Sénat : un rapport sur la santé des travailleuses du sexe

Il était attendu. Il a été rendu public le 17 octobre dernier. Lui, c’est le rapport sénatorial sur la situation sanitaire et sociale des personnes prostituées. Dans ce rapport, les sénateurs Chantal Jouanno (UMP) et Jean-Pierre Godefroy (PS) soulignent la "grande vulnérabilité" des travailleuses du sexe et proposent une série de mesures pour leur "offrir des alternatives crédibles à la prostitution" et changer le regard de la société sur elles. Chantal Jouanno et Jean-Pierre Godefroy se sont penchés sur l'état de santé "préoccupant" des travailleuses du sexe et leur difficile recours aux droits et aux soins, du fait de "la stigmatisation" dont elles font l'objet. Il y aurait en France de 20 000 à 40 000 prostituées (en majorité étrangères), rappelle le rapport. Elles souffrent de "divers pathologies" de la précarité (problèmes respiratoires, dermatologiques, digestifs, etc.), de problèmes gynécologiques, de troubles psychologiques (somatisation, troubles du sommeil, anxiété, etc.), et sont plus exposées aux maladies sexuelles transmissibles. Si "théoriquement, ces femmes ont accès aux soins, dans les faits il est rarissime qu'elles bénéficient d'une couverture maladie", a souligné Chantal Jouanno, lors d'une conférence de presse de présentation du rapport. La "grande complexité du système français", combinée à "la barrière de la langue", à "des conditions de logements précaires", et à "un regard stigmatisant" des personnels de santé, en sont les principales causes, a-t-elle expliqué, citée par l’AFP. Le rapport fait 34 propositions, préconisant par exemple de sensibiliser les personnels des caisses primaires d'assurance maladie aux difficultés des travailleuses du sexe et de recourir à des services de médiatisation et d'interprétariat dans les hôpitaux. "Il faut une politique d'accompagnement global", en agissant notamment sur la fiscalité, l'hébergement, la formation professionnelle, ou l'accès au titre de séjour, afin d’offrir des "alternatives crédibles à la prostitution", a souligné Jean-Pierre Godefroy. Le rapport propose aussi d'améliorer le financement des associations qui leur viennent en aide et d'encourager les études sur la prostitution sur Internet et sur les clients.