Voyage au bout de la connerie

Publié par Dakota33 le 11.06.2017
2 365 lectures

Voyage au bout de la connerie, mon cheminement depuis un an et demi pourrait bien s'appeller comme ça.

Tout a commencé un week-end entre noèl ou le jour de l'an en décembre 2015, avec prise de risque maximum dans des conditions extrèmes, je ne rentrerai pas dans les détails. Je me réveille pas bien le lendemain matin, avec le sentiment bizarre d'avoir été vraiment trop loin, un préssentiment étrange. Je passe le dimanche mal dans ma tête et me décide à filer aux urgences pour demander un traitement d'urgence, car je sais que ça existe. Je suis reçu selon le processus habituel, un médecin, puis peut être un psy me posent plein de questions, veulent peut-être, être sur qu'il n'y a pas eu agression. Mais non c'est bien moi qui ai déconné tout seul. On finit par me rassurer, le risque est minime même s'il existe, on me fait une prise de sang, on me donne quand même une pochette de secours pour trois jours avec des medicaments à prendre et un  rendez-vous dans deux jours, avec un médecin du service infectiologie. Le surlendemain, ce dernier me rassure, tout est négatif, toutefois, vu ma prise de risque, il me prescrit le traitement d'urgence pour un mois et des analyse de contrôles dans deux et quatre mois.

Donc je prend mon traitement, bien srcupuleusement, tous les jours à heure fixe. Le 31 décembre, je suis dans ma famille avec parents, frères, neveux, nièces, mais j'arrive à prendre mes pillules en cachettes et à faire comme si de rien n'était, pendant mon séjour.

Deux mois plus tard je fais mes analyses de contrôle et deux jours après coup de téléphone du CHU, le docteur souhaiterai me voir rapidement. Angoisse immédiate bien sur, je file au rendez-vous, et la, alors que je dois être blanc comme un linge il me me dit tout sourire, le VIH c'est bon mais vous avez contracté une syphillis. J'imaginai tout sauf ça, du coup je me sens soulagé car il me dit que ça se soigne très bien. les MST étant en recrudescence il me conseille de bien me protéger à l'avenir. J'en convient.

  

Je repars avec prescription et analyses de contrôle sur un an. Après un parcour du combattant pour trouver le produit mal distribué en france et qu'il faut faire venir d' Italie je trouve une infirmière qui met trois heures à lire le mode d'emploi, car c'est la première fois que la cas se présente pour elle ! finalement j'ai le droit à une méga piqure de dingue dans le derrière, je boite pendant trois jours, mais j'ai retrouvé le moral.

Du coup je prend ce coup d'angoisse comme une étape positive dans ma vie. Je me dis voila j'ai 44 ans, je suis passé à travers, j'ai parfois pris des risques, la plupart du temps je me suis protégé, je pourrais dire au moins 9 fois sur 10 mais je suis sur que c'est mieux que ça encore, mais ne bataillons pas sur les statistiques... A partir de maintenant plus jamais, on ne m'y reprendra, j'ai quand même l'age de raison et je repart très sur de moi sur le chemin de la vie.

Et puis en décembre 2016, je rencontre sur un site internet un mec, on discute, on envisage de se voir. On doit ce voir en janvier mais il annule car il me dit qu'il a chopé la grippe... Je lui dit de bien se reposer, que ce n'est que partie remise. Puis finalement en février, on se rencontre et la patatra, rapport non protégé alors que les préservatifs attendaient bien sagement sur la table de nuit. Curieusement je ne m'affole pas malgré les bonnes intentions que j'avais prises. Et puis deux semaine plus tard, j'ai une monté de fièvre terrible, je me sens totalement naze. Le lundi matin je vais voir mon médecin, je lui dis je crois que j'ai la grippe. Elle me répond que l'épidémie est passée, elle m'arrête pour la journée, me file du doliprane en me disant c'est rien ça doit être un coup de froid. Sauf que ça ne passe pas et que je commence à avoir mal à la gorge avec les ganglions et la je tilte, et je repense au gars rencontré il y a deux semaines. Je recommence à flipper, mais je me dis que c'est peut être une angine, donc je retourne voir le médecin qui me dis "ah c'est une grosse angine, il faut prendre des anti biotiques".

Comme le déni est une chose bien humaine,  je sais que je dois faire un dernier test de vérification pour le traitement de la syphilis, le test vih est prévu,  je me satisfais de la réponse et me persuade que j'ai une angine.

Une fois de plus je reprend mon cheminement de la vie.

Je vais faire le test prévu en mai et curieusement j'ai la prétention de croire que je suis peut être né sous une bonne étoile. Jusqu'à maintenant, depuis 20 ans,  j'ai toujours fait des tests avec résultat négatif. Cette fois je stress à peine, ce qui peut sembler étrange par rapport à ce qui s'est passé en février.

Coup de fil du labo, ils n'ont pas assez de sérum et je dois repasser faire un nouveau prélèvement que je vais faire le vendredi 18 mai, l'infirmier ne me dit rien de spécial mais je rentre chez moi en prenant concience que le coup de la bonne étoile c'est surement raté. Je passe mon week-end à chercher des infos sur internet, et la tout ce précise, le second prélèvement c'est pour confirmer le premier positif. Bien sur je veux pas y croire, je cherche des histoires à la con sur internet et bien sur il y a tellement de connerie à lire sur internet que je les trouvent. Des histoires improbables, des histoires de vrais faux positifs à la con... mais ça ne colle pas avec moi. Je me dis que de toute façon il faut attendre le résultat.

 

Le lundi 21 mai, ça devient une habitude, coup de fil du CHU, le médecin infectiologue veut me voir rapidement, la secretaire ne peut rien me dire. Je prend rendez-vous pour le lendemain. Je raccroche, je suis au boulot, et la je comprend que ça y est, ça m'est tombé dessus. Je termine ma journée au boulot, comme un robot, c'est compliqué et je file le soir au labo pour en avoir le coeur net. J'arrive et je donne mon petit ticket à la nana de l'accueil qui me dis "ah M...... le doteur du labo veut vous voir" Le gars m'explique qu'il aura les résultats demain matin, que tout n'est pas clair. Il y a une petite part de déni qui revient à la charge, alors je luis demande si ça concerne la syphilis, il me répond que pour la syphilis tout va bien c'est en cicatrisation, pour le vih il faut chercher encore. J'accuse le coup, je vois à son visage qu'il a l'air bien embété pour moi quand même. Il me dit qu'il a gardé des fioles au congélo et que si le CHU a besoin de faire de nouvelles analyses il n'y a pas de souci. Je pars en ayant l'impression que le temps s'est arrété et qu'il n'y a plus rien autour de moi. C'est le choc.

Donc le lendemain, mardi 22 Mai, rendez-vous chez mon médecin infectiologue préféré, lui qui était tout content il y a un an et demi de ces bons résultats, il m'annonce la mauvaise nouvelle ferme et définitive. Ce petit traitement de secours qui n'aura servi à rien finalement, va se tranformer en traitement à vie.  Voila le voyage au bout de la connerie continue, avec plein de nouveaux épisodes à venir j'imagine. Il tient à me dire toute de suite et en premier lieu la chose suivante  " Vous allez être pris en charge, on va vous donner des médicaments qui seront efficaces, vous allez pouvoir vivre une vie normale et vous serez en bonne santé" j'entend bien son message positif mais pour l'instant je viens de rentrer dans une autre dimension, il va falloir que je m'y fasse.

 

Et oui je sais, on va me dire comment peut on être aussi con ?  Et je suis d'accord, je n'arrrive pas, moi même à en revenir. Pour l'instant, c'est la colère après moi qui prédomine, avec un sentiment d'échec assez douloureux qui me taraude l'esprit. Maintenant je sais que je n'ai pas d'autres solution que d assumer et c'est ce que je vais faire, une fois que j'aurais bien digérer tout ça.

Merci à ceux qui ont eu le courage de lire jusqu'au bout.

Commentaires

Portrait de bubulle

Je t'ai lu du début à la fin. Tu fais parti des 99 % d'être humains qui ont pris des risques dans leur vie ( qui n 'a pas trop poussé soit sur la clope, soit le sexe, soit la vitesse en bagnole, la bouffe trop grasse, les passages cloutés rarement respectés,  les passages en vélo en sens interdit,  les états d'ébriété, soit un enfant qu'on ne surveille pas assez sur la plage ou dans la rue etc. )

Après 4 ans de VIH et sans avoir connu l'ombre d'un soupçon de problème lié à ce VIH je peux t'assurer qu'en 2017 tu n'es pas si malchanceux, tu vas vite t'y faire et voir la vie d'une autre façon.

Pour ma part le VIH m'a apaisé. Je sais que ce n'est pas le cas de tous. mais je te livre mon expérience à moi pour te donner du peps ;-)

Portrait de jean-rene

Tu n'es pas "con", Dakota.

On n'est pas des robots. On ne peut pas vivre sa vie en hyper-contrôle maximum.Il y a des moments où on a besoin de "relâcher la pression", par exemple d'avoir "un rapport non protégé alors que les préservatifs attendent bien sagement sur la table de nuit".

Résultat : bienvenue au club. Moi, j'ai "relâché la pression pendant 30 mois", il y a 37 ans.

Si tu as été "con", alors moi, j'ai été "archi-con" !

Portrait de Tom Sawyer

J'ai lâché la pression une fois, avec un inconnu, que je n'ai jamais revu.

Un moment de flottement et de faiblesse que j'ai eu lors d'une rupture d'une relation stable qui a duré longtemps.

Je ne suis pas un saint loin de là, car nous étions un couple libre avec quelques relations chacun de notre côté, mais la prudence était de mise.

J'ai dû me laisser aller deux ou trois fois avec une 'petite' prise de risque, mais le jours de mon infection je me suis vraiment lâché.

Mauvaise idée, mauvaise personne.

Et je partage totalement avec toi Dakota cette sensation d'avoir fait une connerie juste après ....

Tu vois ton cas n'est pas isolé, donc tu n'es pas con du tout.

Le plus important maintenant c'est de te soigner et prendre soin de toi.

Courage à toi,  Tom

Portrait de Dakota33

Merci, pour vos message de soutien, ça remonte forcement le moral et ça fait du bien 

@bubulle

effectivement sans le vouloir, je me rend compte que je suis à une période charnière de ma vie, que se sera différent, alors j'espère comme pour toi, que ce sera dans le bon sens. Tu as raison dans la vie, il y a ceux qui fument trop, qui mangent trop, qui roulent trop vite... Nul  n'est parfait...

@Jean René

Tu as raison on ne peut pas toujours tout controler dans la vie. mais, si si je te promet, j'ai vraiment été très con :-)

@Tom Sawyer

Je vais prendre soins de moi, je suis quelqu'un qui tiens à la vie, donc c'est sur je n'ai pas l'intention de me laisser aller, même si pour l'instant c'est dur, je vais me soigner et faire confiance au médecin infectiologue qui me suit, car j'ai compris que c'était la meilleure chose à faire, 

Portrait de Tom Sawyer

Dakota,

Je vais partager mon expérience, qu'est la mienne et que la mienne, dans cette phase d'annonce de la séropositivité et de la mise sous traitement.

Mine de rien, période avait généré un stress sournois et latent, et des symptômes ont commencé à se manifester 6 mois après ma mise sous traitement. Et de là j'ai commencé à pscychoter de plus en plus sur le vih et sur le traitement.

J'avais des faiblesses aux jambes, des fourmillements et des engourdissements de la tête aux pieds.

Mon infectiologue m'avait conseillé de faire une cure de magnéisum, ce que j'ai fait durant deux mois, et progressivement les symptômes se sont estompés, je n'en ai plus depuis deux ans.

Alors je me permets de te donner quelques pistes pour t'aider à passer ce cap qui peut être une soucr de stress important :

prendre des vitamines, du magnésium, éventuellement un anxiolitique léger (c'est pas trop mon trip, mais cela m'a aidé ponctuellement) genre zenalia à faire en cure comme indiqué sur la notice.

Je n'en ai jamais pris en excès des vitamines, magnésium et anxiolotiques même légers, mais cela m'a aidé à aller mieux et mieux gérer cette étape dans une plus grande sérénité.

Tom

Portrait de Dakota33

Je vois très bien ce que tu veux dire au niveau du stress.

Depuis le jour de l'annonce, la première semaine j'arrivais pas à dormir parce que je vis seul, sitôt couché je commencais à cogiter, et du coup je m'énervais, avec des palpitations à la clé. Maintenant ça va mieux mais depuis cette semaine en plein jour, il y a des moments ou j'ai comme des palpitations cardiaques. Au début je me suis dit c'est quoi ce bordel. Et puis je comprend que c'est le stress qui doit générer ça. J'ai tendance à être anxieux mais ce genre de truc, les palpitations ça ne m'était jamais arrivé. J'essaye de controler le truc mais c'est pas évident.

Je pense que ça ira mieux dans deux semaines lorsque j'aurai eu mon rendez-vous pour le bilan complêt et ou j'en saurais plus pour le traitement car c'est le fait de rien savoir pour le moment qui me stress,  mais en attendant, je vais donc réfléchir au zenalia, c'est peut être une bonne solution.

Portrait de Tom Sawyer

Je comprends ta réaction dans l'attente de la prise en charge et des premiers résultats. C'était pareil pour moi.

Si le traitement qu'on te donnera est efficace et bien toléré, ben ca sera déjà un premier pas.

Ensuite se donner le temps, ca varie selon les gens, en ce qui me concerne il m'a fallu un peu plus d'un an pour accepter mon statut sérologique.

Faut prendre et te donner du temps ... mais ca viendra ...

Tom

Portrait de Exit

Ton histoire me fait un peu penser à la mienne, au début c'est difficile, il m'a fallut environ 2 mois pour ressortir la tête de l'eau, avec le temps tu verras que ça ira mieux, même si il reste toujours des points difficiles à faire face : Le traitement mais aussi l'annonce de son nouveau statut à son partenaire. Tout ceci peut être surmonté malgré tout.

Courage à toi !