PrEP en France : accélération depuis cet été

16 Janvier 2017
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Aux Etats-Unis, la PrEP a mis deux ans avant de vraiment décoller en termes d'utilisation. La France, elle, vient de boucler sa première année de mise à disposition. Avec la particularité de rembourser le médicament donné : Truvada. Au 30 décembre 2016, 2 804 personnes étaient officiellement entrées dans un protocole de mise sous PrEP. Soit 300 personnes de plus en un mois, soit autant que l'ensemble des mises sous PrEP entre janvier et mars 2016. Cette montée en puissance s'est faite progressivement, durant les premiers mois, les mises sous PrEP ont été timides. Le chiffre de 1 000 n'a été atteint que fin juin 2016, alors qu'on supposait une demande assez forte. La prescription n'était qu'hospitalière, avec des lieux très bien couverts en consultations ouvertes, et d'autres pas du tout. Fin juin 2016, il n'y avait que 66 services de consultations pour la PrEP à l'hôpital. C'est en juillet, date de l'autorisation de prescription de la PrEP dans les centres de dépistage CeGIDD, que les choses se sont accélérées. Alors qu'on avait atteint les 1 000 en plus de six mois, ce chiffre a doublé dès septembre, soit trois fois plus vite que précédemment. Encore 500 personnes de plus fin novembre et le cap des 3000 frôlé pour la Saint Sylvestre 2016. L'autorisation de la PrEP dans les CEGIDD a triplé le nombre de lieux où la PrEP était disponible. Ces centres de dépistages sont plus accessibles et moins impressionnants que les services hospitaliers, davantage dans les centres-villes (ils ne sont pas toujours rattachés à un hôpital) et ont permis de réduire les délais d'attentes dans certains CHU, où les demandes de rendez-vous s'accumulaient. Cette conjonction a permis une diffusion, en plus du bouche à oreille possible, plus large et plus simple de l'outil PrEP. Les retours d'expériences des personnes utilisatrices se multiplient sur les réseaux sociaux, participant également à promouvoir un outil qui reste encore l’objet de critiques. 2017 sonne la fin de la RTU (recommandation temporaire d’utilisation), qui s'arrêtera fin février 2017, remplacée par la plus classique autorisation de mise sur le marché (AMM). 2017 sera donc l’année de la consolidation de la PrEP, déterminante pour en favoriser l'accès à tous celles et ceux qui en ont besoin. Aujourd'hui, l'immense majorité des utilisateurs sont des hommes gays. Des initiatives pour promouvoir la PrEP auprès d'autres publics vulnérables (femmes trans, personnes migrantes), pour qui la PrEP est déjà recommandée et accessible, naissent, mais restent insuffisamment accompagnées. Des données épidémiologiques, attendues pour la fin d'année 2017, seront déterminantes pour voir si la prophylaxie pré-exposition a déjà eu un impact sur l'épidémie et le nombre de contaminations.