Salles d'injections : un Appel pour changer

Publié par jfl-seronet le 27.01.2010
2 815 lectures
Notez l'article : 
0
 
Ces dernières semaines, sur fonds d'élections régionales, un débat, parfois vif, s'est noué entre candidats et élus du PS, de l'UMP et des Verts à propos du projet d'instaurer sur Paris des salles d'injection supervisée. Crispations, caricatures, mauvaise foi, solides arguments de santé publique et de réduction des risques… on a tout entendu ou presque. Le 21 janvier, un appel en faveur des "salles d'accueil et de consommation de drogues à moindres risques" a été publié dans "Le Monde" (1). Extraits.

L'appel publié par dans "Le Monde" (21 janvier) est une pièce de plus au débat,. Ce texte et l'initiative qui l'accompagne (une campagne de signatures) devraient susciter de nouvelles réactions. "Si la politique de réduction des risques (mise à disposition de seringues, traitement de substitution…) a montré son efficacité en diminuant les taux d'infection par le VIH [et d'infections par le virus de l'hépatite C, peut-on ajouter] et le nombre d'overdoses chez les usagers de drogues, elle ne peut éviter la persistance de consommation dans les lieux publics par des usagers de drogues très précarisés", écrivent les auteurs de l'Appel qui dénonce le fait que la "répression qui s'abat sur ces usagers les plus exposés qui sont aussi les plus touchés par les maladies infectieuses (…) amplifie les prises de risque en les éloignant des dispositifs sociosanitaires et en les enfermant encore un peu plus dans leur statut d'exclus."


Pour les auteurs de l'Appel, il n'y a pas trente six solutions : il faut que "la politique française [s'appuie] sur celles de nos voisins européens et expérimente des salles de consommation de drogues à moindres risques." L'Appel affirme que c'est "une vraie réponse d'accompagnement sanitaire, social et éducatif, et non des lieux de perdition comme certains s'évertuent à le redouter." Cet argument a notamment été avancé par des élus UMP franciliens dont des candidats aux élections régionales en Ile-de-France. Pourtant comme le rappelle l'Appel, les exemples étrangers (en Suisse, en Allemagne, en Espagne, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Norvège, au Canada ou en Australie notamment) montrent que les salles d'injection supervisée sont efficaces dans plusieurs domaines : la prévention, la thérapie et la réintégration, la réduction des risques et l'aide à la survie, la répression et le contrôle.


"Malgré l'existence de programmes de substitution à l'héroïne (Subutex et méthadone) et la distribution de matériel d'injection stérile, la France, elle, n'a jamais franchi le pas des salles de consommation. Pourtant, de nombreuses problématiques persistent, telles la contamination par le virus de l'hépatite C des injecteurs et des "crackers", l'errance et la difficulté d'accès aux dispositifs de soins des populations les plus précarisées, la consommation de rue et les nuisances qu'elle engendre pour les riverains", notent les auteurs du texte. Ils considèrent que ce sont des échecs qui les amènent "aujourd'hui à demander la mise en place, le plus rapidement possible et à titre expérimental, de salles de consommation de drogues à moindres risques à Paris." Selon eux, cette mesure est indispensable pour "la santé des usagers les plus précaires, pour prévenir la propagation de l'épidémie d'hépatite C qui fait chaque année plusieurs milliers de morts parmi les usagers français, mais aussi pour la tranquillité et la sécurité des habitants des quartiers concernés. Pour une politique à la fois plus humaine et plus efficace, basée sur des preuves scientifiques et affranchie des barrières idéologiques."
Par ailleurs, en complément de cet appel, une pétition pour l'expérimentation de salles de consommation à Paris est disponible sur le site d'ASUD.


(1) Cet appel a été signé par des responsables associatifs comme Pierre Chappard (coordinateur du collectif "Une salle de consommation à Paris"), Fabrice Olivet (directeur d'ASUD, Autosupport des usagers de drogues), Jean-Pierre Couteron (président de l'Association nationale des intervenants en toxicomanie et en addictologie), Safia Soltani (co-présidente d'Act Up Paris) et de personnalités politiques comme les députés Michel Heinrich (UMP), Noël Mamère (Verts), etc.
Plus d'infos sur http://www.asud.org/

Commentaires

Portrait de estelle

...Plus de quinze ans après l'ouverture de la première salle d'injection propre en france réalisée par asud montpellier, ouverte le 6 octobre 1994 et fermée en à 1995, à montpellier, , la polémqiue existe encore...Et pourtant tant d'UDVI se retrouvent dans la rue, les squatts, dans les cages d'escaliers, à la vue de tous, à devoir s'injecter des substances classées licites ou classées illicites et dans des conditions d'hygiène, souvent hélas déplorables... Nous sommes en 2010, rien n'a changé, les consommateurs existent toujours puisque la drogue existe toujours (vérité de la palice !), que ce soient des hommes ou des femmes, des jeunes ou des vieux sans aucune distinction ni discrimination... Rien n'a changé puisqu'il n'existe toujours aucune interdiction ni autorisation de s'injecter des substances licites ou illicites, juste mentionné que c'est un détournement d'usage pour les substances classées licites. Rien n'a changé, la loi de 1970 concernant l'interdiction d'utiliser des drogues illicites reste punissable en france, et de ce fait met tout simplement en contradiction la politique de réduction des risques qui permet de faire de l'échange de seringues avec une loi qui interdit d'avoir des objets contenant des traces de substances classées illictes.. Dans ces conditions toutes les associations pratiquant la politique de réduction des risques avec l'échange de seringues depuis la fin des années 1980 sont donc tout simplement hors la loi....et met donc le ministère de la santé en contradiction avec le ministère de la justice...Kafkaien... ... Asud montpellier a simplement voulu par l'ouverture de sa salle d'injection propre d'éviter que des personnes shootent n'importe où, et aussi de pratiquer une véritable politique de réduction des risques pour éviter que des UDVI se retrouvent avec des maux inutiles... certes cette salle a suscité beaucoup de remous auprès des professionnels de santé, associatifs et autres, certes cette salle a été réalisée avec les moyens du bord mais elle a eu le mérite d'exister... Alors pourquoi ne pas s'impliquer entendre de nouveau la voix d'asud de soutenir cette nouvelle initiative et pour les moins convaincus il serait juste qu''ils se rendent sur le terrain pour comprendre à quel point il faut ouvrir des salles d'injection propre. Une pensée à tous ceux qui ne sont plus là pour témoigner....