Santé trans et VIH : première plénière à la Croi 2016

25 Février 2016
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Tonia Poteat, docteure et enseignante à la Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health (Baltimore, Etats-Unis), a présenté, mercredi 24 février, la toute première présentation plénière, depuis que la Croi existe, sur le sujet de la santé des personnes trans et du VIH. On sait très peu de choses sur la prévalence du VIH chez les hommes trans, avec un taux estimé entre 0 et 8 %, a-t-elle expliqué lors de cette présentation. Les femmes trans ont de leur côté un des taux d'infection au VIH parmi les plus élevés. Une méta-analyse (analyse de différentes études) a révélé que 22 % des femmes transgenres aux Etats-Unis sont séropositives, tandis qu'une méta-analyse globale a révélé que 19 % des femmes trans vivaient avec le VIH, soit 49 fois plus que la population générale. Comme la professeure Susan P. Buchbinder, vice présidente de la Croi, a noté dans son introduction : "Il n'y a probablement pas d'autre population qui soit à la fois parmi les plus lourdement impactées et aussi peu évoquées à travers le monde que les personnes transgenres". A ce jour, aucun essai clinique randomisé n'a étudié spécifiquement la PrEP pour les femmes trans, et on ne sait pas si l'usage d'hormones ou d'autres facteurs pourraient affecter sa sécurité et son efficacité. Mais dans une sous-étude de l'essai Iprex il est apparu que la PrEP à base de Truvada a protégé les femmes trans qui l'ont prise en étant observantes. Tonia Poteat a rapporté qu'une enquête sur les femmes trans séropositives du Transgender law center basé à Oakland (Californie) a constaté que les soins liés aux transitions et l'hormonothérapie étaient leurs principales priorités, considérés comme plus urgents que le traitement du VIH. Mais Les femmes trans qui ont eu le même médecin à la fois pour leur hormonothérapie et pour le traitement du VIH étaient plus susceptibles d'obtenir une charge virale indétectable. Pour aborder les obstacles à l'accès aux soins pour les femmes trans, il est important de "réduire la stigmatisation et éviter un traumatisme secondaire y compris le racisme, la transphobie, les inégalités économiques, et d'autres facteurs structurels" a conclu Tonia Poteat. "Les services de soins, d'accompagnement et de prévention du VIH dont nous disposons, principalement orientés vers les hommes gays, ne répondent pas aux besoins des femmes trans". Le résumé (en anglais) de cette présentation est disponible sur le site de la Croi 2016.