Boycott de l’atelier SIL : lettre ouverte des participantes

2 Mars 2017
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Le 22 février dernier, Seronet publiait un appel au boycott lancé par Qayn (Queer african youth network), Avaf (Association pour la valorisation de la femme), Elles Cameroun, Sourire de Femmes et Coalition of african lesbians concernant un atelier organisé par Humanity first Cameroon en partenariat avec l’association Solidarité internationale LGBTI à Yaoundé au Cameroun. Cet atelier qui a réuni une dizaine de participantes s’est achevé le 24 février dernier. Dans une lettre ouverte, plusieurs associations africaines et activistes (Humanity first Cameroon, Lady’s cooperation Cameroun, Atfa-branche bisexuelle Togo, Ladies voice Togo, Femmes espoir Mali, Mousso-Gomde Burkina Faso, Denise Kolia activiste de Côte d’Ivoire, Joséphine Mandeng activiste camerounaise) qui ont participé à cet atelier, critiquent cet appel au boycott. Cet atelier "avait pour objectif principal de développer des dispositifs afin d’améliorer la visibilité des LBT [des femmes lesbiennes, bisexuelles et trans, ndlr] francophones auprès des institutions politiques nationales, régionales et internationales", rappellent les signataires, qui ont pris la défense de Solidarité internationale LGBT (SIL) qui a financé l’organisation de cet atelier et l’ONG Humanity first Cameroon qui l’a accueilli. Les signataires expliquent que cet atelier visait au "renforcement des capacités des femmes LBT de l’espace francophone" de donner aux militantes "des outils indispensables pour accroitre [leur] visibilité", à "valoriser [leurs] actions de terrain et faire entendre [leurs] voix sur la scène internationale". Elles ont aussi  souhaité revenir sur les critiques, notamment celle que cet atelier aurait été paternaliste dans sa conception et trop marqué par l’influence d’une ONG du Nord, SIL. Voici ce qu’elles expliquent dans leur lettre ouverte : "Si nous, participantes, admettons toutes qu’il est impératif aujourd’hui pour les organisations LGBT africaines et plus largement de la société civile de développer un mode opératoire afin d’assoir une collaboration harmonieuse, franche et équitable avec les partenaires internationaux afin d’éviter tout soupçon de paternalisme, de néo-colonialisme et d’asservissement de nos associations de l’hémisphère sud. Nous dénonçons avec la dernière énergie la cabale orchestrée (…) nous, participantes, voyons dans cette campagne soit disant de boycott, un ultime but : celui de diviser davantage l’Afrique, d’offrir un spectacle désolant aux yeux du monde et d’assoir des intérêts égoïstes au détriment des intérêts de la collectivité (…) Sans vouloir nourrir la polémique, nous sommes convaincues du fait que les âmes bien pensantes, agissant dans le but d’un développement commun n’ont aucun intérêt à se livrer à des batailles fratricides aux yeux de tous, à procéder au dénigrement, voire à l’intimidation (…) Nous, participantes, malgré l’appel au boycott, réaffirmons toutes, notre souhait de travailler afin de faire éclore le mouvement LBT dans nos pays respectifs et de le solidifier. Nous émettons le souhait de voir l’Afrique francophone plus unie, plus solidaire et plus entreprenante pour le bien-être de l’ensemble de la communauté LBT francophone".