Les dommages causés par la guerre contre la drogue ne peuvent plus être ignorés

Publié par Thomas Legrand le 18.06.2017
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La campagne mondiale de plaidoyer "Support Don’t Punish" vise à promouvoir de meilleures politiques en matière de drogues. Elle met l’accent sur la santé et les droits humains, pour "soutenir, plutôt que punir". Un état d’esprit fondé sur le concept de santé globale, qui considère la santé de l’usager à la fois sur le médical, mais aussi le social. Ce 26 juin 2017 et pour la cinquième fois, plusieurs dizaines de pays répondront donc à l’appel. Même dans des régions où les politiques répressives sont encore en vigueur.

Lors de la première édition de 2013, 41 villes avait participé à "Support Don’t Punish". Trois ans plus tard, c’est 160 villes qui ont relayé la campagne. Cette année, il se présage que cette mobilisation s’accentuera une fois de plus. Chaque année à travers le monde, "Support Don’t Punish" promeut de meilleures politiques en matière de drogues : réforme du système de contrôle international des drogues, décriminalisation des usagers de drogues, abolition de la peine de mort pour les délits liés à la drogue dans les pays concernés, recentrer la politique des drogues autour de la santé et de la réduction des risques. Les propositions sont nombreuses pour un constat implacable : "Les dommages causés par la guerre contre la drogue ne peuvent plus être ignorés" explique le site officiel de la campagne. Un enjeu de santé publique, mis en lumière chaque 26 juin, journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic de drogues. Une journée traditionnellement réservée à la célébration des gouvernements dans leurs implications et contributions dans la guerre mondiale livrée contre l’usage de drogues. Mais le 26 juin est aussi la journée internationale des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture. Un choix non sans ironie étant donné l’étendue de la torture et des abus infligés au nom de la guerre contre la drogue". Comme aux Philippines par exemple, où le président, Rodrigo Duterte a monté de véritables escadrons pour traquer et abattre trafiquants et consommateurs de drogues. Cette politique, qui rencontre une certaine popularité dans le pays, autorise ni plus ni moins les citoyens à assassiner une personne suspectée d’exercer des activités liées à la drogue, avec la bénédiction de l’Etat.

"Support Don’t Punish" concentre plusieurs types d’événements culturels, médiatiques ou sportifs : expositions, spectacles, rassemblements, manifestations et conférences ont lieu tout au long de la journée. Une manière de permettre aux regards portés sur les drogues et leurs usagers de changer, mais aussi et surtout de sensibiliser les populations aux enjeux liés à la réduction des risques et aux dangers et conséquences de la guerre menée contre la drogue. La campagne est organisée dans le cadre du "Cahr project" (Community action on harm reduction - Action commune pour la réduction des risques). Cette alliance internationale luttant contre le VIH/sida, vise la promotion de la réduction des risques, et décrit son engagement de la manière suivante : "Soutenir signifie protéger les droits humains des usagers de drogues ; fournir des services de santé et des services sociaux adaptés à ceux qui en ont besoin ; fournir un traitement médicamenteux efficace et humain aux personnes qui en ont besoin. Ne pas punir signifie : arrêter de diaboliser les usagers de drogues jugées illégales ; mettre fin à l’utilisation de la peine de mort pour les infractions relatives aux drogues". Les sanctions et traitements infligés aux usagers de drogues diffèrent selon les pays et les politiques mises en œuvre par les gouvernements. En France, l’usage illicite de stupéfiants est puni par exemple d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende. Mais dans d’autres zones du monde, ce délit est criminel, passible de torture voire de peine capitale. En Asie, cinq pays imposent les sévices corporels. Un véritable frein à la prévention et à l’accès aux soins des usagers. Dès qu’un usager craint pour sa vie, une barrière se crée entre lui et les services de santé, l’empêchant de se soigner ou de se faire suivre médicalement. Voici l’un des combats principaux sur lequel "Support, Don’t Punish" veut porter l’attention.

Aujourd’hui dans le monde, un usager injecteur de drogues sur cinq est séropositif au VIH. Et seuls 25 à 55 % des usagers ont déjà eu accès au moins une fois à des services de réduction des risques, comme le programme d’échange de seringues. La pénalisation et la criminalisation n’arrangent donc rien dans la lutte contre les drogues, au contraire : elles imposent aux usagers de vivre cachés, loin de tout service de santé, dans des conditions sanitaires souvent douteuses et dangereuses.

À Lille, par exemple, un collectif composé de Caarud (centres d’aide et d’accompagnement à la réduction des risques liés à l’usage de drogues, dont fait partie AIDES, a été monté, et organise l’événement dans les Hauts-de-France le 26 juin. Ce dernier, qui sera présent à la fois à Valenciennes, Tourcoing et Lille, proposera, en parallèle des maraudes et présentations de la campagne réalisées par les militants dans l’espace public, une exposition de photographies réalisée en collaboration avec des usagers de drogues. Une manière de mettre à profit différents parcours et différentes expériences. Un rendez-vous collectif aura lieu sur la place lilloise Richebé (métro République Beaux Arts) à 17h30, pour réaliser une photo de groupe, qui sera jointe à celles de toutes les villes mondiales et partenaires, sur le site internet de la campagne.
Retrouver toutes les actions prévues en France.

Commentaires

Portrait de OlivierSPb

Vous écrivez: "Arrêter de diaboliser des drogues jugées illégales".

Il y a des drogues "illégales" ou non. Dire "jugées illégales" induit qu'elles pourraient l'être à tort. Si c'est votre opinion, pourquoi ne pas le dire clairement?

Dans toute démocratie il y a des lois, et la définition d'un état de droit est d'appliquer toutes les lois également à tous.

Un ancien ministre dissimulant un compte en Suisse est un délinquant, un consommateur de substances illicites aussi.
Les deux doivent être sanctionnés avec mesure en tenant compte des circonstances.

L'adoucissement des sanctions provient de circonstances atténuantes.

Mais un délinquant reste un délinquant et n'est pas une victime.

Dans le cas de substances illicites, c'est lui qui a peut-être  fait des victimes: agressions, cambriolages,... Ce n'est pasnécessairement le cas général mais c'est loin de pouvoir être ignoré.

Maintenant si vous trouvez que les lois doivent être changées, écrivez à votre député ou présentez vous à la députation.

Si par ailleurs vous pensez que les lois ne sont pas la pour être appliquées ou ne doivent pas nécessairement être appliquées de la même façon à tous, émigrez dans une dictature ou une république bananière!

Vous écrivez aussi que la pénalisation et la criminalisation n'arrangent rien dans  la lutte contre les drogues. c'est une opinion intéressante, pensez-vous vraiment que la dépénalisation de l'usage favorise la lutte?

La lutte contre la drogue c'est la lutte contre l'offre et la lutte contre la demande.

L'offre augmente la demande mais la demande crée aussi l'offre. C'est tellement vrai que quand il n'y a pas d'offre les demandeurs vont concocter dans leurs cuisines des substances hautement toxiques comme par exemple le Krokodil très répandu en Russie.

Enfin on est sur Seronet, et l'on parle bien évidemment de drogues injectables (Personne n'est devenu Séro+ avec un joint), donc dépénaliser l'usage de drogues injectables me semble personnellement une position extrême que peu de gens peuvent soutenir.