VIH : le Mali, victime du putsch

Publié par jfl-seronet le 06.04.2012
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coup d'état
Le Mali traverse, depuis le putsch du 22 mars dernier, une période particulièrement inquiétante et difficile. La vie est bouleversée et la lutte contre le sida également. En témoigne, le docteur Bintou Dembele, directrice d’ARCAD/SIDA, une des plus importantes associations de lutte contre le sida du pays, dans un message adressé à ses partenaires de Coalition PLUS et une interview au journal "La Vie" (3 avril).
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"ARCAD/SIDA depuis le putsch du 22 mars traverse une période très difficile ; trois villes du Mali sont aux mains des rebelles. Il s’agit de Kidal, Tombouctou et Gao où nous avons un site avec une file [active] de 250 patients sous antirétroviraux, indique Bintou Dembele, dans le message qu’elle a adressé à Coalition PLUS. Ce site a été saccagé par les rebelles et tous les équipements ont été emportés ainsi que les dossiers des patients et même les médicaments antirétroviraux. Le second site menacé est celui de Mopti avec 650 patients suivis ; c’est la ville voisine de Gao où des rumeurs circulent qu’elle sera bientôt prise".


"A Bamako, tout tourne au ralenti. Il n’y a pas d’électricité et une pénurie d’essence et des denrées de premières nécessité se profile à l’horizon ; conséquence de la fermeture des frontières avec les pays voisins. En effet, la CDEAO [Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, ndlr] a décidé de sanctionner les putschistes en ordonnant la fermeture des frontières et de la BCEAO [Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest] qui approvisionne les banques de la place. Les patients ont du mal à venir au CESAC [Centre d'écoute, de soins, d'animation et de conseil, ndlr] et les conditions de travail sont exécrables avec une température ambiante d’environ 40°. Nous ignorons ce qui va se passer les jours prochains, écrit Bintou Dembele. Cette incertitude panique tout le monde y compris les patients qui posent des questions pour savoir si les médicaments seront toujours accessibles et gratuits. Quel est l’avenir de la lutte contre le sida ? Allons-nous retourner 10 ans en arrière ? Ces questions préoccupent le bureau de l’association".


Interrogée par le journal La Vie (3 avril), la directrice d’ARCAD/SIDA revient sur les conditions d’accueil des personnes suivies par l’association à Bamako, près de 5 000. Elle parle des médecins qui ne peuvent plus travailler correctement et des difficultés qui sont de plus en plus nombreuses. "Combien de temps pensez-vous tenir ainsi ?", lui demande le journal. "Très peu ! Nous importons nos médicaments antirétroviraux d'Inde par avion, mais si la pénurie d'essence persiste, les liaisons aériennes vont être coupées. Ce sont des soins quotidiens, sans eux tous nos efforts sont réduits à néant", répond Bintou Dembele. "J'ai la tête qui chauffe à force de retourner le problème sans trouver de solutions ! Nous avons organisé [mercredi 4 avril, ndlr] une réunion de crise, pour lancer un appel à la communauté internationale. Quinze ans de travail sont en train de s'effondrer en quinze jours".