VIH et droits LGBTI : l’ONUSIDA s’alarme et propose

Publié par jfl-seronet le 07.06.2014
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Droit et socialHomophobie d'Etatégalité d'accès à la santé

Constat simple, imparable : plus les minorités sexuelles sont menacées, notamment par des lois qui criminalisent l’orientation sexuelle ou ont un impact négatif sur l’identité de genre, plus il leur est difficile de ne pas s’exposer au risque d’infection par le VIH. Cette triste équation était au centre d’une récente consultation de l’ONUSIDA sur "le VIH et les droits de l'homme des personnes LGBTI".  Cris d’alerte et propositions.

"Identifié comme gay en Inde, une récente décision de la Cour suprême a criminalisé mon existence. Cela réduit à néant une riposte durable au VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes et les populations transgenre". Ces mots ont été prononcés par Pallav Patankar, militant au Humsafer Trust, lors d’une consultation organisée par l’ONUSIDA, mi mai, sur le lien entre les discriminations dont sont victimes les personnes LGBTI et leurs risques d’être exposé-e-s au VIH. Dans le langage de l’ONUSIDA, il s’agissait d’une "consultation politique et stratégique informelle".

"De manière générale, les gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes ont 13 fois plus [de probabilité] d'être infectés par le VIH et les personnes transsexuelles 19 fois plus", rappelle le communiqué de l’agence onusienne à l’issue de la réunion qui s’est déroulée les 15 et 16 mai derniers.

Des réponses à court, moyen, long termes

"Les résultats émanant de plusieurs projets de suivi montrent que là où il y avait criminalisation des populations LGBTI il y avait également une augmentation de la peur dans les communautés, plus de craintes que les professionnels de santé puissent les dénoncer, des cas toujours plus nombreux de gangs organisés menaçant et extorquant les personnes sur la base de leur orientation sexuelle et plus d'agressions physiques". L'objet de cette consultation était de "développer des stratégies pour répondre aux différentes difficultés des droits de l'homme et de santé en relation avec le VIH auxquelles les personnes LGBTI étaient confrontées". "Des interventions de gestion et de prévention de crise à court terme ont été explorées ainsi que des programmes et des politiques durables à long terme pour améliorer l'accès aux services de santé des communautés LGBTI", explique l’ONUSIDA. Etaient présents à cette réunion des chargés de programmes, des militants, des dirigeants religieux, des défenseurs des droits de l'homme, des donateurs et des représentants d'organisations des Nations Unies de pays et régions du monde entier, y compris des Caraïbes, d'Inde, du Kenya, du Nigéria, de la Fédération russe, de Suisse, d'Ouganda, des Etats-Unis et de Zambie.

Quels résultats ?

Dans le communiqué, l’ONUSIDA explique que "les participants en appellent à l'ONUSIDA pour aider à lutter contre les tabous largement répandus et les fausses idées qui conduisent à des approches punitives et à la stigmatisation". Du grand classique ! La tenue même de cette consultation montre pourtant l’évidence : les discours (pourtant fréquents et plutôt argumentés) tenus par l’institution onusienne n’ont qu’un effet limité contre les politiques homophobes, voire pas. Evidemment, on pourrait toujours se dire que ce serait pire si l’ONUSIDA n’était pas là. Autre idée : les participants ont également demandé à l'ONUSIDA de s'exprimer contre la discrimination dans les communautés et les services de santé qui est un obstacle majeur pour que les personnes aient accès aux services anti-VIH.

Il a aussi été question de "construire de larges coalitions", au niveau des pays, dans les groupes confessionnels, universitaires, les réseaux de femmes et autres défenseurs des droits de l'homme contre la marginalisation et l'exclusion en raison de la race, de l'ethnie, de la religion, etc. Ah oui, il faut aussi que les grandes institutions aient plus de liens entre elles… sont visées la Commission africaine des droits de l'homme et des personnes ainsi que la Commission interaméricaine des droits de l'homme, travaillant sur les questions de santé et des droits LGBTI et qui, selon le constat de cette consultation, gagneraient à travailler plus ensemble. Comme on le voit... pas de grandes avancées.