UNITAID : le faux pas français !

Publié par jfl-seronet le 02.01.2015
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Mondeunitaid

25 millions d’euros en moins pour UNITAID : plusieurs associations (1) dénoncent une "baisse historique de la contribution de la France à la lutte mondiale contre le sida et les grandes pandémies". Elles pointent, une fois encore, le mensonge des autorités françaises. Explications et réactions.

"Dans un courrier en date du 8 décembre 2014, le ministère des Affaires étrangères a officialisé une baisse de 25 % de la contribution annuelle de la France à UNITAID, leader mondial de la baisse des prix des médicaments et de la prise en charge des enfants séropositifs", expliquent les associations (1). "Cette décision n’a pas fait l’objet d’une annonce en fanfare, et pour cause : elle signe un revers historique dans la bataille mondiale contre le sida, et le sacrifice de centaines de milliers de vies sous prétexte d’austérité budgétaire", dénoncent-elles. "C’est en effet la première fois depuis l’apparition du virus du sida qu’un gouvernement décide de baisser la contribution de la France à la lutte mondiale contre l’une des pandémies les plus mortelles de l’histoire de l’humanité. 40 millions de morts en 30 ans selon l’ONU. Et ce en avançant un faux prétexte : celui de la rigueur budgétaire. Depuis plusieurs années, les organisations non gouvernementales se mobilisent pour augmenter les marges de manœuvre budgétaires de la France contre le sida, via les financements innovants comme la taxe sur les billets d’avion et la taxe sur les transactions financières. Deux dispositifs qui lèvent aujourd’hui plus d’un milliard d’euros de recettes fiscales supplémentaires par an pour la France. Sur les recettes de la taxe avion, spécialement créée pour financer UNITAID, seuls 110 millions d’euros devaient revenir cette année à la lutte contre les pandémies. Une portion congrue qui sera encore réduite de 25 millions d'euros dès 2014. 25 millions d’euros par an : une goutte d’eau dans le budget annuel, le prix des traitements de 200 000 enfants séropositifs".

Une décision incompréhensible

Pour les associations, cette "décision est d’autant plus incompréhensible que la communauté internationale est à un tournant dans la lutte contre l’épidémie : si des efforts massifs sont consentis dans les cinq prochaines années, la fin du sida est possible en 2030 – sinon, l’épidémie rebondira encore plus fort – et coûtera encore plus cher. Alors que la crise Ebola montre l’indispensable mobilisation de l’ensemble des acteurs de la communauté internationale pour renforcer la santé dans les pays pauvres, et que les marges de manœuvre budgétaires existent pour augmenter les efforts, il est inconcevable que le gouvernement rogne dans des financements à l’impact sanitaire majeur. Les gouvernements précédents l’avaient compris, ils avaient tous contribué à augmenter les efforts de la France dans le combat contre une épidémie globale. Dernier exemple en date, Nicolas Sarkozy qui avait augmenté de 20 % la contribution de la France au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Le Président François Hollande s’est pour le moment contenté d’envoyer le 1er décembre (Journée mondiale de lutte contre le sida) un message d’espoir et de soutien aux malades du sida du monde entier, avant, 8 jours plus tard, de laisser le ministère des Affaires étrangères priver 200 000 d’entre eux de traitements vitaux. Les ONG rappellent aujourd'hui à François Hollande qu’il est encore temps de revenir sur cette décision extrêmement grave".

VIH : EELV se joint aux associations pour dénoncer la baisse

Dans un communiqué, mi décembre, Europe Ecologie Les Verts exprime "sa profonde indignation suite à la décision de la France de baisser sa contribution annuelle à UNITAID". "C’est tout simplement la première fois en 30 ans que la France acte une baisse de ses engagements pour contrer le virus du Sida qui fait chaque année 1,5 millions de morts. Cette baisse est d’autant plus inacceptable qu’elle équivaut à la prise en charge des traitements de 200 000 enfants séropositifs. Cela envoie un signal terrible et regrettable au moment où tous les efforts internationaux doivent plus que jamais être consentis et mis en œuvre pour espérer enrayer définitivement l’épidémie dans les années à venir. Au delà de la charge symbolique, la lutte contre le sida ne peut pas subir les conséquences de calculs austéritaires irréfléchis ou la confusion des genres en reportant ces fonds à la lutte contre le virus Ebola, qui consisterait à mettre en concurrence de manière absurde les pandémies entre elles. D’autres sources de financement sont par ailleurs disponibles, comme la taxe sur les transactions financières si nécessaire pour lutter contre la spéculation, et que la France a abandonné deux fois en rase campagne. Au-delà de ses effets bénéfiques sur la régulation de la spéculation, cette taxe pourrait rapporter jusqu’à 34 milliards d’euros et abonder ainsi le budget destiné aux pays du Sud et à la solidarité internationale", indiquent les écologistes qui "appellent de leurs vœux le gouvernement à revenir sur cette décision particulièrement grave, et apporte son soutien à toutes les associations de lutte contre le Sida qui expriment aujourd’hui leur colère".

(1) AIDES, Coalition PLUS, Act Up Paris, ONE France, Oxfam France, Solidarité Sida, Sidaction et Solthis.