L'érection, baromètre de la santé masculine : si vous bandez moins, allez chez le médecin

Publié par lericou06 le 10.04.2014
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LE PLUS. L'érection n'est pas uniquement un baromètre de la sexualité des hommes. Elle en dit également long sur leur santé, selon une étude publiée dans The American Journal of Medecine. Une dysfonction érectile serait ainsi le signe avant-coureur de maladies cardio-vasculaires. Explications du docteur Ronald Virag, auteur d'"Érection mode d'emploi".

 

 Priape, dieu de la fertilité dans la mythologie grecque, est reconnaissable par son pénis constamment en érection (Fer.filol/DR)

 

L’érection du pénis, cet avatar à la fois encombrant et indispensable au bonheur des humains est actuellement sur le devant de la scène médicale et médiatique.

Les publications se multiplient indiquant que non seulement on peut traiter ses défaillances, mais aussi que la dite faillite érectile peut être un signe avant coureur d’une détérioration de la santé, en particulier un témoin d’un mauvais fonctionnement à venir de notre système cardiovasculaire.

Dernière en date, une publication dans The American Journal of Medecine signée de pas moins de 25 spécialistes, recommande que tout sujet présentant une dysfonction érectile d’origine vasculaire ait un examen cardiovasculaire exhaustif. Outre la satisfaction pour l’auteur de ces lignes de voir ses travaux pionniers, datant de près de 30 ans et publiés alors dans la célèbre revue médicale anglaise Lancet ("Is Impotence an arterial disorder ?"), cette publication toute récente est l’occasion de préciser pour le grand public pourquoi l’érection est un véritable baromètre de la santé masculine.

Les conséquences de la diminution de l'arrivée sanguine

Rappelons que le pénis est constitué de muscles lisses (identiques à ceux qui constituent la vessie ou les intestins) contractés en permanence quand il est au repos. Sous l’effet de stimulis variables, cette musculature se relâche et le sang inonde brusquement l’organe. Pour ce faire, le débit sanguin dans les artères décuple. La verge enfle, s’allonge et devient rigide car elle est entourée d’une enveloppe blanche, fine et solide arrimée au squelette osseux sous jacent, lui permettant de s’ériger.

Les considérables variations du débit sanguin, nécessaires dans un délai très rapide, exigent un système vasculaire en parfait état. On comprendra donc que, compte tenu de cette dynamique, le fonctionnement de l’organe sexuel masculin sera très sensible à la moindre diminution de l’arrivée sanguine.

Alors qu’il faut des obstructions importantes des artères du cœur ou du cerveau pour provoquer des accidents de santé graves, il suffit d’une légère diminution du calibre des petites artères amenant le sang au pénis pour entraîner des difficultés sexuelles. Les érections sont moins faciles à obtenir, moins solides et moins durables.

Le pénis, cible privilégiée des facteurs de risque vasculaire

Il s’ajoute à ces facteurs purement hydrauliques que le tissu tapissant les petites alvéoles constituant les corps érectiles et que l’on nomme endothélium, responsables des échanges gazeux entre le sang et l’organe lui-même, souffrira de cette diminution du débit. Il en résultera alors une diminution de la durée des érections.

On sait depuis les travaux de Furchgott et consorts, nobélisés en 1995, l’importance de l’endothélium vasculaire dont l’altération progressive conduit à l’épaississement de la paroi des vaisseaux sanguins.

Ainsi, le pénis, organe vasculaire à variation de débit si intense, est une cible privilégiée et précoce des facteurs de risque vasculaire. 

La solidité de l’érection, garante de la possibilité d’une activité sexuelle harmonieuse s’amenuise malheureusement avec l’âge et d’autant plus qu’il s’y ajoute les facteurs de risque habituels de nos modes de vie : stress, intoxication tabagique, excès de cholestérol, obésité, diabète, entre autres.

Ce que l’on comprend, a contrario, c’est que cette diminution de la force des érections peut être le signe avant-coureur de maladies cardio-vasculaires.

Les érections matinales, baromètre de notre santé

De ce qui précède, on doit déduire que le phénomène scruté quotidiennement par chaque homme sur terre peut être considéré comme un baromètre de sa santé. À juste titre et pas seulement pour s’assurer de ses performances sexuelles potentielles.

 

Fresque de Priape sur la maison des Vettii à Pompéi (Sudodana2048/CC)

 

L’"auscultation" de ses érections matinales et nocturnes renseigne chacun d’entre nous, messieurs, sur l’état de notre santé vasculaire, cœur compris.

Tant que persistent les "matins triomphants" chers à Victor Hugo, il est probable que notre système cardio-vasculaire soit sain. À l’inverse, lorsque les érections sont moins faciles à obtenir, moins solides et moins durables, cela signifie qu’au-delà du constat du manque d’érection et de son traitement potentiel, il faut faire un bilan cardio-vasculaire approfondi.

On retrouvera souvent un excès de poids, de cholestérol, un diabète méconnu et même des artères déjà encrassées. Reconnues à ce stade et traitées, ces anomalies peuvent être stabilisées, ou mieux, on peut espérer leur régression. Et ainsi, des accidents cardiaques et des AVC ultérieurs seront évités.

Preuve a contrario : de nombreuses études effectuées chez des sujets victimes d’accidents cardiaques montrent que la diminution de leurs érections avait précédé de plusieurs mois la survenue d’une alerte cardiaque ou d’un infarctus.

Si vous bandez moins bien, faites un bilan cardio-vasculaire

Le message est clair, messieurs, si vous commencez à moins bien bander, avant de vous précipiter sur les petites pilules magiques, faites au préalable un bilan de santé, surtout si vous fumez, avez acquis quelques kilos de trop et si votre hygiène de vie est médiocre.

Tout cela, ajouté au stress quotidien et aux conflits éventuels dans le couple, menace cœur et cerveau. Sans compter l’état dépressif engendré par la baisse de qualité de vos possibilités sexuelles. Bonne nouvelle : les progrès de la biotechnologie et de l’informatique médicale (ultrasons et imagerie) permettent aux spécialistes, en fonction de ce seul symptôme – des érections moindres – de détecter des lésions à minima. À ce stade précoce, on peut les stopper et/ou les faire régresser.

Quant à "réparer des ans l’irréparable outrage" et décider qu’"au-delà d’une certaine limite le ticket est encore valable", c’est aujourd’hui acquis. 

Et Racine, Romain Gary et bien d’autres – Shakespeare, Ronsard, Montherlant, Drieu la Rochelle, Pavese, Hemingway, Moravia –  n’auraient plus à pleurer dans leurs écrits la disparition de leur capacité sexuelle, ou pire, se suicider.

Aujourd’hui, la médecine moderne permet d’éviter le "drame de la chambre à coucher" immortalisé par Tolstoï. Toutes sortes de traitements médicaux et chirurgicaux existent pour remédier à toutes les formes de ce qu’on appelait autrefois "impuissance". Outre le célèbre Viagra et les molécules de deuxième génération Cialis et Levitra, les mini-injections locales, les hormones, les implants offrent des alternatives efficaces à l’abstinence obligée due aux échecs répétés.

Cerise sur le gâteau, des études scientifiques sérieuses montrent que la persistance d’une activité sexuelle satisfaisante prolonge l’espérance de vie. Bien sûr, on se doutait intuitivement que la vigueur sexuelle était un gage de bonne santé. Il est bon que la faculté nous le confirme…

Pour en savoir plus : "Érection, mode d'emploi", éditions Clément.

Commentaires

Portrait de Ne pas vieillir

Franchement sous TTTpie, messieurs, avez-vous encore des érections matinales? Moi c'est fini..... Mince alors problèmes cardio et diabète en vue... C'est pas ce qui m'inquiète le plus.

NPV

Portrait de quadradu34

Heu, moi oui,...ça fonctionne...pas au début du traitement mais là...c'est plutôt pas mal...