Superbactéries : appel à la mobilisation générale

29 Septembre 2016
998 lectures
Notez l'article : 
0
 

L'ère des antibiotiques est-elle terminée ? Des dirigeants du monde entier ont appelé le 21 septembre dernier gouvernements, médecins, industriels et consommateurs à endiguer la menace mortelle des superbactéries résistantes aux antibiotiques. "La situation est mauvaise et elle est en train d'empirer", "certains scientifiques parlent de tsunami au ralenti", a prévenu la directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Chan, à l'ouverture de la première réunion jamais convoquée sur ce sujet à l'Assemblée générale de l'Onu. "Si nous continuons comme ça, une banale maladie comme la gonorrhée deviendra incurable, a-t-elle prévenu. Vous irez chez le médecin et le docteur sera obligé de vous dire : "Désolé, je ne peux rien faire pour vous !". Comme le détaille l’AFP, le problème vient de la sur-utilisation et l'utilisation à mauvais escient des antibiotiques chez les humains mais aussi dans l'élevage des animaux comme des poissons et dans les cultures. La propagation de résidus de ces médicaments par le biais des ressources en eau contribue à aggraver la situation. La transmission des infections résistantes aux superbactéries depuis les animaux d'élevage à la viande et aux humains qui la consomment a été largement documentée, a rappelé le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon. "La résistance antimicrobienne pose une menace fondamentale sur le long terme à la santé humaine, la production durable de nourriture et au développement", a-t-il résumé. "Nous sommes en train de perdre notre capacité à protéger tant les humains que les animaux d'infections mortelles". Les infections résistantes aux antibiotiques tuent déjà plus de 230 000 nouveaux-nés par an actuellement, selon les estimations de l'Onu. Les superbactéries pourraient tuer jusqu'à dix millions de personnes par an d'ici 2050, selon une récente étude britannique. Les dirigeants réunis à New York ont adopté une déclaration par laquelle ils s'engagent à renforcer l'encadrement des antibiotiques, mieux diffuser la connaissance sur ce phénomène, favoriser la recherche de nouvelles classes d'antibiotiques et à encourager les traitements alternatifs, appelant les gouvernements du monde entier à adopter rapidement des plans d'action nationale. Ils appellent aussi à mobiliser des fonds publics et privés — sans dire comment ni combien — alors que le problème est aussi économique. Ainsi, en 50 ans, "seules deux nouvelles classes d'antibiotiques sont apparues sur les marchés", car le retour sur investissement pour ce type de médicaments est insuffisant pour les laboratoires, a dénoncé la directrice de l’OMS. Il faut trouver "des incitations pour retrouver l'ère prolifique de la découverte des antibiotiques des années 1940 à 1960", a-t-elle souligné.