AFRAVIH 2014 : Quelle riposte au VIH souhaitons-nous pour l’après 2015 ?

Publié par Nico-Seronet le 28.04.2014
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ConférencesAfraVIH 2014

Un des premiers temps de travail de la conférence AFRAVIH 2014, qui se tient à Montpellier du 27 au 30 avril, a été consacré à une réflexion prospective sur la lutte contre le sida après 2015. 2015 étant l’échéance des objectifs du millénaire pour le développement et le lancement de nouveaux objectifs. Les propos des orateurs sont unanimes sur la stratégie à mettre en œuvre pour que la lutte contre le sida reste inscrite comme priorité des Nations Unies : la transversalité.

Mireille Guigaz, vice présidente du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a insisté sur le fait que l’on ne peut plus inscrire la lutte contre le VIH comme un objectif en soi. Il faut, selon elle, marier cette lutte avec le développement des systèmes de santé et d’autres problématiques de développement, et ainsi quitter une "vision autonome".

Michel Sidibé, directeur exécutif de l’ONUSIDA, évoque, lui aussi, un passage historique dans la lutte contre le sida. Son histoire a montré que rien ne sera gagné si la lutte ne repose que sur un volet médical ; ce sera plutôt en luttant aussi contre les vulnérabilités, les discriminations, les inégalités et pour l’égalité des droits humains. L’enjeu est, selon lui, d’imposer la fin de l’épidémie comme objectif et l’accès des groupes les plus vulnérables aux offres de santé. La lutte contre le sida constitue un mouvement social unique, pour parler de la santé des femmes, des mères, des usagers de drogue, des homosexuels, de la santé en prison, des violences faites aux jeunes filles, etc. C’est, selon Michel Sidibé, un mouvement qui permet une transformation sociale.

La nécessité d’une lutte transversale

Ce message a été entendu et repris par le docteur Jacques Mokako, député de République Démocratique du Congo, qui a expliqué que c’est le rôle des députés de faire reconnaitre, par exemple, que les homosexuels sont plus vulnérables dans l’épidémie de VIH. Il faut, selon lui, faire du plaidoyer contre des lois qui condamnent les homosexuels, des lois qui empêchent les hommes de se faire dépister et de prendre soin d’eux.

S’assurer du maintien des financements

Dominique Kérouendan, professeure à Science Po, renforce cette idée d’une nécessité de lutte transversale et pointe que le "développement durable" s’intéresse aux problématiques communes : comme la santé des femmes, les violences envers les femmes, la croissance démographique, les inégalités, ou encore la propagation des maladies transmissibles et chroniques. Alors que les futurs objectifs du millénaire sont encore au stade de brouillon, elle précise que la lutte contre le VIH y est bien toujours inscrite, mais il faut être vigilant à ce que cela ne soit pas une inscription alibi. Selon elle, Il faudra aussi s’assurer du maintien des financements voire de leur accroissement comme en mobilisant les fonds des Etats africains. Ça c’est pour le discours institutionnel.

PTME : parent pauvre de la prévention

Du côté des acteurs communautaires, l’accent est mis pour que l’après 2015 soit synonyme d’accès pour tous à des stratégies qui ont fait leur preuve comme la prévention de la transmission de la mère à l’enfant, parent pauvre de la prévention, comme l’a expliqué Christine Kafando, militante du Burkina Faso. Elle a aussi martelé la nécessité d’un changement profond dans les sociétés pour que les hommes s’impliquent pour leur santé et celle des femmes. Ces derniers sont moins dépistés et moins représentés dans les files actives de personnes séropositives suivies.