Cinéma

Publié par Rimbaud le 18.08.2017
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Comment enseigner une vérité en changeant le regard de la société sur les séropositifs ? Cette question revient à s’interroger sur les fondements d’un archaïsme. La peur inspirée par le SIDA en France ne provient pas des millions de morts dus à la maladie. Elle est l’effet de deux succès cinématographiques : Les Nuits fauves et Philadelphia. Le cinéma populaire a un impact bien supérieur à la tragique réalité des années 80-90. Sur le plan humain, c’est minable. Sur le plan artistique, c’est puissant. Des générations entières ont vibré avec Cyril Collard et Tom Hanks. Ils ont, en empathie, souffert avec eux et de cet amour compatissant est née leur peur de finir comme eux.

Aujourd’hui, un séropositif traité n’est pas contaminant. Le monde entier ignore cette vérité. Coucher sans préservatif avec un séropositif sous traitement ne comporte aucun risque (du point de vue du VIH), alors qu’un mec qui vous dit qu’il est « clean » alors qu’il n’a pas fait de test récent ou qu’il a pris un risque depuis a toutes les chances de vous contaminer.

Mais comment émouvoir un public avec l’histoire d’un homme qui, au final, ne mourra pas ? Les happy-end américains n’ont aucun impact. Ils ne font que conforter l’ordre établi. Bon, nous pourrions inventer un scénario dans lequel notre héros serait la victime d’une société ignorante : il serait éperdument amoureux d’un séronégatif (forcément jeune et beau sinon ça ne fonctionne pas !) qui le rejetterait ; il serait harcelé au travail ; il souffrirait des effets secondaires du traitement (on forcerait le trait pour la bonne cause) ; il serait rejeté par sa famille… et il se suiciderait. La mort est nécessaire. Sans elle, aucune chance que le spectateur n’aille minimiser la réalité, voire la nier. Susciter la révolte implique un excès voire un détournement de la vérité pour mieux y parvenir. Finalement, on en arriverait à la conclusion que si le SIDA ne tue plus, la société, elle, possède toujours ce pouvoir.

Au lieu de cela, 120 battements par minute sort dans quelques jours… un film sur l’histoire d’Act Up peut-il changer quoi que ce soit ? J’en doute… Le gentil spectateur y verra de l’histoire ancienne, un combat d’arrière-garde. Il sera ému par une jolie histoire d’amour (avec forcément un superbe éphèbe ! (ras-le-bol, à quand des moches au cinéma ?)) ; il sera impressionné par la force militante ; il sera écœuré par les labos pharmaceutiques… mais je doute qu’une vérité actuelle émerge de cet hommage (malgré tout légitime).

Commentaires

Portrait de Sealiah

A son époque;c'est qui ce bouffon qui par ses vers  menace notre institution.A 17 ans le merdeux défie les vieux.Charleroi?Chaleville Méziére?C'est où?

Le cinéma a ses limites.La S+ que tu vis et que je vis n'ai pas rentable.Parler du VIH ,il leur faut du sang, de l'injustice, du malsain.

Ma vie est banale.Quand je me la reprojette je la trouve palpitante.En faire un film,appel à figurants sans tabou.

Je n'ai pas encore vu le film mais pour me faire peur j'irais le voir.

Bises.

Portrait de Rimbaud

n'existe pas, tout comme la normalité. ;) 

Portrait de Sealiah

Je ne suis pas banal.je ne suis pas normal.J'ai arrêter d'écrire mes poésies à 20 ans.Tu lis mes poésies .Je suis mort en 1891.Tu  investis un pseudo qu'il te faudra incarner.Invente ta poésie.Je t'épouse plutôt que Paul.

Portrait de Rimbaud

Je n'incarne que moi-même, c'est déjà pas mal ! Pas de bol, je suis totalement contre le mariage ;) (cela dit, Paul ne valait rien)

Portrait de Sealiah

10 ans d'écart avec Paul.Je suis aussi contre le mariage.Paul était partagé entre la bien-pensance et ma liberté.Mon orientation sexuelle?Au grès de tes vers.Tu ne connais que Paul comme amour indécent,condamnable.

Paul est un amant sublime.

Portrait de Rimbaud

T'as des goûts de chiotte, c'est officiel :)

Portrait de Sealiah

Merci de ta franchise.Arthur serait sûrement du même avis.Je tire la chasse.

Merci mes ami(e)s ennemis.Confirmer ton affirmation est-elle possible?Direct line.Merci mes ennemi(e)s-ami(e)s.

Les MP sont recevables.Je n'ai pas pas peur ,tu sais?