2012 : à vous de voir, à vous de jouer !

Publié par jfl-seronet le 21.04.2012
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santé en campagne 2012présidentielles 2012
Dimanche 22 avril, c’est le premier tour de la présidentielle. A quelques heures de l’ouverture des bureaux de vote, Seronet a souhaité faire un récapitulatif des positions des candidats et candidates qui ont bien voulu aborder des questions liées au VIH/sida et aux hépatites lors de cette campagne. Rappel des positions, des idées et des annonces.
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La santé, les engagements en matière de lutte contre le sida et les hépatites ne seront sans doutes pas les uniques critères pour vous déterminer entre les différents candidats et candidates… D’autres paramètres entreront en ligne de compte dans ce qui déterminera votre choix. Il n’en reste pas moins que la santé, l’accès aux soins, les décisions à prendre en matière de prévention peuvent avoir, à vos yeux, un poids important dans ce qui fera votre vote. Raison pour laquelle, Seronet a choisi de revenir sur ce que les uns et les autres proposent. Ce récapitulatif a été réalisé à partir des réponses aux interviews publiées sur Seronet, à celles publiées par Sida Info Service, aux programmes présidentiels. Certains candidats n’y figurent pas, soit parce qu’ils n’ont pas donné suite aux demandes d’interviews, qu'ils n'ont pas répondu personellement, qu’ils n’ont rien à dire sur ces sujets, soit parce que Seronet ne souhaite pas leur donner la parole… c’est le cas du FN.

En Vert et contre tous !
La candidate d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) Eva Joly résume ses engagements en matière de lutte contre le sida en dix points. Elle ouvre d’ailleurs son tract sur le VIH par une phrase de l’interview accordée à Seronet en septembre 011 : "Pour nous, écologistes, une maladie n’est jamais une affaire individuelle". La candidate écologiste propose de "créer une couverture maladie véritablement universelle et de revenir sur le déremboursement des soins et les franchises médicales, afin que toutes les personnes vivant en France puissent se soigner correctement. Feu vert pour une "revalorisation de l’Allocation adultes handicapés en attendant la mise en place d’un revenu d’existence pour toutes et tous au niveau du SMIC". Eva Joly s’engage aussi à "rétablir le droit au séjour pour soins pour les étrangers gravement malades" et à "lutter contre toutes les discriminations, notamment celles liées à l’état de santé, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre". Engagement aussi pour l’ouverture du mariage aux couples de même sexe. Sur le terrain de la santé, Eva Joly s’engage à "développer un fonctionnement en réseau du système médical, développant une approche globale de la santé de l’individu", à "promouvoir la prévention de la transmission du VIH et des IST et le dépistage". Proposition aussi en matière de prévention puisque la candidate souhaite l'ouverture de "salles de consommation supervisée de drogue et de poursuivre une politique de réduction des risques de transmission du VIH entre usagers de drogue". Autre engagement, l’instauration d’une taxe Robin des bois sur les transactions financières afin "d’assurer le financement de l’accès universel aux soins partout dans le monde". Enfin Europe Ecologie Les Verts réaffirme son refus de "toute forme de dépistage obligatoire et la pénalisation de la transmission du VIH".

François Bayrou, la loi du milieu
Interrogé par Sida Info Service (29 mars 2012), le candidat du Modem affirme qu’il "croit à l’importance des campagnes d’information en matière de prévention du VIH" et que "le plus grand nombre soit sensibilisé dès l’adolescence". "C’est nécessaire non seulement pour limiter la transmission du VIH, mais aussi pour éviter les phénomènes de crainte à l’égard des personnes séropositives." Lorsqu’il est interrogé sur les moyens alloués à la lutte contre le sida, François Bayrou avance que "les moyens qui sont consacrés à l’information et à la prévention dans la lutte contre le sida auront des effets bénéfiques sur l’équilibre des finances publiques à long terme en permettant de faire des économies sur les dépenses de soins", mais il indique aussi : "Nous devons d’ailleurs aussi prendre des décisions qui ne comportent aucun coût mais qui ont tout leur sens dans la lutte contre le sida et la discrimination à l’égard des personnes séropositives". C’est un peu plus compliqué pour la candidat centriste lorsqu’il s’agit d’être précis sur certains enjeux. Interrogé par Seronet sur la légalisation des drogues, François Bayrou explique : "Nous ne pourrons prendre de décisions irréversibles qu’après avoir acquis des certitudes partagées". "La politique de prévention dans le domaine de la santé est déterminante. Je suis donc favorable aux méthodes qui ont fait leur preuve dans la diminution de la transmission du VIH/Sida chez les héroïnomanes, y compris bien évidemment l'échange de seringues" explique François Bayrou sur Seronet. Pas de grandes avancées non plus sur les droits des étrangers malades : "Nous ne pouvons pas tout déséquilibrer à tout instant. Rétablir le droit au séjour pour soins, cela ferait appel d’air. Et nous ne pouvons pas nous le permettre". Quant à la question du travail du sexe, le leader centriste avance que : "Les exemples nous viennent du monde entier pour nous dire que ni la prohibition ni la pénalisation n’ont jamais fourni une solution satisfaisante. Mon intime conviction, c’est qu’il nous faut viser en priorité non pas les victimes mais les profiteurs, les proxénètes qui sont des trafiquants d’êtres humains".

Jean-Luc Mélenchon, la révolution humaine ?
"Lutter efficacement contre le VIH/sida nécessite un fort investissement notamment financier de la puissance publique. Une politique d’austérité ne peut faire face aux défis que pose cette épidémie à la société", explique Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche sur Sida Info Service (29 mars 2012). "Nous refusons de nous placer dans une optique de réduction des dépenses, qui conduit à opposer les pathologies les unes aux autres, comme dans le système actuel. Le VIH/sida doit être une priorité, et ce qui a été développé dans la lutte contre le VIH/sida doit être maintenu : il bénéficie aux autres pathologies, de la même façon qu’elle doit profiter des avancées obtenues par d’autres", indique-t-il.  Interrogé par Seronet sur la question des drogues, Jean-Luc Mélenchon propose plutôt une méthode que des réponses par oui ou non. "Il convient donc de débattre de la meilleure approche possible pour réduire les dommages sanitaires et sociaux de ces consommations, débat qui ne peut faire l’impasse sur un changement législatif pouvant remettre en cause la pénalisation actuelle. Le débat doit aussi porter plus largement sur la consommation excessive et dangereuse de psychotropes qui est impulsée par l'industrie pharmaceutique en toute légalité. Nous proposons de développer des politiques d'encadrement et de prévention de la consommation de toutes les drogues notamment contre l'usage des drogues au volant et sur les lieux de travail. Grâce au débat public et argumenté, nous devons réinterroger l’ensemble de nos politiques sur ce sujet, oser expérimenter et développer la prévention et le suivi sanitaire", explique-t-il sur Seronet. C’est OK pour le candidat pour les programmes d’échanges de seringues en prison et la création de salles d’injection supervisée. Concernant les droits des étrangers malades : "Je m'engage à abroger les dispositifs restreignant l'accès aux soins. Il s’agira de revenir notamment sur le droit de timbre pour l’accès à l’AME".

Nicolas Sarkozy, à droite toute !
"Trente ans après la découverte de la maladie, la lutte contre le sida reste plus que jamais une priorité", indique le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy à Sida Info Service (30 mars 2012). Satisfecit présidentiel et pas d’annonces particulières. "Chaque année, la France consacre plusieurs centaines de millions d’euros pour la lutte contre le VIH/sida, pour la prévention via l’INPES ou les ARS (Agence régionale de santé), pour la recherche, via l’ANRS, ou encore à l’international. Je rappelle que la France a augmenté de 20% sa dotation au Fonds Mondial de Lutte contre le sida pour atteindre 360 M€. Le VIH/sida reste une priorité de santé publique pour la France. L’infection à VIH est classée comme affection de longue durée (ALD) avec une prise en charge à 100%. Il ne faut rien changer à tout cela", résume-t-il sur Sida Info Service. Vu la campagne menée par le président sortant, il n’y a pas de surprises sur les questions de société. Concernant les droits des étrangers malades, Nicolas Sarkozy estime que : "Lorsqu’un individu sur le territoire national a besoin de soins, il peut se faire soigner, il en va de l’honneur de la République. C’est une question de modèle de civilisation. Concernant votre question, nous n’avons pas restreint l’AME, nous avons demandé une contribution de 30 euros par an pour les bénéficiaires. Est-ce scandaleux qu’une personne en situation irrégulière sur le territoire ait à payer 30 euros par an pour avoir accès à l’ensemble du plateau technique de nos hôpitaux ? A l’ensemble des professionnels de santé ? En étant prise en charge à 100%, sans avoir à payer de franchises ou le parcours de soins ? Je rappelle que la santé est financée par la solidarité nationale, c'est-à-dire par chacun d’entre nous. Il est légitime que chacun contribue. Concernant le droit au séjour pour soins, une évaluation est faite pour savoir si le patient peut être soigné dans son pays d’origine. Il y a une expertise médicale. Si ce n’est pas le cas, le patient pourra être pris en charge en France. Sur ces questions graves, il faut faire preuve de responsabilité, nous le devons à nos concitoyens qui financent le système de santé et aux générations futures qui ne peuvent supporter le poids de nos déficits".
Interrogé sur les programmes d’échanges de seringues en prisons, les créations de salles de consommation supervisée, l’accompagnement à l’injection, l’auto-prélèvement chez les personnes usagères de drogues, Nicolas Sarkozy botte en touche et se contente de rappeler : "En matière de stupéfiants, nous avons trois principes : la prévention, le soin et l’application de la loi. Je rappelle que l’usage de produits stupéfiants est illicite. Le procureur de la République peut engager des poursuites, les peines et sanctions prononcées s’appuient sur le Code pénal. Ces poursuites conduisent souvent à l’injonction thérapeutique ou l’obligation de soins". Il indique aussi être "hostile à la dépénalisation de la drogue, en particulier du cannabis". Sur le travail du sexe, Nicolas Sarkozy estime "que notre système de santé permet aux prostitués d’avoir accès aux soins et à la prévention. Nous avons également développé l’hébergement d’urgence notamment pour les femmes. Il faut lutter contre le proxénétisme et permettre à celles et ceux qui sont exploités notamment les mineurs de sortir de ce système criminel".

François Hollande, les faits d’annonce
Quelle est la politique du candidat socialiste en matière de lutte contre le sida ? François Hollande la résume ainsi dans une interview à Sida Info Service (30 mars 2012) : "L’enjeu est donc bien d’agir sur les trois leviers que sont la prévention, le dépistage - avec le développement de l’accès au test de diagnostic rapide - et l’accès aux traitements. La lutte contre le VIH/sida doit s’inscrire dans une politique de santé globale, qui accorde davantage de place à la prévention, encourage les dépistages et notamment des personnes les plus éloignées du système, vise à réduire les restes à charge et permettre un accès égal aux soins et au traitement". Sur les drogues, la position du candidat socialiste, présentée sur Seronet, est d’agir en priorité pour "redonner toute leurs places aux politiques de prévention et de limitation des risques liés à la consommation de drogue, qui ont notamment pour buts d’éviter les contaminations par le VIH et les hépatites ainsi que les overdoses, et d’accompagner vers le sevrage. L’approche exclusivement répressive de la majorité actuelle a conduit à des reculs dans ce domaine". "Je suis favorable à ce qu’on expérimente des actions nouvelles", indique François Hollande à propos des programmes d’échanges de seringues en prisons et des salles d’injection supervisée.

"Si je suis élu, je souhaite revenir sur ces décisions. La suppression du droit de timbre de 30 euros pour l’accès à l’AME fait partie des 60 engagements de mon projet. Les politiques d’exclusion et de stigmatisation visant à réduire les dispositifs comme l’AME ne pourraient nous conduire qu’à une catastrophe sanitaire", explique le candidat socialiste concernant les droits des étrangers malades. Sur le travail du sexe, François Hollande estime "qu’un client ait le droit de disposer librement du corps d’une autre personne parce qu’il a payé, dans les textes internationaux, est une atteinte aux droits humains. C’est dans cette logique qu’il convient de débattre de la pénalisation de ceux qui portent atteinte à ces droits humains. En réalité, ce qui nuit le plus à l’accès aux soins des personnes prostituées, aujourd’hui, c’est le délit de racolage passif instauré par Nicolas Sarkozy".

Philippe Poutou, le statut de la liberté
"Je suis pour l’abrogation de la loi de 1970 et pour la légalisation du cannabis (…) Ne plus faire du consommateur un délinquant est le préalable à toute politique de santé qui vise à réellement aider les gens", explique Philippe Poutou, candidat du NPA, sur Seronet. Dans cette même interview, il soutient les programmes d’échanges de seringues en prison et la création de salles d’injection supervisée. Concernant les droits des étrangers malades, il défend que : "L’accès aux soins doit être un droit inaliénable et sans discrimination. Je refuse la Sécurité sociale à plusieurs étages. Il ne doit pas exister de régime spécial pour les pauvres et les sans-papiers". Sur le travail du sexe, Philippe Poutou avance que : "Le NPA est pour créer les conditions à l'abolition de la prostitution".

Nathalie Arthaud, réalité sociale !
L’équipe de la candidate de LO n’a jamais donné suite à nos demandes d’interview pour Seronet. Nathalie Arthaud a, en revanche, répondu aux questions de Sida Info Service (21 mars). Pas de propositions précises sur le VIH/sida, mais plutôt l’exposition d’un constat. "Le VIH/sida est bien sûr vécu par un individu, mais beaucoup des conséquences de la maladie, de sa prise en charge, des traitements, etc., renvoient à des réalités sociales. Combien d’hommes ou de femmes, porteurs du VIH, ont perdu leur emploi ou ont été mis au placard ? Combien ne peuvent pas se soigner parce que sans ressources, ce qui est aggravé lorsque l’on est un sans-papiers ? Etre acteur de sa santé, c’est en avoir les moyens et la société devrait garantir la protection dans tous les aspects de la vie (emploi, logement, etc.) des hommes ou de femmes malades ou porteurs du virus. Mais dans cette société, on n’est pas égaux devant la maladie, d’abord pour des raisons sociales", explique la candidate. Elle préconise un fort investissement de l’Etat dans la lutte contre le sida et qu’on ne fasse pas appel à la générosité des Français, le Sidaction est cité, pour financer cette lutte. Pour elle, c’est une mission de l’Etat.