Addictions et consommations de produits : vous prenez ça comment ?

24 Novembre 2015
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Addictions, consommations, produits. Trois mots clés ! Trois mots derrière lesquels chacune, chacun met des choses différentes, propose sa propre définition. Cela ne simplifie pas la vie, mais enrichit le débat. Dès l’origine, l’épidémie de sida a été associée à la consommation de drogues, tout spécialement l’injection. Cette pratique et les effets qu’elle a eus sur l’épidémie ont conduit aux stratégies de réduction des risques (RdR). La RdR reste d’actualité innovant au gré des évolutions des consommations et des pratiques comme l’a récemment confirmé la Conférence internationale de Kuala Lumpur, entièrement consacrée à ce thème. Reste que la question des addictions, des consommations de produits ne se résume pas à l’injection, ni à la prévention. Elle est d’une grande complexité, d’une foisonnante variété et recouvre bien des domaines de la vie. Les addictions ne concernent pas uniquement les substances pyscho-actives (comme on dit en santé publique), elles peuvent concerner le sexe, par exemple. Elles peuvent se cumuler (le sexe sous produits) encore appelé slam. Les consommations peuvent être, selon leur importance, leur fréquence, un problème… ou pas, parfois être un obstacle aux soins ou aux traitements ; du genre : "On vous traitera pour votre hépatite quand vous aurez arrêté de boire !" Elles peuvent aussi poser des soucis d’interactions avec des traitements. Au final, c’est une question de choix qu’on fait en fonction de contraintes, de conseils ou d’informations qu’on reçoit, de besoins qu’on entend satisfaire. C’est parfois un équilibre difficile à atteindre. Et vous, vous prenez ça comment ? Venez partager vos pratiques pendant le chat thématique mardi 24 novembre à partir de 21h, en compagnie d’Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Peu d'accros au thème du chat sur les addictions et les consommations de produits, une dizaine de personnes ont poussé la porte du salon du Lotus Bleu et parmi elles 3 ou 4 ont échangé. Si les produits psycho-actifs (de l'héroïne ... aux poppers, en passant par l'alcool) viennent en première ligne, avec certains produits pharmaceutiques, les jeux, l'ordinateur, le sexe sont également évoqués dans des situations d'addiction, mais tous à la base avec le même mécanisme psychique. A la source de ces addictions, souvent un événement du passé, de l'enfance, qui destructure l'identité, l'image et l'estime de soi, et peut créer un désir ambivalent, au-delà de la recherche de plaisir,  celui de destruction, d'auto-destruction : dans une addiction sexuelle, la même énergie conduit à aller vers l'autre, et dans le même temps se mettre en danger pour se "brûler". Elle s'installe aussi dans une volonté d'enfermement volontaire, avec la répétition d'une situation de consommation, qui vise à éviter, chasser le contact avec la réalité, la nouveauté, l'inconnu, l'hostilité du monde. Elle peut alors amener à une surexposition aux risques, au VIH notamment dans le cas d'addictions sexuelles, à une forte perturbation des capacités cognitives, en particulier la mémoire, avec des excès de consommation d'alcool, ou au double risque du VIH et de l'hépatite C lié à l'injection. Quelques fois, la consommation, quand elle est associée à un déni de la réalité, peut donner la tentation d'abandonner les traitements pris, et l'abus d'alcool dans une quête d'autodestruction en rendre le sens inutile et incongru. Quand la volonté d'en infléchir l'impact se pose, l'entourage, la famille entrent en jeu, et le ou la partenaire peut se révéler être un atout précieux, structurant, dans une intention de s'éloigner de l'emprise d'une addiction, au risque que celle-ci ne conduise comme souvent à la fin une relation. Les enfants peuvent être un puissant moteur qui peut influer momentanément ou durablement sur la consommation. Mais c'est souvent et d'abord par un retour sur soi qu'une possibilité de changement s'avère envisageable et s'engage : de sa propre volonté, par le biais de l'écriture, de l'"auto-analyse", ou avec l'aide d'un psy, seule solution possible pour l'un, ou totalement impensable pour l'autre.

Vous êtes encouragé-e-s à poster sans modération vos commentaires à la suite de celui-ci, faire part de vos suggestions de thèmes que vous souhaiteriez aborder pour les chats des mois à venir.

La semaine prochaine, avec un cocktail, et des Cocteau, nous nous perdrons dans les volutes d'Opium, et effeuillerons La difficulté d'être.