Suicide, acte de courage ou de lâcheté ?
Réalisée auprès de 778 patients séropositifs de 5 cliniques londoniennes (dont près de la moitié d’origine étrangère, 67% de Blancs et 65% d’homosexuels), l’étude de Lorraine Sherr et son équipe les invitait à remplir un questionnaire exhaustif sur leur santé et leur bien-être psychologique. 31% des personnes interrogées ont déclaré avoir eu des idées suicidaires dans la semaine précédant l’entretien, 5% constamment et 11% fréquemment. Les hommes hétérosexuels et les personnes d’origine étrangère y étaient beaucoup plus sujets que les femmes hétérosexuelles ou les homosexuels. Des résultats “alarmants” pour les auteurs de l’étude qui estiment que la prévention du suicide devrait faire partie intégrante des soins de routine. Et ce, même s'ils reconnaissent que leur échantillon n’était pas représentatif de l’ensemble des personnes vivant avec le VIH.
Acte de courage pour les uns, de lâcheté pour les autres, le suicide est, de fait, rapidement apparu sur les forums de Seronet. Florilège.
“Ceux qui n’ont jamais souffert de douleurs ne peuvent pas s’imaginer à quel point la douleur physique peut être une vraie torture. Je garde toujours en réserve des médicaments pour me suicider si mon médecin m’annonçait que j’étais atteint d’un trouble qui va me faire dépérir dans la plus grande souffrance. Dans ce cas, le suicide est un acte courageux. Mais s’enlever la vie à cause de la déprime est un acte de désespoir.”
Jaypeeboy33
“J’ai déjà fait une TS (tentative de suicide) parce que c’est une très longue et atroce souffrance psycho que l’on vit au quotidien, une vraie torture. S’enlever la vie pour un cancer, la déprime ou tout autre maladie qui crée une atroce souffrance est toujours un acte de désespoir.”
Munny
“Qui sont ceux qui jugent sans savoir ? Ma sœur, qui avait un an et demi de moins que moi, se délectait à me faire la morale, ne comprenant pas. Mais le cancer du sein est venu chambouler ses convictions et ses certitudes : 2 années de combat avec tout son cortège de maux divers, d’incertitudes, d’espoir, de rémissions et de rechutes. Elle est partie bien vite. Dommage qu’il lui ait fallu cela pour qu’elle me comprenne et ne me juge plus !”
Pamelos
“Depuis 3 ans, je bascule dans la déprime. Et pourtant, ce n’est pas ma nature, je suis un réel bon vivant et le VIH n’est pas un souci pour moi. Mais actuellement, je suis très fatigué, un peu désespéré, je me renferme et j’avoue penser au suicide. J’ai aussi mon stock de médicaments pour le jour où la souffrance et ma vie seront devenues insupportables. On peut penser, réfléchir, analyser, mais s’il y a une chose que l’être humain ne peut faire, c’est affirmer ce qu’est le suicide, encore moins à la place de l’autre.”
Jako44
“Qui sait mieux que moi ce qui me convient ? Je n’ai pas beaucoup de certitudes sur cette question, seulement celle du respect du choix, de celui qui veut rester en vie quoi qu’il en coûte, comme de celui qui préfère mettre un terme à sa vie.”
Pozguy
“Quand la souffrance (physique ou psycho) est insupportable, le but est juste que ça cesse. Prendre cette décision n’est plus un choix mais la seule issue que l’on voit. En 1986 pour moi, ce fut la défenestration du 4e. Pas de bol ou l’inverse, je suis retombée sur mes pieds, colonne fracturée et multiples autres cassages. Deux ans d’hosto et de rééduc et le train est reparti cahin caha. Les séquelles de mes TS sont là, tous les jours on fait avec.”
Maya
“Il n’y a ni courage ni lâcheté dans le suicide, il n’y a que de la souffrance, quelle soit physique ou morale. Il peut arriver qu’on se sente dépassé, fatigué, et qu’on arrive à un point de saturation où le suicide s’avère être la seule solution pour avoir enfin la paix. Avons-nous le droit de juger l’autre pour son acte ou avons-nous simplement peur d’être jugé parce qu’on a été sourd, aveugle, et qu’on aurait peut-être pu éviter un drame ?”
Shadow
Source : AIDS. 22(13):1651-1658, August 20, 2008.
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