Salles d'injections : un Appel pour changer
L'appel publié par dans "Le Monde" (21 janvier) est une pièce de plus au débat,. Ce texte et l'initiative qui l'accompagne (une campagne de signatures) devraient susciter de nouvelles réactions. "Si la politique de réduction des risques (mise à disposition de seringues, traitement de substitution…) a montré son efficacité en diminuant les taux d'infection par le VIH [et d'infections par le virus de l'hépatite C, peut-on ajouter] et le nombre d'overdoses chez les usagers de drogues, elle ne peut éviter la persistance de consommation dans les lieux publics par des usagers de drogues très précarisés", écrivent les auteurs de l'Appel qui dénonce le fait que la "répression qui s'abat sur ces usagers les plus exposés qui sont aussi les plus touchés par les maladies infectieuses (…) amplifie les prises de risque en les éloignant des dispositifs sociosanitaires et en les enfermant encore un peu plus dans leur statut d'exclus."
Pour les auteurs de l'Appel, il n'y a pas trente six solutions : il faut que "la politique française [s'appuie] sur celles de nos voisins européens et expérimente des salles de consommation de drogues à moindres risques." L'Appel affirme que c'est "une vraie réponse d'accompagnement sanitaire, social et éducatif, et non des lieux de perdition comme certains s'évertuent à le redouter." Cet argument a notamment été avancé par des élus UMP franciliens dont des candidats aux élections régionales en Ile-de-France. Pourtant comme le rappelle l'Appel, les exemples étrangers (en Suisse, en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Norvège, au Canada ou en Australie notamment) montrent que les salles d'injection supervisée sont efficaces dans plusieurs domaines : la prévention, la thérapie et la réintégration, la réduction des risques et l'aide à la survie, la répression et le contrôle.
"Malgré l'existence de programmes de substitution à l'héroïne (Subutex et méthadone) et la distribution de matériel d'injection stérile, la France, elle, n'a jamais franchi le pas des salles de consommation. Pourtant, de nombreuses problématiques persistent, telles la contamination par le virus de l'hépatite C des injecteurs et des "crackers", l'errance et la difficulté d'accès aux dispositifs de soins des populations les plus précarisées, la consommation de rue et les nuisances qu'elle engendre pour les riverains", notent les auteurs du texte. Ils considèrent que ce sont des échecs qui les amènent "aujourd'hui à demander la mise en place, le plus rapidement possible et à titre expérimental, de salles de consommation de drogues à moindres risques à Paris." Selon eux, cette mesure est indispensable pour "la santé des usagers les plus précaires, pour prévenir la propagation de l'épidémie d'hépatite C qui fait chaque année plusieurs milliers de morts parmi les usagers français, mais aussi pour la tranquillité et la sécurité des habitants des quartiers concernés. Pour une politique à la fois plus humaine et plus efficace, basée sur des preuves scientifiques et affranchie des barrières idéologiques."
Par ailleurs, en complément de cet appel, une pétition pour l'expérimentation de salles de consommation à Paris est disponible sur le site d'ASUD.
(1) Cet appel a été signé par des responsables associatifs comme Pierre Chappard (coordinateur du collectif "Une salle de consommation à Paris"), Fabrice Olivet (directeur d'ASUD, Autosupport des usagers de drogues), Jean-Pierre Couteron (président de l'Association nationale des intervenants en toxicomanie et en addictologie), Safia Soltani (co-présidente d'Act Up Paris) et de personnalités politiques comme les députés Michel Heinrich (UMP), Noël Mamère (Verts), etc.
Plus d'infos sur http://www.asud.org/
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salle d'injection propre en france
Canada, Vancouver à la pointe