Traitement comme prévention chez les gays : participez à l’étude PARTNER

Publié par Renaud Persiaux le 10.09.2012
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SexualitéPartner

La quasi-totalité des médecins s’accorde à dire que le traitement anti-VIH (TasP) est un moyen de prévention efficace chez les gays. Mais quel est précisément le niveau de risque résiduel dans la vraie vie ? Pour le savoir, AIDES a décidé de s’investir dans l’étude européenne PARTNER (1). Objectifs et modalités pratiques pour les couples gays séro-différents qui voudraient y participer…

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Le traitement antirétroviral des personnes séropositives comme moyen de prévention (TasP), c’est quoi ?
Publiés en 2011, les résultats de l’essai clinique randomisé HPTN 052 - le top du top au niveau des preuves scientifiques – sont venus confirmer l’avis suisse de 2008. Selon lequel : "Les personnes séropositives ne souffrant d’aucune autre MST et suivant un traitement antirétroviral efficace ne transmettent pas le VIH par voie sexuelle", avec un risque résiduel de transmettre le VIH lors de rapports sexuels sans préservatifs "nettement inférieur à 1/100 000". HPTN 052 comparait l'impact d'une mise sous traitement antirétroviral précoce avec une mise sous traitement à moins de 250 CD4/mm3 (recommandations générales à l’époque), sur le nombre de contaminations au sein des couples hétérosexuels. Résultat : une réduction d’au moins 96 % de la transmission du VIH. La quasi-totalité des transmissions observées a en effet eu lieu chez les personnes dont le partenaire n’était pas traité : 28 sur 29 transmissions (ce rapport donne le chiffre de 96 %). L'essai montre que l'utilisation du traitement sur la durée fait mieux que le simple conseil d'utiliser des préservatifs sur la durée, ce que les gens ont du mal à faire. La seule transmission observée à partir d’un partenaire traité (qui donne 96 % et non 100 %) a eu lieu au moment de la mise sous traitement (juste avant ou juste après). Donc avant que le traitement n’ait permis de réduire la charge virale. Le chiffre de 96 % concerne donc une réduction du risque de transmission du simple fait de la mise sous traitement (sans considérer les critères de l’avis suisse). L’ONUSIDA et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estiment qu’il faut s’"assurer que les couples ont la possibilité de choisir le traitement comme prévention et qu’ils y ont accès". Les deux organismes voient dans le TasP une incitation au dépistage, à la discussion autour du statut sérologique et des options de prévention avec les partenaires, un encouragement à être suivi médicalement et un levier pour réduire les stigmatisations et les discriminations qui entourent le VIH. A ce jour, on n'a encore jamais scientifiquement documenté des cas de transmission liés à une personne dont la charge virale est indétectable.

Que sait-on de l’intérêt du TasP chez les gays ?
On n’a pas d’essai randomisé comme il en existe chez les hétéros (HPTN 052 a seulement suivi 3 % de couples gays). Mais d’autres études suggèrent que c’est une méthode tout à fait valable… surtout en respectant les critères de l’avis suisse : traitement efficace depuis au moins six mois donc charge virale indétectable depuis au moins six mois, pas d’infections sexuellement transmissibles (IST), très bonne observance aux traitements. Dans le cas contraire, le risque résiduel est susceptible d’augmenter. Pour Michel Ohayon, médecin, directeur du 190, premier centre de santé sexuelle français, "il n’y a pas de raison biologique que l’effet préventif ne s’applique pas" chez les gays. Le médecin déclare (comme le professeur Alain Sobel, de l’Hôpital Henri Mondor, à Créteil), avoir dans sa patientèle de nombreux couples gays sérodifférents qui ont arrêté l’usage du préservatif. Le professeur Christine Rouzioux (virologue à l’Hôpital Necker-Enfants malades, à Paris), le confirme : "Homo couple stable, c’est comme hétéro couple stable". Mais ces données ne satisfont pas nécessairement tout le monde, malgré l’excellente corrélation entre charge virale du sang, charge virale spermatique, et l’absence d’effet de la présence d’IST sur la charge virale du rectum.

Pourquoi l’étude Partner est-elle importante auprès des gays ?
Le lancement de l’étude PARTNER (qui inclut des couples hétéros et des couples gays) a été programmée avant la publication des résultats de l’essai HPTN 052, qui a eu lieu cinq ans avant la date prévue initialement. Désormais, puisqu’on dispose de bonnes données chez les hétérosexuels, son principal intérêt est d’apporter des infos sur l’efficacité du TasP chez les gays. Si on parvient à inclure suffisamment de couples gays sérodifférents, l’étude Partner donnera, d’ici à 2015, des éléments intéressants. Ces nouvelles informations vont permettre d’affiner le niveau de risque résiduel (risque subsistant après que des mesures de prévention ont été prises) au niveau individuel, ce qui favorisera une meilleure appropriation de cette technique de réduction des risques par les couples.

Où en est le recrutement des participants ?
Gays et hétéros compris, l’objectif final est de suivre 1600 couples dans l'étude. Mais moins de couples que prévu ont été inclus dans l’étude à ce jour. La France dispose déjà de quatre sites pour cette étude : l’Hôpital de l’Archet à Nice, l’Hôtel Dieu à Nantes, l’Hôpital Tenon et le centre de santé sexuelle "Le 190" à Paris. Sur un objectif de 130 couples en France, seuls 52 étaient inclus début septembre 2012. AIDES sera considéré comme un cinquième site unique même si on pourra entrer dans l'étude par dix villes différentes. Au niveau européen, au printemps dernier, seul un tiers des couples inclus étaient des couples gays. Pour cette raison, et parce que les données chez les hétérosexuels sont déjà de très haute qualité scientifique, AIDES a décidé de n’inclure que des couples gays.

Comment participer ?
Les villes où il sera possible de participer à l’étude via AIDES sont les suivantes : Marseille, Nice, Montpellier, Bordeaux, Nantes, Paris, Strasbourg, Lille, Lyon, Rennes. Le mail contact est etude-partner "@" aides.org.

Vous êtes éligible pour participer à l’étude PARTNER, avec votre partenaire :
- si l’un d’entre vous est séropositif et suit un traitement et si l’autre est séronégatif,
- si vous avez eu des rapports sexuels non protégés ensemble au cours du mois dernier,
- si vous envisagez d’avoir de nouveaux rapports ensemble au cours des prochains mois.

Est-ce contraignant ?
Non, Partner est une étude d’observation de cohorte. C’est-à-dire le suivi sur une longue durée d’un groupe. On suit le groupe et l’on voit ce qui s’y passe. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’intervention, et le moins de contraintes possible pour les participants.

Tous les 3 à 6 mois pendant une durée allant d'un à deux ans :
- le partenaire séropositif devra répondre à des questionnaires sur le comportement sexuel qu’il a avec son partenaire ;
- le partenaire séronégatif devra répondre à un questionnaire sur son comportement sexuel et passer un test de dépistage du VIH.

Les questionnaires seront remplis seul et en toute confidentialité. Ils ne seront divulgués à personne. Les chercheurs du centre de coordination de l’étude ne verront pas votre nom, mais uniquement un code de référence qui garantit ainsi l’anonymat.

Dans le cas où le partenaire séronégatif deviendrait séropositif au cours de l’étude, il serait demandé aux deux partenaires de fournir un prélèvement sanguin pour comparer les deux virus et vérifier si la transmission a bien eu lieu au sein du couple et pas avec un partenaire extérieur au couple. Cependant, ces tests seront effectués de manière anonyme, c’est pourquoi les résultats de cette comparaison ne pourront vous être communiqués, ni à vous ni à votre partenaire. Vous pourrez cependant vous rapprocher de vos équipes soignantes.

Pourquoi participer ?
En prenant part à cette étude, vous contribuerez à approfondir les connaissances sur la transmission du VIH, ce qui pourra vous être utile, ainsi qu’à d’autres personnes. En savoir plus sur l'étude.


(1) L’étude PARTNER est financée par l’Institut national de la recherche  dans le domaine de la santé (NIHR) en Angleterre et réalisée en coopération avec l’hôpital Royal Free de Londres et le Copenhagen HIV Programme (CHIP). Les pays participants sont : Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Italie, Portugal, Espagne, Suède, Suisse, Pays-Bas, Royaume-Uni. AIDES a décidé d’y participer gracieusement.

Commentaires

Portrait de BD92110

Info à faire circuler .... 
Portrait de Amar

Dommage qu'il n'y ait pas Toulouse dans les villes proposées.

Justement aujourd'hui c'est analyse et test pour moi, pour savoir si tt va bien et si je suis encore séronégatif..

Si cette étude peut aider a faire baisser ce stress là, ce serait déja un grand pas pour un couple sero discordant.

Portrait de jeffp75

Si tu permets Amar, je préfere le terme de sérodifférent à discordant.... lol

j'aime aussi le terme Québéquois qui parle de couple magnétique ....

en ce qui me concerne, les tests sont pour jeudi !

biz 

Portrait de Amar

Tu as raison de changer ce terme 'médicalisé' , tant que l'on se comprend c'est l'essentiel.

Par contre je ne vois pas trop le rapport entre couple Québéquois et couple magnétique..? Si tu veux m'eclairer le noir de mon icompréhension ce sera avec plaisir!

Sinon j'ai eu mes résultats et tout va bien, (OUF!!) si ce n'est du mauvais cholestérol a cause de mon addiction au sucre!

Bon courage pour Jeudi, perso a chaque test je me dis mieux vaut savoir vite que de s'enfermer dans une prison d'attente d'espoir et/ou de desespoir.

Tiens nous au courant,

Bien à toi

Amar 

Portrait de Koros

        Les mots ont parfois leur petite importance. Pour ma part, je ne sais pas dire SIDA pour qualifier la maladie, je parle toujours de V.I.H, je trouve que c'est plus "joli", ça sonne mieux que le premier.SIDA pour moi à un sens péjoratif. Je déteste ce mot.

Portrait de jeffp75

au Québéc les couples sérodifférents sont dit" magnétiques"

allusion au pôles positif et négatif qui s'attirent comme un courant électrique..

On peut trouver ça neuneu mais je trouve ça chouette  de voir que l'attirance et l'amour se fiche d'un statut vih ! 

Si jamais je demeure séronégatif, je ne m'interdirai jamais de faire l'amour parce qu'un garçon est séropositif ( dans la mesure ou l'on se protège et idéalement qu'il se soigne pour rendre sa charge virale indetectable ) 

de toute façon, dans ma vie quotidienne, j'ai pas le choix:  mon beau mari est hiv + !

Et  pour des extras .... ben je suis contre toute forme de discrimination !!! Moqueur

Et pour rejoindre mr pomme de terre (lol) autant vih je gère, autant j'ai du mal avec SIDA...  

allez savoir pourquoi !! ( en fait si je me souviens dans les années 80 le mot SIDA en grosses lettres majuscules écrit en rouge sur une couv de magazine ... trés stigmatisant !!)