Et un de plus...

Publié par 28 le 30.07.2015
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Je suis séropositif confirmé depuis quelques jours.
Je vis dès lors dans une sorte de monde parallèle où se mêlent terreur, angoisse, asthénie, perte de poids et questionnements.
Je n'ai personne avec qui en discuter et je souhaite garder le secret. Je suis tellement mal que j'aimerais appeler l'une ou l'autre personne mais je ne peux pas, je ne souhaite pas leur infliger cette nouvelle ça serait trop dégueulasse et puis, je n'ai pas le courage de le faire. Je suis du genre à tout relativiser et minimiser pour ne pas faire souffrir ceux pour qui je compte et ça ne va pas changer maintenant.

D'abord, je dois le dire, ça me gave. Les messages de prévention ont très bien fonctionné sur moi, j'avais une assez bonne connaissance des modes de transmissions, j'ai vécu dans la peur de cette maladie dès mes premières relations et j'ai toujours fais très attention. Seulement voilà, un préservatif s'est rompu en rompant ma vie par la même occasion. Ça n'empêche pas la culpabilité d'être présente, loin de là. Je me dis et si je n'avais pas eu ce rapport, et si j'avais osé me rendre aux urgences, et si je n'avais pas écouté mon partenaire qui m'a affirmé être clean après l'incident. Je ne lui en veux pas à lui personnellement, au final, on s'est protégés et étions l'un et l'autre consentants. 

C'est le déluge dans ma tête, je pense à ça en permanence, je me couche avec, j'y pense toute la journée, j'en rêve, je me réveille avec, je n'ai pas faim, je pense à des manières de mourir, ce que j'écrirais dans les lettres personnalisées aux membres de ma famille si je me suicide. Je vis seul et le pire c'est lorsque je me couche. Je retarde la minuterie de ma télé parce que le silence de la nuit m'est insupportable.
En même temps j'ai beaucoup lu sur ce site, j'ai regardé des vidéos à droite à gauche. Il y a des choses qui m'encouragent, d'autres moins. J'ai lu ici le poste d'un homme qui après 20 ans de trithérapie a envie de l'arrêter tellement il souffre physiquement. Je n'ai aujourd'hui pas la force d'affronter ces choses là, je n'ai pas envie de les affronter et c'est pourtant la réalité de cette maladie.
Alors j'ai lu qu'il faut être heureux et s'estimer chanceux de ne pas l'avoir eu dans les années 80/90 ou on en mourait vite et mal. Non... je ne m'estime ni heureux ni chanceux aujourd'hui, bordel j'ai je VIH et tout ce qui va avec ne me demandez pas d'être heureux et de m'estimer chanceux, je n'y arriverais pas.
Je me demande aussi comment je vais pouvoir m'en sortir professionnellement. Je fini mes études dans un an et je me demande bien si je serais capable d'assumer un poste avec la fatigue (qui semble être assez généralisé avec les médocs et la maladie elle-même de ce que j'en ai lu), de plus, je vais exercer un métier ou je serais en contacte avec des personnes en souffrance. J'ai encore des stages à effectuer en milieu hospitalier et je ne sais pas si je vais être capable d'y aller. J'ai fais tellement pour en arriver là et maintenant tout va surement s'arrêter alors que j'étais si proche du but. Je ne sais pas si je serais capable d'être dans une relation d 'aide du coté soignant alors que j'aurais moi même besoin d'aide. Je ne sais pas si j'aurais la force encore d'étudier.

Alors on dit qu'on a la même espérance de vie que les autres maintenant... Mais dans quelles conditions vieilliront-nous ?....
Et puis je ne prends pas encore de médocs je pense que ça va se faire très vite de part les recommandations actuelles . Je me demande alors si je vais supporter les traitements, si je ne vais pas me retrouver en échec thérapeutique, si je ne vais pas finir en dialyse dans quelques années si, si, si...

J'espère ne pas vous embêter ou vous attrister avec mes histoires mais je n'ai personne à qui en parler et le fait même de l'avoir écrit me libère un peu.
Merci.

Commentaires

Portrait de Koala75

Coucou, en effet tu viens d'apprendre cette nouvelle, et c'est tout naturel d'etre sous le choc et destabilisé. Des remises en questions se bousculent dans ta tete. Apres je ne vais pas te raconter des mensonges, oui il existe encore un grand tabou autour du VIH, oui ca veut dire qu'il va falloir prendre des traitements probablement sur le long terme, oui cette maladie fait peur au plus grand nombre.

Une fois dit ca, ce que je peux te dire pour te rassurer c'est que les traitements aujourd'hui sont beaucoup plus supportables. De ma propre experience je n'ai qu'un seul comprimé par jour, tres peu d'effets secondaires. Et puis tu verras qu'au fil du temps on apprend a accepter. Je ne dis pas que la douleur n'est plus la, mais elle s'apaise.

Si tu travailles en milieu hospitalier tu dois avoir conscience que la vie n'est pas qu'un long fleuve tranquille et qu'on peut toujours trouver pire a coté de soi. Quand je déprime je me rassure en me disant que j'ai encore mes 2 bras, mes 2 jambes, j'ai toute ma tete. En partant de ca on peut faire beaucoup de chose et ce n'est pas du tout la fin de ta vie ni la fin de tes projets.

Bien sur que tu vas pouvoir travailler, tu auras des coups de fatigue comme tous tes collegues car ton metier sera prenant et difficile. Par contre je te conseille vivement de cacher ta seropositivté dans ton entourage professionnel car meme dans ce milieu subsiste un grand tabou.

Voila si je peux t'aider n'hesite pas a m'ecire en mp, avec plaisir on pourra partager nos experiences.

Portrait de Mikoparis

j'ai appris ma serologie il y a un mois et demi je suis en traitement direct apres une primo infection.

Il faut focaliser son attention sur autre chose comme justement le travail et ne pas imaginé le pire et faire le trie dans ce que tu lis.

La fatigue est la avec le traitement, j'ai eu un traitement a spectre large pendant 1 mois et suis depuis 15 jours a un comprimé le stribild la transition entre les deux est bizarre mais surtout fait confiance a ton corps on s'habitue et on apprend a faire avec.

Ta vie va se reorganiser progressivement mais rien de grave il faut l'appréhender simplement et echanger avec franchise avec ton infectiologue et surtout ne pas prendre tout pour argent content il n'y a que toi qui sera comment faire pour faire face a cette situation.

et dernier conseil effectivement garde ce secret pour toi rencontre des gens neutre sur des forums ou autre mais reste discret cest la maladie du tabou

courage

Mp

Portrait de scoty

bonjour moi aussi après un risque je ressent une fatigue qui ne m abat mais je penser que les syptome d une primo infection ne dure pa plus 1mois 

Portrait de koala

Bonjour,

Tu es sonné, asommé et c'est logique.

Tu as, me semble t'il, raison de ne pas prevenir tes proches en tout cas pour l instant car il te faudrait aussi gérer leurs angoisses et questionnement. Tu verras plus tard...

Je me doute que tu lis beaucoup de chose en ce moment sur le vih, on l'a presque tous fait, en tout cas pour les contaminés d'apres la naissance et l'accès d internet pour le grand public.

Je voudrais tenter de te rassurer beaucoup mais un peu serait déjà pas mal :

Les traitements d'aujourd hui ne vont pas te fracasser au bout de 10, 15 ou 20 ans. Les molècules ne sont plus les mêmes et la plupart n ont même plus d'effets secondaires. De plus en etant pris en charge rapidement, ca sera mieux pour contenir le virus.

La fatigue est engendrée par le stress et la perception d'une maladie dont souvent on ne peut pas parler et qu on doit même cacher. Si tu as un cancer, on te plaint, si tu es seropositif on peut te fustiger.

Il va te falloir composer avec ce nouveau paramètre qu est le vih qui est entré dans ton corps mais que tu vas rapidement contrôler grace aux médocs que tu prendras peut être à vie. Aujourd hui 6 ans apres la decouverte de mon vih, je me dis que si j'étais diabétique, ca serait plus compliqué question traitement.

C'est une façon de positiver aussi.

Tu va réussir la fin de tes études et la vie professionnelle également. Ton espérance de vie est la même parce que nous sommes plus suivi médicalement que la moyenne de la population et les conditions de vie dépendent de la période à laquelle on a été infecté et aussi depisté; moi ce fut au stade SIDA déclaré et je suis toujours là.

Sur Seronet, il y a un CHAT ou nous sommes une cinquantaine à venir regulièrement; c est lété donc y a peu de monde et l heure d'affluence est de 19 h à 22 h (une dizaine de personnes en ce moment. Nhésite pas à venir et poser des questions, on y repondra.

Pour des questions plus précises avec une réponse médicales adaptée, il y a Sida Info Sercices; ce sont des profesionnels qui peuvent te guider, c'est  aussi une ligne d 'ecoute.

Bon courage à toi, écoute tes musiques preférées, regarde un des films que tu as adoré ou relit un livre qui t'a passionné : essais d occuper ton esprit de temps en temps à autre chose.

Courage, je sais que dans un an tu auras fait du chemin et tu te diras "La vie c'est super"

Max

Portrait de la-vie-en-rose

Bonjour, 

Il existe une tribulle intitulée 

LES PROFESSIONNELS DE SANTÉ SONT AUSSI SÉROPOS !

 36 membres. 

Je ne sais pas si elle fonctionne... Mais tu peux toujours t'inscrire et contacter certains de ses membres par messages privés. 

Bon courage. 

Portrait de CatLover

Malheureusement je ne pense pas avoir les mots qu'il faut pour pouvoir te rassurer si ce n'est que les témoignages que tu vois le plus souvent viennent de personnes qui ont le VIH depuis 15/20 ans et qui prennent ces traitements depuis autant d'années.

En prenant les ttaitements actuels, tu aura peu voir pas du tout d'effets secondaires et ce sera ENCORE mieux concernant les prochains traitements... il y'aura bientot les injections qui se feront 1 fois par mois je crois...

Voilà, j'ai un ami qui est séropositf, il prend son traitement depuis 2 ans et n'a absolument aucun effets secondaires. Il est également en couple avec un homme séronégats qui l'est toujours, le traitement empechant la transmission du virus.

Je te passe également une petite vidéo d'un médecin séropositif depuis 25 ans, il va bien voir même très bien et cela ne l'a jamais empecher de continuer dans la profession. Bon courage surtout... 

https://www.youtube.com/watch?v=hRjjl9p9fzA

Portrait de BlueBoys

Salut nous aussi séropositif depuis peu mon chéri octobre dernier moi j'ai sur mars je viens de commencer un traitement depuis 3 jour j'ai peur aussi on a peur on est 2 c'est sur c'est plus simples mais on a personne a qui pqui

Portrait de BlueBoys

a qui parler si tu veux parler yapas de soucis

Portrait de diderotreuilly

Salut
Je comprends ce que tu ressens vu que moi j' ai appris que j'étais hiv+ la semaine dernière aussi Et mes émotions c'est le grand 8. Un moment je suis à un près zen et hop je réfléchis à plein de trucs et je psychote. J'espère que ça passera parce que c'est invivable.
Tu dis que c'est dur de pouvoir en parler en personne. C'est vrai, ça serait tellement plus facile de pouvoir en parler à ses proches..Mais leur foutre la pression et puis devoir répondre à leur interrogations..Moi non je ne m'en sens pas encore capable.

Pour tes études, n'est il pas possible que tu reportes d'un an ta dernière année le temps que tu t'adaptes à un traitement et que tu digères la nouvelle ?

Quand au fait tu vas bosser dans le médical si j'ai bien compris, certes ca ne sera pas évident mais le fait de notre condition, je pense que tu n'en seras que meilleur. La profession médicale étant souvent trop clinique avec eux, tout puissants et en bonne santé ,et les autres..
Je te souhaite beaucoup de courage. Je pense que l'on va commencer notre traitement plus ou moins en même temps.
Pour info quand j'ai failli craqué la semaine dernière j'ai appelé la fameuse ligne d'écoute"zezette épouse X" et blague mise à ça aide beaucoup quand on se sent seul au monde avec "ce terrible secret".

Portrait de altelia

d'avoir souffert est plutôt un atout pour "aider les autres". Pour l'expérimenter tous les jours ou presque depuis un an, je reçois beaucoup d'aide de ceux que je suis censée aider... enfin bref, c'est riche tout ça!

Portrait de Timtom1984

Salut,

je crois que je comprend ce que tu vis. J'ai appris que j'étais positif il y a maintenant 6 mois. Et la cataclysme dans ma tete... En plus resultats d'analyse franchement mauvais... bref je suis entre dans un monde parallele aussi, peur de m'endormir, je gardais mes écouteurs toute la nuit pour écouter de la musique pour pas être dans le silence, je laissais ma chambre ouverte... 

et toutes les questions qui se bousculent... Comment jen suis arrive la, alors que je suis aussi parfaitement informé. Faut il en parler ou pas. comment gérer ça avec un travail très prenant à avec de grosses responsabilités?

j'ai la chance de vivre en coloc avec un ami très proche. J'ai pas pu lui cacher tellement j'étais effondré en rentrant du labo... J'ai jamais autant pleurer je crois!

mais maintenant les choses commencent à s'organiser et à s'apaiser.  Évidemment j'y pense tous les jours encore. Mais j'ai mon traitement qui passe très bien. C'est rassurant car très efficace et pas d'effets secondaires (bon certes ça fait que 6 mois;). Il n'y a que 2 personnes qui sont au courant, et pour l'instant je suis prêt à le dire à d'autres. Quant au boulot, ça ne change rien. Un peu de fatigue mais plus liée à stress et à l'angoisse qu'à de vraies raisons médicales je pense. 

Faut garder l'espoir et essayée d'avancer, même si pour linstant ca te paraît infaisable.