Russie : la femme est l’avenir de l’homme !

Publié par jfl-seronet le 27.03.2011
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femmesassociation
D’accord, le nom de l’association n’est pas très sexy : "Unité-Fidélité-Plaidoyer", il n’en demeure pas moins que l’aventure est inédite. En effet, derrière ce nom, se trouve le premier réseau russe de femmes séropositives. Un réseau, qui a été lancé à Saint-Pétersbourg, à la veille de la Journée internationale de la femme. Cette structure est soutenue par l’ONUSIDA. Explications.
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"Les femmes ont besoin d’être aidées pour surmonter leur peur et défendre leurs droits". D’une phrase, Anastasia Solovieva, la responsable de "Unité-Fidélité-Plaidoyer", premier réseau russe de femmes séropositives, situe l’enjeu : améliorer la qualité de vie des femmes touchées par le VIH dans le pays. Ce réseau relie à la fois des organisations et des femmes de différentes régions de Russie. Comme l’explique l’ONUSIDA qui soutient cette initiative, ce réseau "plaide également (…) en faveur de l’élargissement de l’accès des femmes aux traitements, aux soins et au soutien anti-VIH, et à la protection de leurs droits, par l’intégration des services spécialisés dans le VIH". Cette initiative confirme d’une certaine façon les évolutions que l’épidémie a connues ces dernières années. Désormais, la transmission du VIH ne s’effectue plus seulement lors de l’utilisation de drogues injectables (ce qui a été longtemps le cas), mais également par voie hétérosexuelle. Le nombre des femmes vivant avec le VIH s’est également accru en Russie. Responsable du Centre antisida de la Fédération de Russie, Natalya Ladnaya indique que 65 % des infections ayant touché des femmes en 2010 ont eu lieu par contact sexuel. Certaines de ces femmes ont été contaminées par leur mari avant d’apprendre leur séropositivité lors du suivi médical d’une grossesse. Cette situation pourrait s’expliquer par "l’insuffisance des programmes de prévention anti-VIH chez les femmes, et le faible niveau de connaissances sur le virus et les moyens de prévention contre sa transmission", avance Natalya Ladnaya.
"Les femmes insistent rarement sur le fait d’utiliser un préservatif", avance pour sa part
Maria Godlevskaya, directrice d’une organisation non gouvernementale, citée par l’ONUSIDA. "En Russie, pas moins de 95 % des femmes enceintes vivant avec le VIH reçoivent une thérapie antirétrovirale pour empêcher la transmission du VIH à leur bébé", rappelle l’organisme international. La Russie reste confrontée à de nombreuses difficultés dans les domaines de la santé liés à la sexualité et la reproduction. Par exemple, de nombreuses femmes exposées à l’infection au VIH n’ont pas accès aux services de prévention liés à la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME). De plus, nombreux sont les rapports réalisés par des ONG dans plusieurs régions de Russie qui indiquent que de fortes stigmatisations existent dans la société dans son ensemble, mais également parmi les professionnels de la santé, ce qui décourage les femmes enceintes séropositives de se rendre dans les centres de soins. Autant dire que dans un contexte déjà hostile aux femmes séropositives, si ces dernières sont des professionnelles du sexe ou des consommatrices de produits injectables le suivi médical pendant la grossesse et l’accès aux services de PTME tiennent de la mission impossible.
"Nous devons travailler ensemble pour adapter le système de santé aux besoins des femmes affectées par l’épidémie", expliquait, le 7 mars dernier, Anastasia Solovieva, la responsable de "Unité-Fidélité-Plaidoyer". Le soutien de l’ONUSIDA ne sera pas de trop… car il y a du boulot !