Une militante de l’ALCS arrêtée pour port de préservatifs

27 Février 2017
1 025 lectures
Notez l'article : 
0
 

L’information que relate le site d’infos marocain Yabiladi (21 février) illustre bien les difficultés qu’il peut y avoir à faire de la prévention du VIH au Maroc. Une militante de l’association de lutte contre le sida ALCS (membre de Coalition PLUS) à Marrakech "a été arrêtée le 18 février parce qu’elle était en train de distribuer des préservatifs à des prostituées dans le cadre d’un projet de prévention de proximité auprès des femmes". "Nous essayons au maximum de prévenir [les jeunes femmes travailleuses du sexe] des dangers qu’elles encourent en ayant des rapports non protégés, mais étant donné qu’elles ont peur de la police, elles ne veulent pas avoir des préservatifs sur elles", explique Mouna Badil, directrice de la section locale de l’ALCS, citée par Yabiladi. Les militantes de l’association qui vont sur le terrain à leur contact leur proposent cet outil de prévention. Des militantes qui se trouvaient dans un quartier connu pour être un lieu de racolage sont alors tombées sur un contrôle de police. "J’étais avec deux jeunes femmes [travailleuses du sexe] quand un policier habillé en civil s’est arrêté. Je lui ai directement montré l’ordre de mission cacheté par l’association et ma carte nationale", explique la militante arrêtée au site Yabiladi. "Il a commencé à m’insulter, n’a rien voulu entendre et a fouillé mon sac", a-t-elle expliqué. Le policier a ensuite interpellé les trois jeunes femmes dont la militante de l’ALCS pour "Incitation à la débauche". La distribution de cet outil de prévention étant assimilable à une incitation à la prostitution. Dans le code pénal marocain, l’incitation peut être sanctionnée par de la prison et une amende. Selon des juristes, c’est la rédaction même de la loi qui pose problème car elle est sujette à des interprétations très variées et souvent préjudiciables à un travail de prévention notamment auprès des personnes les plus exposées au VIH. Pour l’ALCS, cette nouvelle affaire — ce n’est pas la première fois qu’un-e militant-e est inquiété-e pour ce motif — passe d’autant moins qu’elle est en contradiction avec le soutien officiel du gouvernement au travail de prévention de l’association. "Nous avons une convention avec le ministère de la Justice. Ils nous envoient les préservatifs pour que nous puissions les distribuer gratuitement et mener notre action sur le terrain", explique ainsi Mouna Badil, au site Yabiladi.