L’homosexualité Une question taboue et des amours qui dérangent

Publié par lericou06 le 30.05.2014
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L’homosexualitéUne question taboue et des amours qui dérangent

L'homosexualite une pratique vieille comme le mondeIls sont nombreux, ils s’affichent ou se cachent … On les admire, les méprise, les insulte ou voudrait les avoir comme amis … Ils se tiennent la main ou dissimulent soigneusement leur amour. Ils ont choisi leur chemin… Un chemin différent.

 

Stéréotype

Certains prennent un plaisir fou à imiter « les homosexuels ». Ils en ont même fait leur métier sur certains plateaux télé ou sur les ondes de certaines chaînes de radio tunisiennes.  Ils déambulent, gesticulent, rallongent les syllabes … ça amuse la galerie ! C’est le stéréotype même de l’homosexuel.

En effet, il existe beaucoup de « personnages » qui sont connus dans leur quartier et réussissent à imposer leur différence.

Ils ont pour certains des surnoms, souvent des prénoms de filles … Souhaitent qu’on parle d’eux au féminin. Ils « choquent », amusent, surprennent…

Maher, 25 ans, homosexuel, prend des hormones pour avoir une poitrine, porte des soutiens. Il s’assume parfaitement mais souffre certains jours du regard des autres. Un regard méchant, plein de haine et de violence parfois.

« Il m’est déjà arrivé d’être agressé physiquement simplement parce que je suis homosexuel. Beaucoup d’hommes quand ils sont entre eux dans un café se moquent de moi ou font de moi « la bête de cirque » … rient aux éclats, m’appellent … Ces mêmes hommes, me font pour certains d’entre eux des avances ou couchent avec moi en cachette … Ils viennent dans mon appartement passer du bon temps. J’accepte car ça me fait plaisir aussi. Je suis amoureuse de l’un d’entre eux et il a une copine. Pour lui, je ne suis qu’un jouet, un objet sexuel ».

 

« Je ne veux pas ressembler à une femme ! »

« Les homosexuels ne sont pas tous comme Maher. Certains se plaisent dans ce rôle de femme, mais on ne se sent pas tous « femme », on ne veut pas tous ressembler à une femme, c’est juste une autre façon de concevoir l’amour et le sexe » réagit Samir, homosexuel en couple depuis 6 ans.

Samir, bel homme de 40 ans, est souvent courtisé par des femmes mais cela ne l’intéresse pas. Il vit discrètement son homosexualité et vit avec son partenaire dans la même maison. « Je vis ma vie de couple discrètement, mais pas secrètement. Je m’habille comme un homme, me comporte comme un homme, ceux qui ne me connaissent pas ne peuvent pas deviner que j’aime les hommes.» Il n’en est pas moins pour le partenaire de Samir. Chef d’agence dans une banque, personne de ses collègues ne sait qu’il est homosexuel. Un choix délibéré, car, selon lui, en Tunisie, on ne respecte pas assez la vie privée des autres et il peut être difficile d’affirmer son autorité. «Quand on gère une équipe, il faut se faire respecter à chaque moment, et je sais par expérience qu’on ne peut pas être chef de personnes qui en savent trop sur votre vie privée. Au moindre accrochage, on vous décrédibilise, et c’est l’homophobie qui prend le dessus »

 

Ma famille :

Un lourd secret

Samir nous confie que sa mère a accepté son homosexualité malgré elle.

« Une mère ne veut pas perdre son enfant, même si ma vie est contre ses principes, que souvent elle a honte et ce sujet est tabou pour elle, elle vient me voir, ne me parle plus de mariage et on ne parle plus du tout de ce sujet. Mes tantes, quant à elles, font semblant de ne pas être au courant, elles demandent à ma mère pourquoi je ne suis pas encore marié et bien d’autres questions gênantes. C’est une pression sociale permanente.

Le destin de Maher est très différent. Son père le battait quand il était enfant et qu’il essayait les robes de sa sœur ou touchait au maquillage de sa mère. A 16 ans, son père l’a renvoyé du domicile familial. Maher a travaillé en tant qu’assistant chez un coiffeur pendant 5 ans et aujourd’hui il vient d’ouvrir son propre salon de coiffure.

« J’ai fait ce que je pouvais et aujourd’hui j’ai réussi. Je suis en contact avec ma sœur et je prends en secret des nouvelles de ma mère. Mon père ne veut plus entendre parler de moi, ni même que j’approche ma famille. Je suis maudit pour lui ».

 

L’amour entre femmes

Sameh, femme de 30 ans, entretient une relation amoureuse depuis quelques mois avec Manel de cinq ans son aînée. La situation est plus facile pour elle que pour les hommes. « Il est plus courant de voir deux femmes se tenir la main, se cajoler plutôt que deux hommes. Je peux inviter ma copine chez moi sans problème, je la présente comme ma meilleure amie et ma famille ne sait rien de notre relation. On fait très attention. » Nous sommes, selon ma famille, les meilleures amies du monde. Je préfère que les choses restent comme ça pour l’instant.

 

Au Hammam

On le surnomme « Am Mehrez », il travaille depuis 30 ans au Hamam, Am Mehrez en a vu défiler des scènes depuis qu’il est à son poste.

« Le hammam est le meilleur lieu de rencontre pour les gays et souvent, ils arrivent à séduire des hommes mariés. Ce sont des fantasmes qu’ils assouvissent ici, bien entendu, je suis là aussi pour faire attention... Deux qui entrent dans une même « mathra » (cabine) c’est déjà arrivé».

Si dans certains Hammam, on laisse faire, on fait semblant de n’avoir rien vu, dans d’autres on surveille méticuleusement ce qui se passe.

 

La prostitution

« Danseur de ventre » dans les mariages et les soirées, il s’offre la nuit aux hommes pour quelques dinars.  Nombreux sont ceux qui se maquillent, portent des robes et dansent dans des soirées mondaines, des soirées privées. Une mode ? Un fantasme ?

« Mimi » est connu dans le monde de la nuit, il a sa tenue du soir … travaille le matin serveur dans un café. Tout le monde sait que Mimi peut aussi travailler à domicile. Il est très courtisé par des hommes célibataires mais surtout des hommes mariés.

Mimi travaille seul avec son réseau, ses propres clients, mais il existe des « mac ». Le réseau de prostitution des hommes et des femmes se ressemblent beaucoup, il y a même des « patronnes » qui travaille avec les deux.

 

Comment ai-je su que je suis homosexuel ?

Samir a déjà eu des expériences sexuelles avec des femmes mais il ne trouvait pas son compte … « Je n’arrivais pas à prendre du plaisir, c’était machinal … je n’étais pas heureux, ni équilibré et c’est seulement à l’âge de 24 ans que j’ai compris que je ne pouvais être heureux qu’en couchant avec des hommes, c’était  la seule façon d’assouvir mes désirs ».

Pour Maher, les choses sont différentes, depuis sa plus tendre enfance, il mettait le rouge à lèvre de sa mère, aimait imiter les femmes de sa famille, voulait mettre une robe pour les mariages … À cinq ans, je rêvais d’être une fille, je  pleurais quand  mon père me coupait les cheveux ».

 

Peut-on un jour voter pour le mariage gay en Tunisie ?

Si certains parties en ont parlé dans leur programme électoraux, nous sommes encore loin de cette éventualité nous confie un élu à l’ANC qui a préféré garder l’anonymat. « Cette question risque de créer une polémique inutile, nous n’avons pas besoin de ça en ce moment, il ne faut pas provoquer les extrémistes, c’est le meilleur moyen d’avoir des extrémistes incompétents au gouvernement. Regardez en France la montée du front national, avec la loi du mariage pour tous, tous les religieux, et beaucoup de musulmans ont voté  pour le Front national ».

Yasmine Hajri

 

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