Insomnie

Publié par balwin le 06.08.2012
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Bientôt 5h30, je renonce à essayer de dormir.

J'affronterai le travail ainsi, même si je dois tomber. Après tout, on s'est servi autrefois en psychiatrie de la privation de sommeil comme thérapeutique ; on appelait ça l'agrypnie je crois.   

Tout à concouru à m'énerver : le chat, dont je suis hélas dépendant ; une excitation qui ne trouve pas d'objet ou de livre, de centres d'intérêt pour s'apaiser.

Chute vertigineuse depuis le 21 juin : Comment faire comprendre qu'une soutenance où l'on a été admis puisse être vécue comme un échec ? Parce que ça s'est mal passé, parce que je dois avoir une faible tolérance à la frustration, parce que je suis un border line terme à l'attention de ceux qui aiment cataloguer et se nourissent des fiches du DSM 4, voire s'en gargarisent. A chacun son truc !

J'ai même eu l'impression funeste que l'on m'a accordé un titre par compassion, complaisance, voire pitié ; j'en ai aujourd'hui la conviction et j'ignore si je continuerai à la rentrée. Pourtant, mieux vaut se prendre la tête sur des marqueurs discursifs que n'avoir pour prespective qu'une éventuelle rencontre sur le site.

Pendant cette période que je me cassais littéralement la gueule (avec le recul, je me rends compte qu'il y a carrément eu un moment de dépersonnalisation), j'avais besoin de bras : j'ai eu des témoignages d'amitié, mais il était bien impossible pour quiconque, fors de rares connaissances, presque des initiés, de comprendre à quoi cet échec faisait intérieurement écho. Une histoire entière, un long travail se voyaient remis en question.

Les bras qui auraient pu s'ouvrir, je ne les ai pas saisis. Impossible de bouger, enfermé chez moi, le mauvais temps.

A vrai dire, ce sont d'autres bras que j'attendais mais ils étaient occupés ailleurs, pas de temps pour moi, pour recueillir mon chagrin, ma détresse surtout.

Si vous saviez combien une prise de sang m'a semblé un acte de tendresse !

Je trouve cela tragique d'en arriver là, mais il faut rendre hommage à ces femmes qui pansent, nettoient, vous touchent et vous rassurent.

L'effondrement donc, avec, pour arrière plan, l'absence d'un être aimé. Un être dont j'avais besoin.

Plus tard, une femme plus expérimentée que moi m'a expliqué que c'était cela le rôle d'une maîtresse : attendre un homme, attendre qu'il ait et le temps et l'envie. Ce temps étant limité, guère de place pour les mots : nos peaux s'appellent, nos haleines se mêlent, nous ruons presque l'un contre l'autre.

J'avais pourtant besoin de lui.       

Je me suis ensuite rendu compte que je prenais des médicaments, du sucre, beaucoup de sucre, pour être en manque. J'avalais de l'autre. Je le remplaçais par un produit de sustitution.

Aujourd'hui, je me dis que les études, puis la recherche (écrits encore moins lus que mes billets sur Seronet) ont aussi été des solutions de remplacements face aux bras que j'attendais et qui ne venaient pas dans la tourmente du sida d'abord, dans un chagrin d'amour ensuite.