Traitement

Publié par MONICA le 15.08.2009
628 lectures

IT N°79 - Avril 2000

Millepertuis - Crixivan : attention

Interaction médicamenteuse avec le millepertuis

Des chercheurs du National Institutes of Health (Etats-Unis) ont constaté au cours d’une étude qu’il peut y avoir une interaction médicamenteuse dangereuse entre le millepertuis (aussi connu sous le nom d’herbe de St Jean) et l’antiprotéase Crixivan. Le millepertuis ou son extrait actif l’hypericine sont beaucoup utilisés en phytothérapie comme antidépresseur. Beaucoup de personnes séropositives y ont recours. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans le numéro daté du 12 février 2000 du journal médical The Lancet. L’investigateur principal de l’étude, le Dr Stephen Piscitelli, explique que si le millepertuis est utilisé en même temps que le Crixivan (indinavir), les taux plasmatiques de ce dernier baissent énormément. Ceci jusqu’à un niveau où le Crixivan n’a plus d’effet thérapeutique. Etant donné que cet effet est dû à l’induction d’enzymes hépatiques (P450) impliqués dans le métabolisme des antiprotéases et des non-nucléosidiques, les auteurs de l’étude recommandent que le millepertuis ou l’hypericine ne soient pas consommés par les utilisateurs ce ces deux classes de médicaments. Cette recommandation vient d’être officiellement reprise par l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé dans un communiqué de presse. Pour arriver à leur conclusion, les chercheurs ont travaillé sur un groupe de huit volontaires séronégatifs. D’abord, les volontaires ont pris des doses de Crixivan, puis ils se sont vu donner des doses de millepertuis pendant deux semaines et finalement ils ont pris des doses des deux substances simultanément. A chaque étape, on a mesuré les niveau plasmatiques de Crixivan, du millepertuis, ou des deux. Les résultats furent stupéfiants. Le niveau plasmatique du Crixivan associé au millepertuis était entre 49 et 99 % plus bas que quand ce médicament était pris seul. Bien sûr, cette étude est un message de précaution contre l’utilisation d’autres produits de phytothérapie en même temps qu’un traitement contre le VIH. Si une interaction aussi dramatique est possible avec un produit si communément utilisé que le millepertuis, on peut penser qu’il existe d’autres plantes qui interagissent de façon délétère avec les antiviraux.  Cette étude constitue aussi une interpellation aux laboratoires pharmaceutiques et aux organismes de recherche contre le sida : il est nécessaire de conduire des études d’interactions avec une gamme de substances beaucoup plus large que ce qui est fait actuellement. On sait par le biais de plusieurs études et de nombreux témoignages que les personnes séropositives ont recours à de nombreuses thérapies complémentaires pour gérer des effets secondaires. Ces stratégies complémentaires impliquent souvent la prise de produits de phytothérapie ou de supplémentations micro-nutritionnelles.

La DHEA améliore l’humeur, la vitalité et la masse musculaire des séropos

Une étude concernant les effets de la dehydroepiandrosterone (DHEA) sur des patients séropositifs arrive à la conclusion que les patients bénéficient d’une amélioration de la vitalité, de l’humeur, de la libido et d’une augmentation de la masse musculaire après huit semaines de traitement. La DHEA est une hormone sécrétée par les glandes surrénales. Cette étude dont les résultats ont été publiés dans un numéro récent de la revue médicale Psychoneuroendocrinology concernait 45 patients séropositifs dont 6 étaient des femmes. Toutes ces personnes avaient des signes de dépression faible à modérée. La moitié des patients étaient au stade sida et 85% d’entre eux prenaient une multithérapie antivirale. Les dosages de DHEA utilisés durant l’études étaient de 100 mg/jour au cours de la première semaine, puis de 200 mg/jour pendant la deuxième semaine. Puis, à la quatrième semaine, la dose passait à 300 mg/jour. Pour ceux qui n’éprouvaient pas d’amélioration de leur état dépressif, ni d’effets secondaires, la dose était portée à 500 mg/jour. Le docteur Stephen Ferrando, l’un des co-auteurs de l’étude, a déclaré : "Nous avons observé un taux de réponse élevé. L’humeur s’est améliorée chez 72% des patients et 81% ont observé moins de fatigue. Même si c’est vrai que ces deux critères sont très subjectifs, on peut rajouter que nous avons mesuré des augmentation de la masse musculaire. Ceci démontre l’effet anabolisant de la DHEA". Le Dr Ferrando est professeur de psychiatrie au Weill Medical College de la Cornell University à New York (Etats-Unis). Parmi les patients qui avaient indiqué une libido diminuée au début de l’étude, 50% ont eu une bonne ou une très bonne amélioration après huit semaines. Les hommes qui ont rapporté des améliorations dans l’humeur et la vitalité ont aussi fait part d’une plus grande vigueur de leur érections matinales. A la huitième semaine de l’étude, les investigateurs ont constaté une amélioration statistiquement significative de la masse musculaire. Cette amélioration est restée constante pendant les quatres semaines de traitement additionnelles. 3 participants sur les 45 inclus ont quitté l’étude prématurément au cours des deux premières semaines à cause d’effets secondaires : irritabilité, maux de tête ou acné. 7 autres participants ont rapporté des effets secondaires mineurs au cours de l’étude. Ceux-ci incluaient des insomnies, l’irritabilité et la congestion nasale. Les auteurs de l’étude disent que les résultats sont encourageants mais pas suffisants. Ils envisagent de démarrer une autre étude plus rigoureuse sur une plus longue période et avec plus de participants au cours du printemps 2000. La DHEA peut être librement achetée dans les magasins diététiques ou les pharmacies aux Etats-Unis. C’est une hormone considérée par les autorités médicales comme peu toxique et sans danger. En France, les autorités gouvernementales considèrent la DHEA comme une substance dangereuse et sans intérêt thérapeutique. Elle est donc illégale. Les personnes qui veulent s’en procurer doivent aller la chercher à l’étranger (Etats-Unis, mais aussi Angleterre, Andorre ou la Suisse), ou la faire venir en fraude des Etats-Unis. Ceci est aujourd’hui facilement réalisable par Internet, mais il faut tenir compte d’une mise en garde. La qualité des compléments nutritionnels comme la DHEA est mal surveillée par les autorités américaines et il existe des marques peu sérieuses. Les meilleures garanties sont assurées si on commande par le biais d’un club d’achat comme DAAIR ou le Boston Buyers’ Club.