1er décembre 2015 : des paroles et des actes !

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Initiative1er décembre 2015

A l’occasion de la 27e Journée mondiale de lutte contre le sida, des personnalités politiques en campagne électorale ou pas, des structures militantes ou gouvernementales ont tenu à faire passer des messages ou lancer des initiatives en matière de lutte contre le sida. Seronet a fait sa sélection. La voici.

"Christiane Taubira agit en faveur des droits des séropositifs"

Un communiqué, le 1er décembre, du ministère de la Justice nous explique que : "La défense des droits des personnes séropositives constitue un axe fort de l’action de la garde des Sceaux". Une preuve ? "La loi organique relative au statut de la magistrature exige aujourd’hui, pour intégrer l’Ecole nationale de la magistrature, que les candidats soient reconnus "indemne ou définitivement guéri de toute affection donnant droit à un congé de longue durée". Afin de mettre un terme à cette mention pouvant être discriminante, la ministre de la Justice a décidé de supprimer cette rédaction dans le cadre du projet de loi organique J21 [Justice du 21ème siècle, ndlr] modifiant le statut de la magistrature. Déjà adopté par le Sénat le 5 novembre dernier, le texte sera examiné en février 2016 à l’Assemblée nationale", explique le communiqué qui aurait pu avoir l’honnêteté de rappeler que cette avancée fait suite à une demande de AIDES, première association à avoir interpellé Christiane Taubira sur cette question.

"Cette démarche s’inscrit dans la politique en faveur des droits des personnes séropositives que mène la garde des Sceaux depuis son arrivée à la Chancellerie", avance le ministère. "La loi du 15 août 2014 permet, en effet, la suspension de peine ou la libération conditionnelle pour motif médical d’une personne condamnée ainsi que la demande de mise en liberté des personnes en détention provisoire pour le même motif. Un guide méthodologique sur la procédure de suspension de peine pour raison médicale à destination de l’ensemble des professionnels est actuellement en cours de rédaction par l’Administration pénitentiaire et la direction des Affaires Criminelles et des Grâces. Il sera publié au début de l’année 2016", explique le communiqué officiel.

Autre rappel : "En lien étroit avec le ministère des Affaires sociales et de la Santé, des kits de prévention sont distribués dans les quartiers arrivants des établissements pénitentiaires. Ces actions viennent compléter le travail effectué avec l’association Sidaction (…) qui permet notamment d’assurer l’accès aux droits et aux soins des personnes détenues malades et la sensibilisation des équipes professionnelles, associatives et judiciaires".

Campagne en France pour mieux dépister le VIH

A la veille de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le ministère de la Santé a lancé une grande campagne en faveur du dépistage. Le ministère de la Santé a rappelé que 150 000 personnes vivent avec le VIH en France, dont 30 000 sans le savoir. Réalisée par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes), cette nouvelle campagne a pour slogan : "Se faire dépister, c'est prendre soin de son avenir". Elle est à destination du grand public. "Le préservatif est le meilleur moyen de prévention contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles (IST)", souligne un communiqué du ministère de la Santé. "Alors que le risque de contamination reste bien réel dans notre pays — 6 600 nouveaux cas l'année dernière — , le dépistage permet de se protéger et de protéger les autres contre le VIH", explique l’Inpes. "Pour toucher les personnes les plus éloignées du dépistage, les autotests seront mis gratuitement à la disposition des usagers via les associations et dans les structures de prévention engagées dans la lutte contre le sida", a indiqué le ministère. Les centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) verront leurs missions élargies, en matière de prévention, de dépistage et de prise en charge des maladies sexuellement transmissibles.

Femmes face au VIH : FièrEs communique !

L’association FièrEs a voulu, le 1er décembre 2015, "dénoncer les inégalités de traitement flagrantes qui vulnérabilisent particulièrement les femmes face au VIH". "Des mesures préventives doivent être prises, à tous les niveaux (recherche pharmaceutique, campagnes médiatiques, prise en charge médicale) et adaptées aux spécificités des populations concernées. Les femmes, les hommes trans’ et autres personnes Afab (Assigned female at birth = personnes assignées "femmes" à la naissance) sont une population particulièrement exposée au VIH car, comme l’anus, la muqueuse vaginale est une zone largement exposée aux infections. Les traitements pharmaceutiques ainsi que leurs dosages ont été élaborés pour des corps d’Amab (Assigned male at birth = personnes assignées "hommes" à la naissance), et sont donc inadaptés et peuvent être difficiles à supporter pour les Afab", précise le communiqué de FièrEs.

"La sexualité entre femmes étant invisibilisée, la prévention qui devrait l’accompagner est depuis toujours négligée, laissant des idées reçues régir les sexualités de nombreuses personnes concernées (….) Par ailleurs, les campagnes et autres mesures de lutte contre les violences faites aux personnes séropositives ne prennent pas en compte les spécificités des discriminations dirigées contre les femmes. Rappelons-le, les femmes sont généralement plus précarisées. Nous pensons notamment aux femmes exilées, qui sont particulièrement vulnérables (difficulté d’accès aux soins, d’accès à l’information, de maîtrise de leur sexualité, etc.). L'étude de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS) "Parcours de vie, VIH et hépatite B chez les migrants sub-Sahariens vivant en Ile-de-France" montre, pour la première fois, que 30 % des femmes migrantes sont contaminées par le VIH après leur arrivée en France. Pour Annabel Desgrées du Loû, chercheuse qui a coordonné l'étude, ce chiffre s'explique par les situations de précarité (sans papiers ou sans logement) vécues par les femmes exilées".

Pour FièrEs, il est donc "impératif de mettre en place des mesures préventives à destination des femmes cisgenres ou trans, des hommes trans et autres personnes Afab, de tous âges, de toutes conditions sociales et de tous horizons, en prenant en compte les spécificités des identités et des pratiques de chaque population. Nou exigeons, pour ces publics concernés et délaissés des campagnes préventives : une recherche et développement des traitements pharmaceutiques qui prenne en compte la spécificité de ces corps ; des campagnes médiatiques adaptées aux discriminations spécifiques qu’elle et eux subissent ; un accueil et une réelle prise en charge médicale ainsi qu’un accès aux soins facilité pour toutes les personnes concernées, notamment celles en situation de précarité".

Le PS en Ile-de-France pense au VIH… et aux régionales

A moins de six jours du premier tour des régionales, le PS n’a pas voulu rater le coche du 1er décembre. Cela donne une tribune, publiée sur le "Huffington Post", intitulée : "Journée Mondiale de lutte contre le sida : face à l'urgence en Ile-de-France, l'engagement au quotidien !" Elle est signée de Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale et candidat à la présidence de la région Ile-de-France et de Jean-Luc Romero-Michel, maire adjoint PS du 12e arrondissement, conseiller régional sortant et président des Elus locaux contre le sida. Une tribune du même genre avait été publiée par Anne Hidalgo et Jean-Luc Romero-Michel lors de la campagne pour les municipales. La tribune publiée le 1er décembre 2015 rappelle que "l'Ile-de-France est la région métropolitaine la plus touchée par le VIH/sida et ce, depuis le début de l'épidémie du VIH/sida. Ce sont ainsi 43 % des découvertes de séropositivité au VIH en France qui le sont sur le territoire francilien et près de la moitié des personnes séropositives vivent en Ile-de-France. Sur 150 000 personnes vivant avec le VIH ans notre pays, ce sont près de 80000 qui vivent dans notre région capitale dont 40 000 à Paris". Voilà pour le constat !

"Face à cette situation, la majorité de gauche unie a toujours su apporter une réponse forte et à la hauteur des défis qui sont les nôtres, à nous Franciliennes et Franciliens, dans ce combat pour la vie, l'égalité et la dignité (…) En choisissant de s’engager [dans cette lutte] de manière forte, viable et durable et en y consacrant plusieurs millions d'euros par an. De l'avis de toutes et tous, y compris de nos adversaires politiques, cet engagement ne peut qu'être salué". Voilà pour le bilan !

Et pour le projet ? "Nous souhaitons continuer dans cette même voie (…) En fait, nous allons continuer mais pas seulement : nous allons aller plus loin. Car, aujourd'hui, nous sommes toutes et tous face à un tournant que n'avons pas peur de qualifier de possiblement historique. L'ensemble des acteurs de la lutte contre le sida que ce soit au niveau mondial ou national l'affirment et surtout l'ont prouvé : la fin du sida est envisageable (…) Nous visons le "zéro contamination" en Ile-de-France. Objectif éminemment ambitieux, mais en rien utopiste. Plusieurs axes nous paraissent primordiaux à développer (…) Le premier axe, c'est celui de la prévention, pas une prévention monolithique centrée sur le tout préservatif, mais une prévention dite combinée qui profite de toutes les avancées scientifiques. En cela, au regard du rôle central du dépistage, que ce soit sur le plan individuel comme collectif, nous soutiendrons toute opération en ce sens, notamment le dépistage communautaire qui a donné de très bons résultats depuis quelques années.
(….) Le second axe, c'est celui de l'information : on parle moins du VIH, c'est une évidence et ce, alors que jamais autant de personnes n'ont vécu avec le virus, que ce soit en France ou dans le monde (…) Le troisième axe, c'est celui de la vie : la vie avec le VIH. Aujourd'hui, dire sa séropositivité est sans nul doute plus difficile qu'il y a 20 ans, la culpabilisation est bien plus forte (…) Nous devons lutter contre cette réalité de fait : lutter contre la sérophobie, qu'elle soit individuelle, collective ou étatique doit être une priorité absolue ; de cela dépend toute la réussite des efforts de promotion du dépistage et de la prévention en général. Lutter contre le malade au lieu de lutter contre la maladie est un non sens absolu ! (…) Le quatrième axe, c'est le politique. Le sida se soigne et se combat aussi par la politique.... plus que jamais! Nous avons une chance d'envisager la fin du sida dans 20 ans et cela ne passera que par un investissement politique que nous porterons avec force, au quotidien, avec vous. Alors aux idéologues, nous opposerons la science. Aux sceptiques, nous opposerons l'énergie de celles et ceux qui savent leur cause juste. Aux moralisateurs, nous opposerons les résultats et l'efficacité en lieu et place de discours spécieux.  Baisser les bras reviendrait à faire gagner la maladie. Choisissons la vie, l'égalité, la dignité".

Valérie Pécresse, députée les Républicains, candidate à la présidence de la région Ile-de-France

Pour le 1er décembre, Valérie Pécresse a publié un court communiqué de presse titré : "Lutte contre le sida : la mobilisation doit continuer". "A l’occasion de cette journée mondiale de lutte contre le sida, je souhaite réaffirmer mon engagement pour cette cause que je soutiens depuis de nombreuses années, notamment en tant que membre de l’association des Élus Locaux contre le Sida. Dès mon arrivée au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, j’ai fait de la lutte contre le sida une priorité en matière de santé publique des étudiants. J’ai donc lancé une opération de sensibilisation dans les universités, en lien avec l’association de Christophe Dechavanne "Sortez couverts". Je reste toutefois persuadée que la lutte contre cette maladie doit avant tout passer par le renforcement des moyens en matière de recherche. J’ai soutenu, dès l’origine en 2011, la création de l’Institut de recherche vaccinale sur le sida au sein de l’Hôpital Henri Mondor. Cet Institut est un fleuron français qui fédère de nombreuses équipes scientifiques internationalement reconnues, dont celle du Pr Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de Médecine, pour avoir participé à l’identification du virus du sida en 1983. Je porte beaucoup d’espoir dans leur travail. Si je suis élue à la présidence de la Région, je continuerai bien entendu à soutenir cette cause d’intérêt régional. La Région financera des campagnes de prévention auprès des jeunes, elle accompagnera les associations qui œuvrent au quotidien auprès des malades et de leurs familles, et elle pérennisera les moyens  consacrés à la recherche".