Médicaments anti-cancers

22 Octobre 2017
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Le système du médicament est sous le feu des critiques, que ce soit sur les conditions de fixation des prix, que sur celles de leur évaluation en amont de leur mise sur le marché ou en aval, une fois leur exploitation lancée. Les résultats d’une étude publiée le 5 octobre dernier ("The British Medical Journal") apportent de nouveaux éléments au débat. Des spécialistes en santé publique (King's College de Londres et London School of Economics) sont arrivés à la conclusion que plus de la moitié des nouveaux médicaments destinés à lutter contre le cancer et introduits sur le marché de l'Union européenne entre 2009 et 2013 ne sont pas parvenus à prouver leur efficacité, indique l’AFP. Selon leurs résultats, ces traitements n'ont pas démontré qu'ils amélioraient la survie ou bien la qualité de vie des patient-e-s qui les prennent. Selon eux, cette situation a deux inconvénients majeurs : elle "peut nuire aux patient-e-s" et "entraîner un important gaspillage de ressources publiques". De surcroît, elle "pose de sérieuses questions sur les normes actuelles en matière de réglementation des médicaments". Au cours des cinq années étudiées, 48 nouveaux anticancéreux ont reçu l'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'Agence européenne du médicament, dans 68 indications différentes. Sur ces 68 nouveaux traitements, 39 (soit 57 %) ont reçu le feu vert du régulateur européen sans avoir démontré une amélioration de la durée de vie ou de la qualité de vie des patient-e-s par rapport aux traitements existants, les principaux paramètres pour évaluer l'intérêt d'un nouveau médicament, selon l'étude. Beaucoup ont été autorisés sur la base de résultats trop préliminaires pour conclure à un bénéfice sur le patient, analysent les chercheurs. Et même pour les études concluant à des gains de durée de vie, "ces derniers étaient souvent marginaux", ajoutent-ils. L’AFP a interrogé l'Agence européenne du médicament qui a expliqué avoir "largement discuté des preuves étayant les médicaments anticancéreux" et ne semble pas voir où est le problème. Elle indique néanmoins être ouverte à tout "nouveau débat" sur le sujet.