Un médicament connecté pour contrôler la prise des traitements

Publié par Exit le 15.11.2017
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Et si les médicaments pouvaient espionner les malades ? L'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la FDA, a approuvé le 13 novembre la mise sur le marché du premier médicament qui comprend un système de traçabilité de l’ingestion. "La pilule Abilify MyCite (un comprimé d’aripiprazole) contient un capteur qui enregistre la prise effective du médicament", précise la FDA, qui explique que "ce produit est autorisé pour le traitement de la schizophrénie, de la manie aiguë et des troubles bipolaires".

Ainsi, le comprimé peut indiquer si le malade a bien pris son traitement – et, si oui, quand il l’a pris. Le capteur de la pilule, constitué de cuivre, de magnésium et de silice, émet un signal sonore en présence des liquides de l'estomac. Ce signal est capté par un récepteur (un patch) situé sur la cage thoracique. Ce patch transmet à son tour les informations récoltées à une application mobile. Le patient peut ainsi traquer l’ingestion de son traitement. Le patch doit être changé toutes les semaines. Le médecin traitant peut, s’il le souhaite, accéder à ce système de traçabilité sur un site Internet relié à l’application.
Si ce médicament peut apporter un bénéfice au niveau médical, il pose des questions au niveau éthique. Il pourrait en effet être une atteinte à la liberté des malades de se soigner ou pas. 
http://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/un-medicament-connecte-pour-con...Nous y voilà à cet avenir malsain. Pour l'instant c'est juste aux USA et que pour quelques maladies, mais on peut déjà s'immaginer que ceci va s'étendre à d'autres maladies et à d'autres pays dont la France qui a l'habitude de suivre les USA comme le bon toutou. Alors évidemment en écoutant cette actualité, on ne peut que penser à notre propre santé ! Et si demain nos infectiologues avaient le pouvoir de savoir si on prend bien notre trithérapie ? Car bon nombres d'infectiologues utilisent les questions qui reviennent à chaque consultation : Avez-vous bien pris votre traitement ? Avez-vous sauté des prises ? etc... Afin justement de surveiller l'allègement sauvage. Mais qu'en est-il de notre liberté médicale ? De nos maux que l'on souhaiterait alléger ? Notre santé nous appartient non ? Elle n'appartient pas aux médecins...Ce médicament d'avenir va déjà permettre aux assurances américaines d'avoir un pouvoir supplémentaire, moins rembourser les patients qui prennent mal leurs traitements. On peut parfaitement s'immaginer que demain les patients qui prennent mal leur trithérapie soient pénaliser sur leur ALD.Très certainement encore une nouvelle victoire de la pharmaceutique alors qu'un grand nombre de personnes sont déjà en constante surmédicamentation. 

Commentaires

Portrait de Kitsune

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/e-sante/les-etats-unis-autorisent-un-premier-medicament-connecte_118318

Ainsi que le stipule l’article, ce mode de gestion des traitements ne concerne actuellement que des pathologies qui induisent ou peuvent induire de l’irrégularité et de la non-observance involontaire dans la prise médicamenteuse. Il ne s’agit nullement pour l’heure de juger le patient ou monétariser le suivi mais au contraire d’agir dans l’intérêt de ce même patient (nous sommes là sur le terrain purement clinique).

Rien n’est par ailleurs encore fait quant à la généralisation du processus à d’autres maladies au regard des effets à terme pour l’heure inconnus.

En revanche, extrapoler la mise en place de ce type de spécialité pour toutes les pathologies n’est pas infondé et relève plus largement de l’exploitation qui est faite des données personnelles. C’est sur le terrain juridique dans un premier temps que doit s’exercer la vigilance (CNIL, AEDH (Association Européenne pour la Défense des droits de l’Homme), AFCDP (Association Française des Correspondants à la protection des Données à caractère Personnel), Cour Européenne des Droits de l’Homme…) afin que ces données soient réellement protégées des piratage, revente, corrélation entre diverses données individuelles, etc.

Puis il s’agit, et là est la plus difficile des tâches, de mettre en place des garde-fous afin que, s’il devient comme c’est déjà le cas à l’état embryonnaire en France, monétarisé (assurance santé, automobile, habitation…), ce mode de gestion ne devienne la norme. Il s’agit en effet de ne pas mettre en place un système qui instaure de facto une inégalité inique entre les individus (il faudrait pour le coup réellement être riche, bien portant et pourquoi pas même...chanceux !) et ferait à terme que l'obligation de résultat pèse plus lourdement encore sur le client : le bonus-malus ne vaut que pour les domaines ne relevant pas du capital santé ou intellectuel dont chacun se trouve intrinsèquement doté à la naissance.

L’individu doit pouvoir conserver son total libre-arbitre quant à son adhésion à ce type de gestion de certains aspects de sa vie privée : il faut donc impérativement qu’une clause de non-obligation figure dans tout type de contrat où la collecte des données personnelles est souhaitée par le prestataire (cela relève du législateur) et que le client qui refuse de souscrire à cette collecte ne soit pas plus pénalisé que s’il s’agissait d’un contrat-type ancienne mouture (rien n’empêche en revanche celui qui veut se prêter au jeu de le faire et de bénéficier des avantages qu’il peut retirer de cet état de fait : tel ce type de contrat bien réel existant actuellement en France auprès d'une compagnie d’assurance santé dont le cumul de points entraîne le déclenchement d’offres de réduction auprès d’un certain nombre de prestataires de services, à mille lieux du domaine de la santé… : ou l’art de semer les petits cailloux qui serviront au loup !).

Enfin, rien ne met à l’abri ces mêmes prestataires des petits malins et génies de l’informatique capables de bidouiller les données, quand ce n'est utiliser comme ce fut le cas dernièrement tous les objets connectés afin de lancer des attaques à grande échelle de déni de service ! Attention donc à toutes ces éventuelles futures armes à double-tranchant.

Portrait de Kitsune

Voilà qu'au lieu de lieues (être à mille lieues) j'ai mis des lieux ! Et pourquoi pas des lieus jaunes ou noirs tant qu'on y est ?

Pan sur le bec, comme l'on dit au Canard !