AVIS DE LECTURE

Publié par maya le 11.08.2008
2 088 lectures

je lis  beaucoup, énormément suivant les moments.

j'aime partager les lectures aussi si vous avez des coups de coeur en ce domaine, prenez place et ecrivez  vos ressentis . je poste qq avis sur les lectures faites dans l'année ,qui m'ont marquées et je vous invite à y poser les votres...studylivres de chevet , coups de coeur, les auteurs que vous avez envie de faire connaitre etc...

Un abri en ce monde de Mary Mc Garry Morris ( Pocket)
Histoire haletante sur des trajectoires désespérées d'une poignée d'anti héros, de loosers ,comme l'Amérique ne les aime pas, des laissés pour compte sur lesquels s'acharnent les injustices assenées par ceux qui dictent la loi du plus fort, sans discernement et sans humanité : dealers, policiers, patrons.
Gordon Loomis, 25 ans de prison pour meurtre et une réinsertion qui s'avère plus difficile que prévue. Pas seulement pour des raisons qui nous paraissent évidentes mais aussi à cause des profondes blessures intérieures, de cette volonté d'oublier et d'être oublié alors que d'autres, croyant bien faire, finissent par devenir étouffants et rendre cette nouvelle vie quasi insupportable. C'est le cas avec Dennis, par exemple, le frère de Gordon, si "bien sous tous rapports", dont l'amour est quelque peu envahissant .
Pas simple de retrouver les gestes d'autrefois, de vivre comme avant; il y a des habitudes à retrouver, des actes à réinventer.
Mary McGarry Morris fait ici preuve de beaucoup d'humanité et de subtilité pour parler de cet apprentissage. Il ne s'agit pas directement d'un plaidoyer militant sur la réinsertion sociale des anciens détenus, mais d'une histoire, évoquant les petits riens du quotidien, les embûches de toutes sortes, les difficultés relationnelles... tous ces éléments qui rendent la vie un brin plus compliquée. Il y a une réflexion intéressante sur la culpabilité qu'on peut éprouver et dont les gens voudraient qu'on se débarrasse, sans se soucier de savoir si on le veut ou si on le peut. L'étouffement est inéluctable et c'est peut-être ce que je retiens avant tout de cette lecture:
oui, on peut recommencer quelque chose, mais jamais ça ne sera comme avant et il y aura toujours un malaise profond et lancinant, différent mais réel.

Est-ce un constat pessimiste? Peut-être...  

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Commentaires

Portrait de maya

Autre coup de coeur :Augusten Burroughs -

déboire et Courir avec les ciseaux .

difficile à résumer mais  un extrait :

L'autre jour , David nous a donné un devoir à faire par écrit, que nous devons rendre aujourd'hui: "Je veux que vous écriviez à quelqu'un de très proche et je veux que vous disiez à cette personne quels sont vos sentiments à son égard, comment vous voyez votre relation."
J'ai écrit à Pighead, (son meilleur ami, séropositif)
" Cher pighead,
La raison pour laquelle je me tiens si distant tient à...bon, il y a 2 raisons en fait. La 1ère c'est que je bois.J'ai besoin d'alcool, tous les soirs. Et rien ne peut s'interposer entre l'alcool et moi.
La seconde raison c'est ta maladie. Je ne peux supporter l'idée de me rapprocher de toi, de me rapprocher encore plus, uniquement pour te perdre, te voir mourir, tirer le tapis sous ma vie. Tu es mon meilleur ami. Le meilleur ami que j'ai jamais eu. C'est quelque chose que je dois protéger. Je ne t'appelle pas souvent, je ne te vois pas beaucoup, parce que je t'exclue du scénario dès à présent, tant que c'est plus facile. Parce que je peux encore te parler. A mes yeux , il est plus sensé de me séparer de toi maintenant, alors que tu es en bonne santé , que d'attendre, impuissant, de devoir le faire une nuit à l'improviste. Je m'efforce de répartir la douleur liée à ta perte. Pour ne pas avoir à l'encaisser d'un coup."
Extrait de "Déboire" d'Augusten Burroughs

Tout ce qui est consigné dans "Déboire", deuxième volet après " Courir avec des ciseaux ", du " récit autobiographique " de l’américain Augusten Burroughs est vrai. Tout est vrai, sauf que non, contrairement au lecteur, Burroughs n’a surement pas passé ces années à se plier en deux de rire à chaque épisode d’une vie décidément mal barrée.
On retrouve dans « Courir avec des ciseaux » exactement ce à quoi je suis sensible dans ce type de littérature américaine : une chronique familiale délirante avec un personnage central aussi déboussolé qu’attachant (et gay), une galerie de personnages secondaires désopilants et déroutants, une critique sociale et psychologique qui nous plonge entre hilarité et émois selon les passages.
La fin de " Courir… " laissait une note d’espoir, avec un jeune mec ayant surmonté le trauma de son enfance. "Déboire" nous le ramène, quelques années plus tard, rédacteur publicitaire à New York et accroché à un alcoolisme qui le tient éloigné de toute réalité : son désarroi affectif, son meilleur ami qui meurt du sida, sa vanité aussi. "Déboire" est issu du journal de désintoxication de l’auteur, juste remanié et raccourci.

 A suivre...


 

Portrait de BESA

Salut Maya:

Juste un petit mot pour te dire qu'il existe un blog de Christian de Toulon qui se nomme: "Bouquins Thriller pour l'été" avec ses coups des coeurs et puis mon admiration pour Garcia Marquez et Bernard Marie Koltes.

Portrait de maya


"Imaginez ce que c’est que de traîner son gros malheur partout avec soi, sans jamais trop savoir qu’en faire : l’avouer entre 2 portes, pour avoir la paix , ou le taire farouchement ,pour avoir la paix. Un moyen malheur fait mieux l’affaire. Il se laisse oublier. Au mieux il sert de refuge , ou de prétexte pour aller se coucher quand on en a marre du monde. Mais le gros, celui auquel on pense à chaque seconde sans même se souvenir qu’on y pense, auquel on ne s’habitue pas, celui la est terrible. Il précède et environne d’un brouillard désagréable. On ne peut s’ôter de l’idée qu’il est contagieux. Parmi tous les êtres que l’on suppose heureux, tous les gens ordinaires, on a l’impression d’être un monstre. On devrait se cacher .Avancer avec une clochette. On devrait ne se fréquenter qu’entre soi, se retrouver entre monstres. Pas de bonheur à préserver. On se sent à l’aise. On se sent chez soi."
Lydie Violet/Marie Despechin extrait de « La vie sauve »
«La maladie, écrivent-elles avec une lucidité à la fois gaie et désespérée, n'est jamais qu'une brusque accélération [...]: à la longue le temps nous aura tous, mais nous avons l'élégance de nous débattre. La seule différence est peut-être que je n'entretiens, moi, aucune illusion sur l'issue du combat.»

A croire que la menace autorise la légèreté et favorise l'éclosion du talent! Sans doute décrire permet-il de moins subir. «C'est le réel qui flingue, pas les mots pour le dire», peut-on lire au terme de cette confession époustouflante. Les mots, ici, portent loin. Ils triomphent du silence, de la bêtise et de l'inconséquence du monde.

sorti chez Points en poche. studystudy

Portrait de micheltlse

Connais-tu cet endroit unique, désert, ravagé,

que le temps a voulu effacer pour l'éternité ?

Le siècle dur use sans fin la nouveaué du neuf;

il abandonne, à chaque étape, un reste de foyer.

Oui, tu es seul, aujourd'hui, affaibli par le désir,

tel un homme asailli par les acèsbrisques de fièvre.

Ô Mayya ! Tes lèvres par un orfèvre ciselées

après le sommeil, et ton corps, tendre rameau brisé !

Je revois les deux prunelles, un cou gracile et blanc;

je revois les flancs alanguis où affleure le sang,

uniques, affolant la pousuite au mépris des gazelle...

nos tuant sans pitié sous le bâme et la réprimande.

Elle a vu ma pâleur, elle a vu mes rides multiples,

après les injures du temps et du siècle superbe,

dépouillant tout mon corps de sa frondaison de jeunesse;

feuilles mortes, quand on agite un rameau nu, qui tombent...

"Adieu", de Dhou'l-Roummah, mort en 735, dernier poète bédouin...

Pour tous ceux et celles qui veulent mieux connaître La poésie arabe, lire la superbe anthologie publiée par René Khawam chez Phébus (poche Libretto,1995)

Bisous !

Portrait de maya

L'importance du mouvement associatif face au sida
Le rôle de l'engagement des malades et de leurs proches dans la modification des relations médecins-malades


CRITIQUE DE TRANSCRIPTASES






Les malades en mouvements : la médecine et la science à l’épreuve du sida
Janine Barbot,
Paris, Balland, 2002, collection Voix et regards, 308 pages, 23 euros

Le mouvement associatif sida est devenu un modèle de la participation active des malades dans la gestion de leur maladie. Les malades du sida, leurs proches et leurs amis ont été les premiers à articuler clairement la conviction que les malades ne peuvent pas être mis à l'écart des décisions qui les concernent. L'ampleur des mobilisations autour du sida et l'importance des acquis de cette mobilisation sont en effet exemplaires. Le mouvement associatif a imposé l'inclusion systématique des représentants des malades dans des instances de décision et de régulation et a obtenu des changements importants dans les modalités d'expérimentation des traitements antiviraux, dans les procédures d'agrément des nouveaux médicaments et dans la distribution de ces médicaments. Grâce à ces développements, l'expérience du mouvement associatif sida est au cœur des débats récents sur la "démocratisation de la médecine".
Dans un travail pionnier sur le mouvement associatif sida aux Etats-Unis, Steven Epstein a étudié les diverses phases de l'engagement des malades et de leurs proches, et a mis en évidence le rôle de cet engagement dans la modification des relations médecins-malades, c'est-à-dire dans les rapports entre les décideurs et les usagers des systèmes de santé1.
L'ouvrage de Janine Barbot décrit dans un langage clair et accessible un développement parallèle en France. Son analyse sociologique détaillée de la mobilisation et de l'engagement des malades autour du sida est une contribution majeure à la compréhension de la dynamique, des avantages et des limites d'un tel engagement.
L'auteur retrace l'histoire du mouvement associatif sida en France et analyse les changements dans le profil des militants et dans leur manière de se situer vis-à-vis de l'homosexualité et de la maladie. Elle montre que la transition de la "première génération" associative (celle d'Aides et d'Arcat-sida) à la deuxième génération (celle d'Act Up, de Positifs ou d'Actions Traitements) fut caractérisée par un engagement plus immédiat des malades et par une approche revendicative plus directe. Elle analyse ensuite avec finesse les modalités de l'engagement des malades vis-à-vis de leur maladie et montre comment ces différents styles d'engagement ont influencé les dynamiques associatives et, plus spécifiquement, le développement du groupe TRT-5, une coalition de cinq associations qui a focalisé son intervention sur les essais thérapeutiques testant les nouvelles molécules. Le livre met en évidence les différences entre un engagement axé sur le social et le politique, et un engagement plutôt centré sur le technique et l'organisationnel, ainsi qu'entre une posture de "victime " et une posture de "médiateur".
Une typologie des "malades actifs" fait apparaître différents modèles de l'engagement dans la gestion de la maladie. Certains malades deviennent les gestionnaires de leur maladie à un niveau purement individuel (avec un appui logistique de l'association) ; d'autres se forgent une identité nouvelle à travers l'action collective ; d'autres encore deviennent des "consommateurs éclairés" ; finalement, certains malades sont devenus des expérimentateurs de pointe, activement engagés dans la production des connaissances. Janine Barbot s'intéresse en parallèle aux modalités d'interaction entre des malades "ordinaires" et l'institution médicale. Elle fait ainsi la distinction entre un patient en position d'"extériorité" qui se tient à distance de l'univers des experts, un patient en position d'"intégration" qui cherche à acquérir les connaissances des experts qu'il considère comme uniformément valables pour mieux gérer sa maladie, et un patient en position d'"agencement entre des instances hétérogènes" qui "bricole" sa trajectoire thérapeutique à travers l'articulation et la juxtaposition de différents avis puisés dans des lieux divers. Le premier type de patient n'utilise pas les associations comme ressource valable pour les connaissances sur la maladie ; les deux autres types utilisent un tel savoir, mais de manières différentes.
Ces modèles d'engagement individuel des malades trouvent leurs équivalents dans le monde associatif. La dynamique de développement de la coalition TRT-5, qui figure au cœur de l'ouvrage, reflète l'évolution des rapports entre les militants associatifs et les experts, les administrateurs de la santé, les représentants de l'industrie pharmaceutique et les médias ; elle reflète aussi les confrontations entre les différentes approches, et les tensions qu'elles génèrent. De telles tensions sont particulièrement visibles pendant certains moments dramatiques de l'histoire du sida, telles que les controverses autour de l'essai de Roche sur le saquinavir ou de la gestion de la pénurie initiale des antiprotéases.
Le livre se termine par une analyse des effets sur le mouvement associatif de l'introduction de thérapies antirétrovirales plus efficaces : les antiprotéases, les tri- et quadrithérapies. La transformation du sida en une maladie (presque) chronique a eu comme résultat initial une chute du niveau d'engagement collectif. De nombreux militants associatifs ont choisi de réduire leur activisme et de "vivre leur vie" ; en outre, l'arrivée d'une solution, même partielle, a rendu plus apparentes les tensions à l'intérieur des groupes. Cependant, ce relâchement ne fut que temporaire. A la fin des années 1990, les associations (et notamment le groupe TRT-5) ont pu retrouver un "deuxième souffle" grâce à l'arrivée de nouveaux militants et à la redéfinition des enjeux du militantisme. Les activistes ont trouvé de nouveaux centres d'intérêt : le suivi des effets à long terme des traitements et l'exigence de développer (et de rembourser) les traitements qui parent aux effets secondaires des thérapies (telles les lipodystrophies), l'attention au sort des "ratés" des thérapies standard ou la défense des "exclus" (des individus qui n'ont pas accès aux soins de bonne qualité).
En conclusion, Janine Barbot montre que l'activisme des malades n'est pas un phénomène conjoncturel. Les associations sont toujours les défenseurs des malades, mais elles sont aussi, du fait de leur implication dans le suivi des effets à long terme des nouvelles thérapies, des interlocuteurs privilégiés des médecins, des instances de régulation et de l'industrie. En outre, le mouvement associatif sida, qui a inspiré aux Etats-Unis des mouvements associatifs constitués autour d'autres maladies chroniques tel le cancer du sein, commence à jouer ce rôle en France2.
Il reste possible d'objecter que le temps qui a séparé la généralisation des traitements efficaces contre le sida de l'écriture de l'ouvrage (environ cinq ans) est trop court pour tirer des conclusions définitives, notamment au sujet de l'irréversibilité des processus sociaux. Le mouvement associatif sida en France est apparu au milieu des années 1980, et son implication dans le développement et le suivi des traitements antirétroviraux a commencé au début des années 1990, une durée qui peut s'avérer trop courte pour prédire des tendances à long terme concernant ses directions futures. Le principe de l'intervention des malades dans les processus de décisions qui les concernent semble, en revanche, solidement acquis.
L'avenir dira si le mouvement associatif sida a modifié de manière durable et irréversible la façon de conduire les essais thérapeutiques et les critères de validation des connaissances scientifiques. En revanche, il est très probable que la démonstration selon laquelle le savoir médical "officiel" n'est pas entièrement neutre ni objectif et qu'il incorpore certaines valeurs et présuppositions des experts qui créent ce savoir ne disparaîtra pas sans laisser de traces. Dans ce sens, les "malades en mouvement" ne représentent en effet ni une expérience transitoire, ni un épiphénomène.

Portrait de yac44.49

Merci pour l'info de l'existence de ce Livre, l'Idée de mouvement me parle, de percevoir la prise en charge d'une pathologie sur le plan collectif et / ou individuel, est le signe que la recherche se fait et se fera avec d'autres considérations.

L'Union fait la Force, et chacun  apporte sa pièce à l'édifice, nous sommes sur le même navire , être Fort Soi-Même pour mieux Aider l'Autre, et vis-versa car la vie est cyclique.

L'Image d'une facette de la valeur de Solidarité.   

Portrait de maya

Ou on va papa ?

De Jean Louis Fournier

Fournier (pote de desproges) est le père de deux enfants handicapés.
Récit autobio sans moralisme, sans plainte ni misérabilisme ; non, il se moque , d'eux, de lui, de nous, de leur place dans la société, et parce qu'il est leur père, l'humour grinçant n'est jamais méchant, il déculpabilise plutôt et nous dit simplement de rire de tout, car la vie est ainsi. Un livre très émouvant et drôle.

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Ecstasy d’irvine Welsh

Ecstasy raconte trois histoires délirantes. (auteur aussi de trainspotting)

Un auteur de roman rose qui tombe dans le porno, des handicapés qui montent une organisation vengeresse et des décalés sociaux qui se prennent pour Roméo et Juliette.

Welsh interroge sur toutes les formes de dépendance, leurs causes et leurs raisons. Dépendance à la drogue, mais également au sexe, à l'amour et à la haine. Génial.

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La conjuration des imbéciles 

Quatrième de couv’:
« Écrit au début des années soixante par un jeune inconnu qui devait se suicider en 1969, à l'âge de trente-deux ans, parce qu'il se croyait un écrivain raté, La Conjuration des imbéciles n'a été éditée qu'en 1980. Le plus drôle dans cette histoire, pour peu qu'on goûte l'humour noir, c'est qu'aussitôt publié, le roman a connu un immense succès outre-Atlantique et s'est vu couronné en 1981 par le prestigieux prix Pulitzer. Une façon pour les Américains de démentir à retardement le pied de nez posthume que leur adressait l'écrivain, plaçant en exergue à son livre cette citation de Swift: "Quand un vrai génie apparaît en ce bas monde, on peut le reconnaître à ce signe que les imbéciles sont tous ligués contre lui." »