VIH et usage de drogues : l’Onusida s’alarme

30 Mars 2017
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L’Onusida a récemment rappelé (16 mars) qu’elle souhaitait intensifier ses "efforts visant à stopper l’augmentation des nouvelles infections à VIH chez les personnes consommatrices de drogues injectables". C’est ce que l’instance a lancé comme message à la Commission des stupéfiants des Nations Unies réunie à Vienne, il y a quelques semaines. Dans une déclaration à la dite Commission, l’Onusida a mis en garde contre l’augmentation alarmante des infections par le VIH chez les personnes injectrices de drogues injectables, tout en notant que les pays n’investissent pas dans des stratégies efficaces pour lutter contre ce problème croissant, ou ne les appliquent pas. "L’infection à VIH chez les consommateurs de drogues injectables est un enjeu majeur à l’échelle mondiale, note l’Onusida. Entre 2011 et 2014, les nouvelles infections à VIH ont augmenté de 33 % chez les personnes consommatrices de drogues injectables. A l’échelle mondiale, environ 14 % des 12 millions de consommateurs de drogues injectables, soit 1,6 million de personnes, vivent aujourd’hui avec le VIH". L’Onusida estime que ces personnes consommatrices sont jusqu’à 24 fois plus susceptibles de vivre avec le VIH que la population générale. Et pourtant, malgré ces chiffres très largement connus, les personnes consommatrices sont "souvent exclues et marginalisées et restent hors de portée des services qui font de la santé et des droits de l’homme leur priorité". L’institution onusienne rappelle qu’il existe "des programmes simples et rentables qui fonctionnent [comme] le traitement de substitution à la méthadone, par exemple". Il est associé à une baisse de 54 % du risque d’infection à VIH chez les personnes consommatrices. Et pourtant de nombreux pays sont encore réticents à mettre en œuvre des approches qui ont fait leurs preuves. Environ 50 % seulement des pays comptant une population de consommateurs de drogues injectables appliquent des programmes efficaces de réduction des risques, pointe l’Onusida. Des études ont montré que si les pays mettaient à disposition le traitement de substitution, 130 000 nouvelles infections à VIH pourraient être évitées chaque année en Afrique subsaharienne : un énorme pas en avant vers la fin de l’épidémie de sida comme menace de santé publique d’ici à 2030. Un autre problème réside dans le manquement de financements. Entre 2010 et 2014, seulement 3,3 % des fonds alloués à la prévention du VIH sont allés aux consommateurs de drogues injectables. Pour pouvoir atteindre cette population clé avec des programmes efficaces de prévention de l’infection à VIH, l’Onusida estime que "les investissements annuels dans la prévention du VIH chez les consommateurs de drogues injectables dans les pays à revenu faible et intermédiaire devront être multipliés par plus de dix, pour s’élever à 1,5 milliard de dollars d’ici 2020". On est encore bien loin du compte. En 2016, les Etats membres des Nations Unies ont adopté une déclaration politique sur la fin du sida dans laquelle ils s’engageaient à veiller à ce que 90 % des populations clés, y compris les consommateurs de drogues injectables, aient accès aux services de prévention combinée du VIH. "Proposer un ensemble de services complet, notamment des programmes aiguilles et seringues et un traitement substitutif aux opiacés, dans un environnement juridique et politique permettant l’accès aux services, sera essentiel pour prévenir les nouvelles infections à VIH et faire baisser le nombre de décès dus à des maladies liées au sida, à la tuberculose, aux hépatites virales et aux infections sexuellement transmissibles", conclut l’Onusida.