoin d'une trithérapie et obtienne une charge virale indétectable. Etant ensemble depuis plusieurs années, ré-utiliser le préservatif systématiquement dans le couple leur apparaissait illusoire. Il a décidé de continuer la PrEP après que son partenaire soit traité efficacement, car il n'arrive pas à mettre de préservatif tout le temps en dehors de son couple, et qu'il préfère cela plutôt que de trier ses partenaires en fonction de leur statut sérologique ou de leur charge virale (ce qu'il faisait avant en ne baisant sans condom qu'avec des séropos à charge virale indétectable car on n'est jamais sûr d'être vraiment séroneg à cause de la fenêtre de séronconversion). Sa santé est nickel et il n'a eu d'effets secondaires (diarrhées) que le premier mois.

L'autre ami a commencé depuis 3 mois parce qu'il déteste les préservatifs et se bat avec depuis des années. Il n'a aucun effet indésirabe.

6. Douter de l'indépendance vis-à-vis des labos des experts de la Santé publique québécoise n'est pas très sérieux !