Ma vie d'avant

Publié par guyte33 le 24.08.2016
2 001 lectures

Le 24 décembre 2005, mon innocence m’a tué. Cette vie que je menais, sans le savoir, s’écroulait comme un immeuble qui tombe sous les bombes. Tout allait changer sans que je n’en prenne encore toute la mesure. Le regard des autres parfois, mes rapports avec les gens, mes ambitions, mes rêves… chaque émotion, chaque sensation, chaque ressenti qui constituait mon être devrait à présent prendre en considération cet élément qui devenait le point phare de ma vie, ma séropositivité.

Le mot, enveloppé de tant de délicatesse dans la bouche de mon médecin traitant m’a décontenancé. Pas de réaction de pleur ou de panique de ma part. Juste une incompréhension envahissante et un brouillard qui est venu tout envelopper dans mon esprit. Je n’ai pas vraiment sût comment rebondir à cette nouvelle. Comme dans un instinct de survie, je lui ai demandé :

  • « Et maintenant, que fais-t-on ? »

Moi qui avais voulu mourir tant de fois par le passé, bercé par mes idées noires lancinantes et terrifiantes. Ces journées entières à avoir envie d’être mort, du lever au coucher, me sentant incompris dans mon homosexualité et mon manque criant d’amour depuis ma plus tendre enfance. En ce jour de réveillon, à l’âge de 29 ans, j’étais séropositif.

Mon médecin m’indiqua la marche à suivre pour la prise en charge impérative de ma maladie. Il me donna les coordonnées d’un spécialiste. Je sortis du cabinet pour me diriger vers ma voiture. J’avais l’étrange sensation que tout était différent de l’instant où j’étais arrivé il y a à peine une heure. Il faisait soudain beaucoup plus froid dehors… mes clés, le fauteuil en cuir de ma voiture, le volant, tout me semblait froid. J’étais là, sans même avoir démarré, attendant je ne sais quoi. Le regard vide, j’étais incapable de penser à quoi que ce soit. Le silence et l’attente, tout autour et à l’intérieur de moi, comme un signe annonciateur de ce qu’allait être ma vie à présent.

 

Mon assassin s’appelait Killian. D’une beauté stupéfiante à mes yeux du haut de ses 20 ans, il était entré dans ma vie quelques mois auparavant. Certains garçons ont changé beaucoup de choses en moi, c’est certain. Mais lui a été l’initiateur du changement majeur de mon existence. Nous discutions depuis quelques temps via internet avant que je ne le découvre. Sa gentillesse était d’une rare générosité. Son regard tendre, sa voix rassurante m’ont immédiatement séduit. Son corps, je le devinais sous ses vêtements saillants avec une musculature si belle à contempler. Son teint mat et son grain de peau donnaient immédiatement envie de sentir la douceur de ses caresses et de s’abandonner à lui. Une complicité est vite apparue entre nous se transformant rapidement en une histoire d’amour que je croyais sincère et  sérieuse. Killian était auprès de moi régulièrement, passant une semaine par-ci par-là à mon appartement. Je me sentais autant aimé que comblé. Lorsqu’il n’était pas avec moi, il se rendait chez un cousin ou dans sa famille quelques jours. Avec le recul, il est vrai que je ne savais pas grand-chose de lui, sinon rien. Nous nous contentions de vivre notre aventure en toute insouciance sans se poser de questions.

Un soir où j’étais seul, au hasard d’une discussion sur mon ordinateur, un garçon m’interpella sur la nature véritable de mon compagnon. Sans me dévoiler quoi que ce soit, il m’invita à le rejoindre chez lui afin de m’expliquer plus en détail. Il m’indiqua qu’il fallait que je fasse vite et que je vienne le rejoindre dans l’heure. Perplexe, je décidais de prendre la route malgré tout. Un élément troublant stimulait cependant déjà ma curiosité et l’appréhension d’entendre quelque chose qui ne me plairais pas. En effet, l’adresse de cet inconnu correspondait en tout point à la résidence où j’avais l’habitude de déposer mon Killian quand il me disait aller passer plusieurs jours chez son cousin. Bien entendu, je n’avais jamais vu ce prétendu cousin. Le doute et l’inquiétude commençaient à monter en moi durant les cinquante minutes du trajet.

Une fois les présentations faites, nous nous installâmes devant un café. J’étais anxieux à présent à l’idée d’entendre ce qu’il avait à me dire. Il commença à m’interroger sur ce que je savais de Killian, son âge, son identité, ce qu’il faisait dans la vie. Il était évident que quelque chose clochait. Puis il me demanda :

  • « Qui suis-je d’après toi ? »

Je lui répondis :

  • « Le cousin de Killian ? »  sans plus aucune conviction à présent.

  • « Je suis son ex compagnon. Je n’ai plus de nouvelles de Killian depuis quelques jours. Depuis que j’ai découvert qui il était vraiment. » me répondit-il.

Son air grave était accompagné d’un léger rictus au coin des lèvres. Comme pour se moquer de la naïveté dont il avait été victime et dont j’avais fait preuve à mon tour. La discussion qui allait suivre, il l’avait lui-même vécue une quinzaine de jours auparavant avec un internaute qui lui avait tout révélé. Les rôles s’inversaient. Aujourd’hui, c’était lui le messager chargé d’informer une victime de plus.

Pour lui, Killian se prénommait Ahmed. En effet, ce garçon dont je commençais à être très amoureux possédait de multiples identités. Son âge aussi d’ailleurs devenait incertain et variait maintenant entre 18 et 22 ans, sans que l’on sache vraiment ce qu’il en était. Une dizaine de plaintes avaient été déposées à travers toute la France contre cet individu partageant ma vie depuis six mois et qui devenait tout à coup un fantôme. Son activité principale se limitait à séduire des garçons, à habiter un peu chez l’un et un peu chez l’autre en prétextant aller dans sa famille pour justifier ses absences. Après plusieurs semaines de relation et une confiance installée, il subtilisait chèques, cartes bleues, permis de conduire à ses victimes. Son autre activité était le tournage de films, s’envolant régulièrement pour les pays de l’Est. Bien entendu, ce n’était pas le genre d’œuvre cinématographique dont on ressort avec une nomination aux Oscars qui le préoccupait. Mais plutôt le genre de composition qui se retrouve sur toute bonne étagère de sex-shop qui se respecte, coincé entre un dvd de garçons habillés en cuir et un autre vantant les bienfaits du lycra sur la libido masculine. Déjà malmené par ces révélations, j’apprenais de plus que mon compagnon qui, à cet instant précis s’avérait être devenu mon ex, avait contracté le VIH. Conscient de sa sérologie, à nouveau, il mettait ses conquêtes en confiance prétextant un test négatif récent que personne n’avais jamais vu, pour véhiculer à son tour cette maladie en toute connaissance de cause. Par chance, mon interlocuteur s’avérait être finalement négatif. Il en ressortait néanmoins avec plusieurs centaines d’euros dérobés et une fierté bien mise à mal. Quant à moi, je me retrouvais blessé et meurtri, mon petit ange étant devenu un démon à traquer coûte que coûte.

Commentaires

Portrait de Nadyne Mand

Je viens de lire ton histoire qui m'a particulièrement troublé,  j'ai vécu cette histoire différente car je suis une femme qui a rencontré un homme séducteur,  qui m'a également contaminé à l'âge de 23 ans dans un moment de ma vie où je me cherchais suite à une rupture difficile. Et ta réaction à l'annonce de la maladie a été la même pour moi mise à part que j'ai vu ma vie défilée sous mes yeux en l'espace de 5sc. Aujourd'hui,  cette personne en est morte, moi je suis là avec ce poids mais convaincu que la vie rend les coups. Alors, cette personne qui t'a trahi et trahi d'autres personnes, pour elle, la roue tournera et il n'en réchappera surement pas, il trouvera plus fort que lui.

bon courage à toi.

Portrait de guyte33

Merci Nadine d'avoir apprécié mon texte. Malheureusement, je crois que nous éprouvons tous plus ou moins la même chose lorsque l'on apprend sa séropositivité, dans quelque circonstance que ce soit. Accident, trahison, escroquerie..... la finalité en est toujours la même. On se retrouve confronté au rejet également. Pour ma part j'ai eu de la chance... je ne l'ai jamais connu professionnellement ou amicalement. Mais sentimentalement en revanche, c'est un rejet total et absolu la majorité du temps maintenant. Effectivement, comme tu le dis si bien, la roue tourne..... la personne qui m'a contaminée est décédée elle aussi. Certainement lasse d'être pourchassé par ses victimes, il a préféré mettre fin à ses jours deux ans après. Et curieusement, je ne lui souhaitais tout de même pas cela. Mais la vie continue et cela m'a permis de beaucoup relativiser les choses par la suite.

Bon courage à toi aussi.... sois heureuse et prend soin de toi surtout !

Portrait de la-vie-en-rose

Bonjour guyte33, 

En lisant ton témoignage, j'ai l'impression que le garçon qui t'a contaminé avait une personnalité perturbée. Un peu, beaucoup, à la folie ?

Ses identités multiples font penser à la schizophrénie. Sa capacité à manipuler ses victimes évoque le comportement d'un pervers narcissique. Son refus de prendre en compte son statut sérologique (suivait-il un traitement ?) est la marque d'un déni de réalité. Etc. 

Je pense que cette personne était très malade psychologiquement et probablement en souffrance. Je ne suis pas surpris qu'il ait mis fin à ses jours.

Il n'avait sûrement pas choisi d'être malade dans sa tête.

Était-il responsable de ses actes ? Rien n'est moins sûr. 

Portrait de franbesac

J'ai lu tres attentivement ton histoir qui na pa du etre facile, surtou du fait que vous etié plusieur a subire la meme chose.

 

aprendre par d'autre que se que vous vivié n'ete que menssonge et tromperi, puis la contamination.

et cette fin tragique, ou parfoi faut juste accsepté un peut d'aide des autre pour ne pa sucombé a la simplicité du suicide.

schizophréne, non jne pense pas, mais un mecs grave pommé, surment contaminé tres jeune, baffoué, bléssé, qui na pa su géré sa douleur, ni pensé cest plai comme beaucoup dentre nous lon fait, car il faut beaucoup plus de courrage, d'avancé dans la vie et fair frond.


il avait baissé les bras tres tot pour se que jen analyse, car sil se serai accrocher comme toute personne qui veux sen sortir, aurai suivi son traitement convenablement, aurai trouvé un taff, aurai fait des project d'avenir, aurai vecu sont ou cest histoir d'amour dans le respect de l'autre et surtou le poin le plus important aurai protégé les autre dun futur contamination.


la je n'est lut que dessespoir, melancolie, tristesse, noirseur, argent facile, films x, vol, vie le jours le jours sens rien attendre du lendemain, sens attache et amour, vivre avec un coeur vide, car il avai surment pris sa desition de se donné la morts il y a longtemps, il attendé juste le moment ou son courrage ete au plus haut pour le fair.


de la naiveté non jne croi pa que sa en soi, simplement tu a rencontré quelqun qui te plaisé, tu y a cru, ta surment fait des beau project dans ta tete et tu a pris des risque, cest sa vivre.


tu dit que tu a eux de la chance, du soutien, lui pour se que jen ressent de ton recit na pa eux cette chance, il a ete surtou une pauvre ame torturé, qui na pa su geré se troma.


et dans le monde des gent comme lui qui non rien a espere de la vie, juste a fair du mal et bléssé les autre, san regret, dans une depression san limite il y en a, a la péle.


ne va pa croire que je préne sa defance, loin de la, car se quil a fait et inpardonable,  mais il et souvant bon de regardé avec d'autre yeux de l'autre coté du miroire.


ne regarde plus en arriére avance dans ta vie, trouve et construi ton bonheur, l'amour et crée des project, nous avon tous une date de peranption, alors fait de ton mieux mon beau, car tu le merite, ou plutot nous le meriton tous.


mille escuse pour l'orthographe amicalement FRAN

Portrait de chavetas

merci de votre témoignage qui est triste et dont tu ne méritais pas en voulant aimer et d'avoir fait confiance à un malade psychique.

Moi aussi j'ai vécu une similitude,et j'étais comme toi muette lorsque le diagnostic est tombé.Je n'ai pas pleuré ,j'ai comme accepté puisque je ne pouvais pas faire autrement .Heureusement que le médecin qui est venu me l'annoncer (j'étais hospitalisée) m'a aussitôt rassurée en me disant qu'on n'en meure plus de nos jours en vous soumettant au traitement .Je crois que l'acceptation m'a aidée à bien supporter le traitement qui est devenu de suite efficace.

Mais comment j'ai pu attrapper cette saloperie?

Quelques mois plus tard je reçois un message suivi d'un appel de mon ex qui me demande "pardon" mais de quoi dis-je ! Il m'a racontée et imaginez la suite .

 Voilà comment j'ai su que  j'ai été contaminée .

Cette personne est décédée par la suite et moi je suis bien comme un charme ;je ne lui ai pas souhaité cette fin qui semble -t-elle a étée très difficile car il a beaucoup souffert.

Si ces témoignages peuvent t'élucider sur le comprtement de lâcheté de certains de nos semblables

bon courage et tiens bon la page sera tournée définitivement pour que tu puisses en ouvrir une autre

bonne chance

Portrait de Espoir2016

Bonjour guyte33,


Je suis de tout coeur avec toi mon ami, ton histoire n'est pas si différente de la mienne en Tunisie, où mon ex petit copain partageait sa vie avec moi et son ex au même temps sans que je le saches. Mon ex été un mec à partenaires multiples et jamais il m'a fait sentir qu'il cherchait ailleurs car il été assez présent dans ma vie. Toutfois, j'ai commencé à soupçonné ses aventures en me présentant l'un de ses connaissances qui s'est avéré amoureux de lui depuis assez longtemps et qui n'a pas pas pu résisté à ma présence dans la vie de son mec bien aimé. Un jour, mon ex disparait brusquement de ma vie suite à son état de santé qui s'est aggravé. J'ai essayé de comprendre, d'appeller et de s'informer malgré la rupture mais aucun signe. Il avait changé ses numéros de téléphone et m'a bloqué sur les réseaux sociaux. Deux ans après, sans aucune relation avec un nouveau mec, je vivais encore dans mon passé, refusant toute nouvelle relation ou rencontre. Peu à peu c'est ma santé qui se détériore sans connaître la raison. Un saut vers le médecin, mon état s'est aggravé et suite à plusieurs analyses je découvre que je suis contaminé. Mon amour pour cette personne et mon attachement m'a détruit au plus profond de moi. Ca fait 9 mois que j'ai appris mon statut et déjà soumis en urgence sous trithérapie. Malgré tout cela, je tiens encore debout et je vis comme je peux sans reculer. 

J'ai perdu confiance en toute personne et je n'arrive plus à croire qui que ce soit, car je suis devenu méfiant.

MAlgré notre statut sérologique, nous devons vivre guyte33, et nous vivons. Courage mon grand, ce n'est qu'une page de notre vie qui s'effacera peu à peu. 

Bonne continuation dans ta vie et heureux de partager mon histoire avec vous mes amis