8 mars, les femmes contre le sida : Erika Castellanos

Publié par Sophie Baillon et Camille Sarret le 08.03.2016
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A l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, Coalition PLUS (dont AIDES est membre fondateur) a souhaité mettre à l’honneur des militantes de la lutte contre le sida et les hépatites virales dans le monde. Ces femmes, originaires de pays différents, sont des activistes. Erika Castellanos, est la porte-parole du Global fund advocates network (GFAN - Alliance d’organisations, d’activistes, de communautés affectées du Nord et du Sud pour un financement total du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme) et directrice exécutive du Réseau collaboratif pour les personnes vivant avec le VIH, au Belize.

Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Je m'appelle Erika Castellanos. Femme trans diagnostiquée séropositive en 1995. Au moment de mon diagnostic, j'avais une espérance de vie limitée à deux ans. Le temps a montré que les médecins avaient tort, car non seulement j'ai atteint ces deux ans, mais je les ai dépassés. Aujourd'hui, cela fait 20 ans que je vis avec le VIH. Ma vie est un chemin rocailleux et parsemé d'embûches. Sur la route de la survie dans un pays où la femme est considérée comme une extension, et quelques fois même comme la propriété de l'homme, je me suis retrouvée dans le travail du sexe et dans les drogues. Chaque jour qui passait était un tourment et je n'avais aucune envie de lutter. Je suis arrivée à un point où je me suis trouvée face à la mort et pensais ne plus avoir d'espoir de vie. C'est à cette période que j'ai connu le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. J'ai été invitée à une formation pour les personnes vivant avec le VIH financée par cette institution et j'ai pu, entre autres, accéder à des analyses en laboratoire.

Quel est votre engagement dans la lutte contre le sida ?

Quand j'ai repris goût à la vie, je lui ai donné un nouveau sens et une nouvelle passion. Je me sentais vivante, valorisée, responsabilisée. Mon objectif, à ce moment-là, était de raconter mon histoire aux autres femmes, aux autres personnes atteintes du VIH. Aujourd'hui, je forme mes paires au sujet de nos droits, de nos responsabilités et sur la prévention. Je me concentre sur le plaidoyer pour améliorer l'accès à la santé et aux traitements au niveau mondial, en particulier chez les populations vulnérables.

Comment envisagez-vous l’avenir de la lutte contre le sida ?

Aujourd'hui, c'est le moment de promouvoir les droits humains, d'augmenter nos investissements dans la santé. L’enjeu est d’autant plus crucial cette année que les états devront, dans les mois à venir, annoncer leur contribution au Fonds mondial. C’est seulement en augmentant les financements que nous pourrons mettre fin à l'épidémie et fermer un chapitre dans l'histoire mondiale de la santé. Nous sommes arrivés à un moment clé dans la réponse à l'épidémie du VIH. Nous avons obtenu de nombreuses avancées, aussi bien en termes méthodologiques qu'en progrès scientifiques. Nous avons réussi à faire baisser le nombre de nouvelles infections et le nombre de décès liés au VIH.

L’épidémie en chiffres au Belize
2 700 personnes vivent avec le VIH
1 200 femmes âgées de 15 ans et plus vivent avec le VIH

Dans le monde
En 2014, 36,4 millions de personnes étaient atteintes du VIH et 2 millions nouvellement infectées
Le sida reste la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans
7 000 filles de 10 à 24 ans sont infectées chaque semaine par le VIH.

Sources : Onusida et Fonds mondial