Chine : chantage à la séropositivité

8 Août 2016
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Des centaines de personnes vivant avec le VIH en Chine ont été contactées par des escrocs cherchant à leur extorquer de l'argent, selon des médias locaux, à la suite de fuites d'informations confidentielles les concernant. Cette affaire alarme vivement l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au moins 313 Chinois vivant avec le VIH ont été contactés par téléphone par des personnes se faisant passer pour des fonctionnaires du gouvernement, et qui leur réclamaient les détails de leurs comptes bancaires sous prétexte de leur verser des indemnités, a indiqué (19 juillet) le journal "Nanfang Zhoumo", citant des informations de l’organisation non gouvernementale Baihualin. Comme le précise l’AFP, ces informations bancaires étaient en réalité utilisées ensuite pour retirer de l'argent des comptes. Ceux qui flairaient l'escroquerie et refusaient de livrer ces renseignements au téléphone étaient alors immédiatement menacés de voir leur séropositivité divulguée sur Internet et via les réseaux sociaux. "Ils savaient tout ! Ils m'ont appelé par mon nom, ils connaissaient mon numéro de carte d'identité, mon entreprise, l'adresse de mon domicile, la date à laquelle on m'a diagnostiqué et dans quel hôpital je vais", raconte l'une des victimes, citée anonymement par le journal. La menace d'un "outing" sur Internet est un scénario cauchemardesque pour les personnes vivant avec le VIH dans le pays où elles sont toujours victimes d'un ostracisme quasi généralisé et de discriminations persistantes sur le marché du travail. "La confidentialité des informations personnelles et médicales des personnes séropositives ou recevant un traitement doit être absolument protégée", a affirmé l’OMS dans un communiqué. "La fuite des informations personnelles de ces personnes vivant avec le VIH est une violation du droit fondamental des patients à la confidentialité", a-t-elle ajouté. Selon l'OMS, cette fuite est d'autant plus inquiétante qu'elle pourrait dissuader des personnes de se faire tester ou de se faire soigner, par crainte que soit ébruité publiquement leur statut. Les autorités sanitaires chinoises ont déclaré avoir rapporté les incidents à la police, et remis à niveau leur système de cryptage informatique. "Les informations personnelles des malades porteurs du VIH sont protégées par la loi", a insisté dans un communiqué le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies, qui a promis "une répression impitoyable" contre les "criminels" impliqués.