"Pour moi, c'est d'abord un partage"

Publié par Thierry le 18.08.2008
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Séropositif, Thierry, 43 ans, l’est depuis 1992. Une expérience qu’il partage avec d’autres, des gays surtout, au sein de AIDES où il milite depuis 1993.

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Bien sûr, je m’interroge lorsque j’apprends que quelqu’un s’est récemment contaminé. Je me demande ce qui a pu se passer, mais je peux comprendre qu’on puisse être touché aujourd’hui encore. Je n’en veux pas aux gens. Je ne me permets pas de porter un jugement. Je crois que les séropositifs récents vivent une autre séropositivité que la mienne. D’une certaine façon, avec les nouveaux traitements, des prises moins importantes de cachets (ce n’est plus vingt par jour), c’est plus facile pour eux que pour nous qui sommes contaminés depuis longtemps. Ceux qui viennent me parler le font lorsqu’ils ont l’impression d’avoir pris des risques. Ils cherchent à savoir ce qu’il faut faire. D’autres qui sont séropositifs depuis peu de temps cherchent surtout à comprendre comment j’ai vécu ma séropositivité, comment tout cela a évolué en quinze ans.

Il peut arriver que quelqu’un qui vient d’avoir un nouveau traitement vienne m’en parler pour un avis. Moi, je ne me considère pas comme un expert, mais comme une personne qui est passée par là et qui peut raconter. Pour moi, c’est d’abord un partage. Mais, je n’explique pas tout d’un parcours qui reste lourd et difficile. Mon expérience doit être utile, elle ne doit pas décourager en disant que tout ne va pas être tout rose. Mais, c’est important de parler de son expérience. J’entends parfois des "Ah, déjà quinze ans ! C’est possible.", suivis de questions du genre : "Est-ce que tu as pris un traitement tout de suite ?"
Bien sûr, je sens beaucoup de peur quand je raconte, avec prudence, que je ne travaille plus depuis treize ans, que je vis des minima sociaux, que j’ai des difficultés à trouver des partenaires stables. Cela inquiète tout comme l’aspect physique. On me demande si j’ai toujours été aussi maigre. Parfois, je réponds que je suis mince de nature. Les gens veulent qu’on leur dise la vérité, mais une vérité qui ne ferait pas peur. Parfois, cela donne des échanges durs. Et je peux m’entendre dire : "C’est bien de tenir quinze ans mais il faut voir dans quel état !" Ce n’est pas quelque chose qui me dérange et j’ai entendu pire dans la vie courante.

(Crédit photo : All ears, Banlon1964)

Commentaires

Portrait de LUCKIEST PEOPLE

de lire de telles affirmations "c’est plus facile pour eux que pour nous qui sommes contaminés depuis longtemps". Qu'en sais tu ? La douleur, l'espérance, le vécu de la séropositivité, ne se mesurent pas dans un nombre de comprimés et encore moins dans le regard des autres (même Ecoutants à Aides) . Elle se vit intrinsèquement, avec ses propres filtres, personnels à chacun d'entre nous Je partage ton avis lorsque tu dis que les "contaminés récents vivent une autre séropositivité que la mienne", les traitements d'aujourd'hui laissant présager un avenir sans doute moins sombre qu'il y a 15 ans. Mais... Est ce pour autant pouvoir affirmer que "c'est plus facile"...? Comme tu l'écris. Un séropositif récent, moi, te réponds Non. Solidairement
Portrait de mady91

salut je suis seropo depuis 1990 je n'arive pas a en parler autour de moi c'est dur de le suporter au fond de moi sans le partager avec d'autre j'ai decider de venir sur se site pour me vevoiler virtuelement contacter moi merçi a bientot
Portrait de dona

je suis séropo depuis 1996. j'en ai beaucoup parler au début j'en ai fait mon boulot.faire de la prévention dans des établissement scolaire.des conférences tout public.tout mes proches et mes collègues les plus proches sont au courant.je n'ai jamais eu aucun problème.nous faisons ce qui se passent autour de nous.A BIENTOT.